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Comment prédire l’allergie à l’arachide sans TPO ?
vendredi 4 mai 2007, par
Dans le cadre du diagnostic de l’allergie alimentaire chez l’enfant, l’étalon-or est le test de provocation orale. Toutefois, ce test ne peut pas être appliqué de façon courante. De fait, cette étude, comme nombre d’autres antérieures, cherche à prédire le résultat du TPO à l’arachide par les tests cutanés chez des enfants sensibilisés ou allergiques dont les IgE spécifiques sont inférieures à 10 kUA/l en FEIA.
Les prick-tests cutanés sont prédictifs des résultats du test de provocation à la cacahuète chez des enfants antérieurement allergiques ou sensibilisés et ayant un taux faible d’IgE spécifiques sériques à l’arachide. : Richard C. Nolan, Peter Richmond, Susan L. Prescott, Dominic F. Mallon, Grace Gong, Annkathrin M. Franzmann, Rama Naidoo, Richard K. S. Loh (2007)
Department of Immunology, Princess Margaret Hospital for Children, Perth, WA, Australia, Department of Paediatrics, University of Western Australia, WA, Australia, Institute for Child Health Research, Subiaco, WA, Australia
dans Pediatric Allergy and Immunology
Volume 18 Issue 3 Page 224 - May 2007
– Contexte :
- L’allergie à l’arachide est transitoire chez certains enfants mais rien n’est clair quant à savoir si la quantification des IgE spécifiques de l’arachide par les prick-tests cutanés (PTC) contribue à apporter une information complémentaire aux résultats du dosage des IgE sériques spécifiques par méthode immuno-enzymatique par fluorescence (FEIA) afin d’établir une distinction entre les enfants allergiques et les enfants tolérants.
– Objet :
- Rechercher si les PTC pratiqués avec un extrait commercial ou avec l’aliment natif apportent une information prédictive supplémentaire du résultat du test de provocation chez des enfants ayant un faible taux d’IgE spécifiques sériques en FEIA (<10 kUA/l) qui étaient antérieurement sensibilisés ou allergiques à l’arachide.
– Méthode :
- Les enfants ont été recrutés dans le service d’allergologie de l’hôpital, ils étaient déjà sensibilisés ou allergiques à l’arachide.
- Il leurs a été proposé de subir un test de provocation à l’arachide sauf s’ils avaient un taux d’IgE sériques spécifiques de l’arachide supérieur à 10 kUA/l, une réaction sévère antérieure ou une réaction récente à l’arachide (dans les deux ans).
- Les PTC ont été pratiqués juste avant le test de provocation avec un extrait commercial et avec des extraits en solution saline d’arachide crue ou grillée.
- Il s’agissait d’un test de provocation orale (TPO) ouvert pratiqué à l’hôpital en augmentant progressivement la quantité d’arachide jusqu’à une dose cumulée de 26,7 grammes.
- Le TPO était considéré comme positif lorsque survenait une réaction de type IgE médiée durant la période d’observation.
– Résultats :
- Cinquante-quatre enfants (âge médian de 6,3 ans) ont été admis pour le test de provocation.
- Dix-neuf TPO étaient positifs, 27 négatifs, 5 indéterminés et 3 n’ont pas été effectués après les PTC.
- Les extraits commercial et natif produisaient une information diagnostique similaire.
- Une papule d’un diamètre supérieur ou égal à 7mm de l’extrait commercial prédisait un résultat allergique avec une spécificité de 97%, une valeur prédictive positive de 93% et une sensibilité de 83%.
- Il y avait une tendance à l’augmentation de la papule comparativement à celle obtenue lors du diagnostic initial chez les enfants qui restaient allergiques à l’arachide alors qu’il y avait une diminution chez ceux qui avaient un test de provocation négatif.
– Conclusion :
- Les résultats du test de provocation à l’arachide chez des enfants antérieurement sensibilisés ou allergiques à l’arachide ayant un taux bas d’IgE spécifiques sériques peuvent être prédits par les PTC.
- Dans cette cohorte, parmi les enfants ayant une papule supérieure ou égale à 7mm, il aurait été possible d’éviter 15 des 18 tests de provocation et d’éliminer un test de provocation chez 1 des 27 enfants tolérants.
Il s’agit d’une étude effectuée par l’équipe de pédiatres du département d’immunologie du « Princess Margaret Hospital for Children » de Perth (Australie).
Cette étude aborde un sujet brûlant, celui de trouver des critères probants qui permettront d’éviter de pratiquer des tests de provocation orale en un mot de prédire le résultat de ce test de provocation. Ici, le sujet non moins brûlant est l’allergie à l’arachide de l’enfant.
Le test de provocation orale permet de savoir si un enfant antérieurement allergique ou sensibilisé à l’arachide reste réellement allergique ou pas.
Si bien sûr, le TPO reste l’étalon-or du diagnostic de l’allergie alimentaire, au fond personne n’est vraiment très enclin à le pratiquer de façon large. On cherche donc des moyens de prédire la positivité ou non du test de provocation par la valeur des PTC et/ou des IgE spécifiques sériques.
Il me semble que la plupart des études antérieures ont pris comme standard des PTC pratiqués avec les aliments natifs. Ici, l’originalité est de comparer les tests cutanés pratiqués en extrait commercial, et en extraits natifs « homemade » cacahuète crue ou grillée. Il resterait à préciser la concentration de l’extrait commercial.
Les enfants sélectionnés sont sensibilisés ou allergiques à l’arachide et ont un taux d’IgE sériques spécifiques de l’arachide inférieur à 10 kUA/l.
Sans revenir sur les résultats précisés dans ce résumé, on constate que 15 des 18 TPO auraient pu être évités par des PTC dont le diamètre était supérieur au égal à 7mm.
Ce travail a donc une grande valeur pour la pratique courante car, il faut le rappeler, si le TPO est la base du diagnostic de l’allergie alimentaire, cela reste un test lourd, cher et pas dénué de danger pour l’enfant.
De toute façon, sur le terrain la majorité des allergologues utilisent la sensibilité, la spécificité et la VPP des PTC et des IgE spécifiques sériques. Ce travail affine encore un peu plus cette démarche.
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