Mange ce médicament et je te dirai si tu le supportes !

dimanche 8 décembre 2002 par Dr Stéphane Guez2967 visites

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Mange ce médicament et je te dirai si tu le supportes !

Mange ce médicament et je te dirai si tu le supportes !

dimanche 8 décembre 2002, par Dr Stéphane Guez

L’allergie médicamenteuse est difficile à prendre en charge. Le problème est de repérer la ou les molécules en cause, mais aussi d’indiquer les médicaments pouvant être pris sans risque. Les tests cutanés étant d’un apport limité, comment faire pour arriver à un diagnostic sûr ?

Test de tolérance par prise d’une dose unique d’un médicament de recours chez des patients ayant présenté un effet indésirable médicamenteux. : Passalacqua G, Milanese M, Mincarini M, Ciprandi G, Guerra L, Scordamaglia A, Canonica GW. Allergy and Respiratory Diseases, DIMI, Department of Internal Medicine, Genoa University, Genoa, Italy. dans Int Arch Allergy Immunol 2002 Nov ;129(3):242-7

Les réactions indésirables aux médicaments sont fréquentes en pratique clinique. Beaucoup de patients sont adressés en consultation à l’allergologue pour déterminer les médicaments qui peuvent être pris sans risque dans le futur par ces patients.

 Objectifs de l’étude  : Évaluer un test de tolérance en dose unique pour rechercher pour chaque patient le ou les médicaments alternatifs pouvant être pris sans risque.

 Méthodes :
* 452 patients externes (130 hommes et 322 femmes) ayant une histoire allergique bien documentée (urticaire/angio-œdème, symptômes respiratoires, œdème laryngé, anaphylaxie) ont eu ce test.
* Tous les tests ont été précédés d’une prise d’un placebo en simple aveugle : si un patient avait une réaction un second placebo été administré. Autrement, une dose unique (1/10 de la dose usuelle thérapeutique) d’un médicament de recours était donné à l’aveugle et le patient était surveillé pendant 6 h.
* Le médicament utilisé était différent dans sa structure de ceux qui étaient suspectés dans la réaction initiale.
* Les patients étaient ensuite suivis pendant 4 à 6 mois pour dépister une éventuelle réaction qui aurait pu survenir lors de la prise du médicament testé.

 Résultats :
* 98 patients(89 femmes) ont présenté des réactions après le premier placebo, et 34 ont présenté une nouvelle réaction lors de la prise du deuxième placebo.
* Durant le test de tolérance, le taux d’effets indésirables était de 4,6 à 9% ; ces réactions ont été facilement prises en charge et aucune n’a été sévère.
* Les auteurs ont suivi 407 patients : 87,5% d’entre eux ont pu prendre une ou plusieurs des molécules proposées sans aucune réaction, 9,3% n’ont pas repris les médicaments testés et seulement 3,5% ont eu une réaction lors de la prise des médicaments testés.

 Conclusion : Ce test est un bon outil pour prendre en charge les patients ayant présenté une réaction indésirable aux médicaments. Sa facilité et son innocuité doivent être validées sur le long terme.


Dans cette étude les auteurs ont proposé à des patients ayant fait une allergie médicamenteuse documentée, des médicaments alternatifs pouvant être pris ultérieurement. Pour vérifier qu’il puisse être pris sans effets indésirables, les auteurs proposent une test de tolérance per os avec le ou les médicaments proposés lors d’une courte surveillance de 6h, après avoir donné un placebo, le test étant réalisé en simple aveugle.

98 patients ont eu un effet indésirable avec le placebo, dont 34 patients à nouveau lors d’une deuxième prise de placebo. Il y a eu entre 4,6 et 9% de réactions. Sinon 407 patients ont eu test négatif avec reprise ultérieure du ou des médicaments sans aucune réaction pour 87,5% d’entre eux, sachant que 9,3% n’ont pas repris de médicaments et que 3,5% seulement ont eu en effet indésirable.

Ainsi la pratique de ce test permet, avec une bonne valeur prédictive, de garantir aux patients une prise ultérieure sans risque d’un ou de plusieurs médicaments.

La dose médicamenteuse du test est faible, ce qui peut expliquer un manque de sensibilité puisque 3,5% des patients ayant eu un test négatif auront une réaction lors d’une reprise ultérieure. Mais d’un autre coté, cette prise faible n’entraîne aucune réaction grave : il y a donc un compromis intéressant permettant de réaliser ce test en toute sécurité à titre externe.

Mais des progrès sont encore à faire car bien que semblant simple ce test est lourd à manipuler en libéral, avec placebo, surveillance prolongée etc…

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