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EAACI 2006 - Vienne - 10 au 14 juin, le congrès du Dr Geneviève Demonet.
vendredi 16 juin 2006, par
Voici le compte-rendu des sessions traitant des dermatites de contact.
Épidémiologie de l’allergie de contact
J. Hourihane (Royaume Uni)
Les sensibilisations rapportées en Europe varient entre 15 et 20%. Une sensibilisation n’a pas forcément de pertinence clinique. La prévalence de l’allergie de contact est d’environ 7%.
L’étude IVDK (Réseau d’Information en Dermatologie) de 2001-2004 a étudié la relation entre exposition allergénique et eczéma. Il n’y a pas eu de modification de prévalence entre la prévalence de l’allergie de contact dans la population générale ni chez les sujets atteints de dermatite atopique. Par contre, l’âge des patients a augmenté probablement en raison du vieillissement de la population.
Le nickel est un allergène plus fréquemment en cause chez les femmes alors qu’il n’y a pas de différence entre les sexes pour les autres allergènes.
La prévalence de l’allergie augmente pour les cosmétiques.
Les études épidémiologiques permettent d’étudier la persistance d’une sensibilisation mais également d’identifier les problèmes émergeants (c’est le cas du lyral et du farnesol) et de surveiller les tendances (doublement de la fréquence des sensibilisations au bronopol en 2 ans, toluyènediamine des teintures de cheveux...).
Ces études permettent également de mettre en évidence le succès des campagnes interventionnistes : la fréquence globale de la sensibilisation au nickel baisse chez les jeunes depuis les mesures européennes visant à limiter les concentrations en nickel.
Tous ces travaux ont été menés chez l‘adulte. L’allergie de contact est différente chez l’enfant. Les eczémas des jambes sont ainsi très rares.
Certaines sensibilisations n’ont, par ailleurs, pas de pertinence chez l’enfant. Il faudrait définir une batterie standard de l’enfant. Des études épidémiologiques seraient également bienvenues.
L’atopie : facteur de risque de l’allergie de contact
T. Diepgen (Allemagne)
Le rôle de l’atopie dans l’allergie de contact n’est pas connu.
L’atopie peut être respiratoire (rhinite, asthme) ou cutanée (dermatite atopique, atopic skin diathesis caractérisée par une peau sèche, un prurit lors de l’exposition aux irritants, un dermographisme blanc et une couleur sombre des paupières inférieures).
Il existe une interaction entre des gênes de susceptibilité, l’environnement et un défaut dans la fonction barrière de la peau.
Dans la dermatite atopique, des facteurs exogènes peuvent aggraver la maladie.
L’urticaire de contact (au latex par exemple) est plus fréquente chez les atopiques.
Qu’en est-il de l’eczéma de contact des mains ? L’existence d’un eczéma atopique favorise-t-il la survenue d’une allergie de contact ?
Chez les coiffeurs, le risque est doublé en cas d’atopie cutanée, il n’est pas modifié en cas d’atopie respiratoire. Il faut noter qu’il est également nettement augmenté en cas de travaux en milieu humide.
Une étude a été menée chez les métallurgistes : les nouveaux apprentis ont été suivis pendant 3 ans. Le risque de développer un eczéma des mains était augmenté en cas d’eczéma atopique, de dermographisme mais aussi d’asthme.
L’existence d’un antécédent d’eczéma des mains ou d’eczéma atopique augmente le risque d’eczéma des mains par 2, le travail en milieu humide par 2,35, la dyshidrose par 1,66, le sexe féminin par 1,23.
Il semble que les patients atopiques développent un eczéma des mains à un âge plus jeune et plus rapidement que les sujets non atopiques.
L’atteinte des mains dans l’enfance serait un facteur de risque particulier d’eczéma des mains par la suite.
1/5 des sensibilisations pourraient être prévenues par un programme de prévention initial particulièrement dans les professions exposées (cuisiniers, boulangers-pâtissiers, fleuriste, professionnels de santé).
Comment éviter les épidémies d’allergie de contact aux conservateurs ?
D. Basketter (Royaume Uni)
Dès qu’un nouveau conservateur est mis sur le marché, on assiste à une explosion de son utilisation et à l’apparition de nombreux cas d’allergie de contact. Ces « épidémies » d’allergie pourraient cependant être évitées.
Il est en effet possible de savoir si un nouveau produit est sensibilisant.
Pour cela, le produit chimique est appliqué pendant 3 jours sur une souris. Au 6ème jour, on fait une injection de 3H Thymidine et on prélève les ganglions lymphatiques 5 heures plus tard.
Un index de stimulation permet d’affirmer, s’il est ≥ 3, qu’il s’agit d’un produit sensibilisant.
Il est également possible de préciser la concentration sensibilisante.
On peut différencier des allergènes puissants (tels que le Kathon CG, le glutaraldéhyde) d’allergènes faibles (comme les parabènes).
La forme finale du produit intervient bien évidemment : un shampooing sera à l’origine d’une exposition plus faible qu’une crème ou un déodorant en stick.
Il est important de définir le niveau acceptable d’un produit avant sa commercialisation sans attendre l’apparition des cas d’allergie. Il faudrait obtenir une évaluation fiable du potentiel allergénique du produit, une étude toxicologique et une estimation des taux acceptables en fonction des produits finis.
Les conservateurs étant indispensables, un certain degré de sensibilisation est cependant acceptable, contrairement aux parfums par exemple.
Les taux maximums autorisés par les normes européennes ne sont pas toujours adéquats.
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