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Prévention des allergies et de l’asthme : menu type ou menu à la carte chez le petit nourrisson ?
vendredi 11 janvier 2013, par
Chronologie de l’alimentation infantile en relation à l’asthme de l’enfance et aux maladies allergiques. : Bright I. Nwaru, Hanna-Mari Takkinen, Onni Niemelä, Minna Kaila, Maijaliisa Erkkola, Suvi Ahonen, Anna-Maija Haapala, Michael G. Kenward, Juha Pekkanen, Riitta Lahesmaa, Juha Kere, Olli Simell, Riitta Veijola, Jorma Ilonen, Heikki Hyöty, Mikael Knip, Suvi M. Virtanen
dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - January 2013 (Vol. 131, Issue 1, Pages 78-86, DOI : 10.1016/j.jaci.2012.10.028)
– Contexte :
- De nouvelles données posent question quant aux recommandations actuelles sur la chronologie de l’alimentation infantile pour la prévention des allergies de l’enfance
- Pour l’asthme, le niveau de preuve n’est pas concluant.
– Objectif :
- Etudier les associations entre la durée de l’allaitement maternel et la chronologie de l’introduction des aliments complémentaires, et le développement de l’asthme et des allergies à l’âge de 5 ans.
– Méthodes :
- Les données ont été analysées chez 3781 enfants nés consécutivement
- Les expositions alimentaires ont été catégorisées par tiers, et analysées comme variables dépendantes du temps
- Les résultats concernant l’asthme, la rhinite allergique et l’eczéma atopique ont été analysés en utilisant le questionnaire de l’étude ISAAC, alors que les IgE étaient mesurées sur des échantillons sériques à l’âge de 5 ans
- Les analyses ont été faites en utilisant la méthode Cox de hasard proportionnel et des échelles de régression logistiques.
– Résultats :
- La durée médiane d’allaitement maternel exclusif et total était respectivement de 1.4 mois (rang interquartile 0.2-3.5 mois) et 7 mois (rang interquartile 4-11 mois)
- Un allaitement maternel total de 9.5 mois ou moins était associé à un risque augmenté d’asthme non atopique
- L’introduction du blé, du seigle, de l’avoine ou de l’orge à l’âge de 5 à 5 mois et demi était associée de façon inverse à l’asthme et à la rhinite allergique, alors que l’introduction des autres céréales à moins de 4.5 mois augmentait le risque d’eczéma atopique
- L’introduction de l’œuf à 11 mois ou moins était inversement associée à l’asthme, à la rhinite allergique et à la sensibilisation atopique, alors que l’introduction du poisson à 9 mois ou moins était inversement associée à la rhinite allergique et à la sensibilisation atopique.
– Conclusions :
- L’introduction précoce du blé, du seigle, de l’avoine et de l’orge, ainsi que du poisson et de l’œuf (respectivement à la chronologie d’introduction de chaque aliment), semble diminuer le risque d’asthme, de rhinite allergique et de sensibilisation atopique dans l’enfance
- Une durée plus longue d’allaitement maternel total, plus que son exclusivité, était protectrice contre le développement de l’asthme non atopique, mais pas de l’asthme atopique, suggérant un effet potentiellement différent de l’allaitement maternel sur les différents phénotypes d’asthme.
Les résultats de cette grande étude finlandaise, réalisée chez 3871 nourrissons nés consécutivement, montre que l’introduction précoce des céréales, du poisson et de l’œuf, respectivement, pourrait conférer une protection contre le développement de l’asthme, de la rhinite allergique et de la sensibilisation atopique à l’âge de 5 ans.
Les panels d’experts recommandent habituellement un allaitement exclusif pour les premiers 4 à 6 mois, et qu’une l’alimentation complémentaire devrait être introduite parallèlement à l’allaitement ; l’académie américaine de pédiatrie proposait même que l’œuf, l’arachide et le poisson ne soient pas introduits avant l’âge de 1, 2 ou 3 ans respectivement. Ceci était basé sur l’hypothèse d’une immaturité du système immunitaire muqueux du nourrisson et de la stimulation IgE dépendante liée à l’introduction des aliments solides précocement dans la vie.
Cette étude remet donc les choses au point, et montre de plus qu’une durée longue d’allaitement maternel total est associée à une protection contre l’asthme, notamment l’asthme non atopique, dans l’enfance ; ceci indique un effet différentiel possible de l’allaitement sur les différents phénotypes de l’asthme, en particulier le phénotype atopique. De récentes études ont mis en doute le rôle de l’allaitement comme stratégie de prévention de l’asthme et des allergies ; les résultats de l’ étude présentée ici indiquent que l’allaitement total, plutôt qu’exclusif, pourrait être un déterminant plus important pour l’asthme, en particulier non atopique.
Cette étude prolonge donc le doute quant à l’efficacité préventive de l’allaitement exclusif sur le développement de l’allergie et de l’asthme, et suggère plutôt que l’introduction précoce des aliments complémentaires, notamment ceux supposés être allergisants (céréales, poisson et œuf), tout en continuant l’allaitement, peut présenter une protection contre l’apparition de l’asthme, de la rhinite allergique et de la sensibilisation atopique.
En conclusion, ces données soulignent la possibilité qui semble émerger que l’introduction complémentaire précoce des aliments, parallèlement à l’allaitement, pourrait être une stratégie préventive plus importante vis à vis du développement de l’asthme et des allergies dans l’enfance. Cette étude étant semble-t-il la première à montrer clairement cette association entre la chronologie de l’alimentation et le risque d’asthme, des preuves supplémentaires semblent nécessaires pour corroborer cette conclusion.
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