Formaldéhyde et allergies : le mauvais mélange ?

lundi 14 janvier 2008 par Dr Alain Thillay4211 visites

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Formaldéhyde et allergies : le mauvais mélange ?

Formaldéhyde et allergies : le mauvais mélange ?

lundi 14 janvier 2008, par Dr Alain Thillay

Le formaldéhyde est un polluant intérieur bien connu. Il semble impliquer dans l’augmentation du risque de manifestations respiratoires et allergiques. Toutefois, peu d’études traitent vraiment du risque d’allergie en fonction du taux de formaldéhyde, c’est tout l’objet de cette étude japonaise.

Niveaux du formaldéhyde ambiant et maladies allergiques chez des femmes enceintes japonaises : données de référence provenant de l’étude de santé infantile et maternelle d’Osaka. : Matsunaga I, Miyake Y, Yoshida T, Miyamoto S, Ohya Y, Sasaki S, Tanaka K, Oda H, Ishiko O, Hirota Y ; The Osaka Maternal and Child Health Study Group.

Osaka Prefectural Institute of Public Health, Osaka, Japan.

dans Ann Epidemiol. 2008 Jan ;18(1):78-84.

 OBJET :

  • Les effets de l’exposition au formaldéhyde (FA) sur les troubles allergiques ne sont pas bien compris.
  • Cette étude en section croisée a eu pour but d’étudier la relation entre l’exposition au FA et la prévalence des troubles allergiques au Japon.

 METHODES :

  • Les sujets étaient 998 femmes enceintes.
  • Les participantes ont été considérées comme ayant de l’asthme, de l’eczéma ou de la rhinite allergique (y compris la pollinose au cèdre) si elles avaient reçu un traitement médical pour l’un quelconque de ces troubles allergiques au cours des 12 mois précédents.
  • Des tubes de prélèvement passif d’air ont été portés durant 24 heures et analysés pour évaluer le niveau d’exposition au FA.

 RÉSULTATS :

  • Une fois les différents niveaux de FA catégorisés en quatre groupes, il a été noté une tendance à une relation positive entre les niveaux de FA et la prévalence de l’eczéma, mais les OR ajustés pour les plus hauts niveaux comparativement aux faibles niveaux de FA ne sont pas parvenus à une signification statistique.
  • Si les niveaux de FA étaient catégorisés en deux groupes pour évaluer les effets de l’exposition à des niveaux élevés de FA sur les troubles allergiques, des niveaux de 47 ppm ou plus étaient indépendamment associés à une augmentation de la prévalence de l’eczéma (OR ajusté = 2,25 ; 95% d’intervalle de confiance, 1,01-5,01).
  • L’association positive a été plus marquée chez les femmes ayant une absence d’histoire allergique familiale que chez celles qui en avaient une.
  • Il n’a pas été établi d’association claire entre les niveaux de FA et la prévalence de l’asthme ou de la rhinite allergique.

 CONCLUSIONS :

  • L’exposition au FA pourrait être associée à une augmentation de la prévalence de l’eczéma chez des femmes japonaises enceintes.

Cette étude pourrait surprendre quant au choix de femmes enceintes.
En fait, visiblement les auteurs ont repris les données de l’étude de santé maternelle et infantile d’Osaka au Japon.

Ainsi, dans le cadre de ce travail, les sujets devaient mesurer la pollution intérieure due au formaldéhyde.

Les choses se gâtent ensuite, les sujets ont été considérés comme allergiques uniquement en reprenant les données des prescriptions antérieures pouvant évoquer le traitement d’une quelconque manifestation de l’allergie. Pas besoin d’aller beaucoup plus loin pour s’apercevoir d’un biais de recrutement vraiment énorme. Il eut fallu véritablement documenter chaque patiente par un examen clinique, des explorations fonctionnelles respiratoires, des tests cutanés et des tests sériques.

Les auteurs attirent l’attention, en préalable, sur le peu de visibilité que nous avons pour ce qui concerne le retentissement sur les manifestations allergiques de l’exposition au formaldéhyde. Ils ont raison là-dessus. Une revue* récente de 21 études traitant de ce sujet chez le nourrisson et l’enfant suggère une relation entre exposition aux polluants intérieurs, dont le formaldéhyde, et les maladies respiratoires et allergiques. Les auteurs de conclure qu’il faut considérer cette pollution intérieure comme un nouveau facteur de risque respiratoire et que cela nécessite d’autres études plus précises pour l’évaluer.

Pour l’étude qui nous intéresse, autant dire de suite, qu’il n’y a rien de bien probant dans les résultats et que de toutes façons, étant donné le gros biais de recrutement, on ne peut rien en tirer. D’où, effectivement, la nécessité d’études sérieuses de grande envergure pour tenter de mettre en évidence le rôle de ces facteurs de risque respiratoire.

Faut-il effectuer ces études composant volatile par composant volatile, ou bien, considérer, à l’instar de la fumée de tabac qui est un mélange de composés, l’ensemble des composants de la pollution intérieure ? Cela semble une question importante.

On le sait l’émergence d’une grande prévalence des maladies allergiques dans les pays développés est due à un ensemble de modifications environnementales, gageons que les polluants intérieurs y prennent leur part, le tout sera d’en préciser l’importance.

* Mendell MJ. Indoor residential chemical emissions as risk factors for respiratory and allergic effects in children : a review. Indoor Air. 2007 Aug ; 17(4) : 259-77.

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