Le nez allergique chatouille les bronches à l’exercice, même en l’absence d’asthme !

mercredi 4 juin 2014 par Dr Philippe Carré687 visites

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Le nez allergique chatouille les bronches à l’exercice, même en l’absence d’asthme !

Le nez allergique chatouille les bronches à l’exercice, même en l’absence d’asthme !

mercredi 4 juin 2014, par Dr Philippe Carré

Bronchospasme induit par l’exercice en relation avec différents phénotypes de rhinite sans asthme chez des enfants en l’école primaire : l’Etude des Six Villes Françaises (French Six Cities Study). : D. Caillaud, K. Horo, N. Baiz, S. Banerjee, D. Charpin, F. Lavaud, F. de Blay, C. Raherison and I. Annesi-Maesano,

dans Clinical & Experimental Allergy, 2014 (44) 858–866.

 Contexte :

  • Le bronchospasme induit par l’exercice (BIE) est fréquent chez les enfants asthmatiques
  • Cependant les opinions divergent sur la relation entre BIE et rhinite, en l’absence de maladie asthmatique.

 Objectifs :

  • Les auteurs ont étudié la relation entre BIE et différents types de rhinite, en fonction du statut asthmatique, au niveau de la population générale dans l’Etude des Six Villes.

 Méthodes :

  • 7781 enfants scolarisés, d’âge moyen de 10 ans, ont eu un test de BIE et des prick-tests cutanés pour étudier la sensibilisation allergique
  • Leurs parents ont complété un questionnaire standardisé pour recueillir les symptômes de type asthmatique et de rhino-conjonctivite sur l’année précédente, l’existence antérieure d’un rhume des foins (RDF), et un score de rhinite allergique (SRA) ≥7 comme marqueur de rhinite allergique sur l’année précédente
  • Le BIE était défini par une chute de ≥ 15% du VEMS après l’exercice.

 Résultats :

  • Des 6813 enfants d’âge scolaire retenus pour l’analyse, 227 (3.3%) avaient un BIE
  • Les odds ratio (avec intervalle de confiance IC à 95%)entre le BIE et les phénotypes de rhinite allergique en l’absence d’asthme étaient de 1.56 (IC 0.92-2.63) pour le RDF, 1.97 (1.16-3.35) pour la rhino-conjonctivite sur l’année passée, et 1.84 (1.16-2.91) pour un SRA ≥7
  • Les résultats étaient inchangés après ajustement sur les facteurs confondants
  • L’analyse multiple de correspondance montrait que le BIE, bien que relié à l’asthme, constitue une entité distincte
  • Le BIE n’était pas relié de façon significative à une histoire familiale d’asthme.

 Conclusion :

  • Dans cette large étude de population infantile, différents phénotypes de rhinite atopique étaient associés à un BIE, indépendamment de l’asthme
  • Le BIE, bien que relié à l’asthme, semble constituer une entité distincte.

 Relevance clinique :

  • Dans cet échantillon important d’enfants de la population générale (6813) âgés de 10 ans, le BIE est associé à différents types de rhinite en l’absence d’asthme
  • De plus, il constitue une entité indépendante de l’asthme et n’est pas relié à une histoire familiale d’asthme
  • Ainsi il pourrait être important de rechercher ces symptômes, en tenant compte du fait qu’un traitement spécifique nasal peut améliorer le BIE chez ces enfants.

Cette étude de population infantile de 6813 enfants, scolarisés dans 6 grandes villes françaises, montre que plusieurs phénotypes de rhinite sont associés de façon significative avec un bronchospasme induit par l’exercice (BIE), en l’absence d’asthme. La prévalence du BIE est dans cette étude est assez faible, de 3.3%.

L’analyse en correspondance multiple montre que le BIE, bien que relié à l’asthme, constitue une entité distincte et n’est pas associé de façon significative à une histoire familiale d’asthme.

Le mécanisme physiopathologique retenu du BIE est l’hypothèse osmotique, selon laquelle l’assèchement des voies aériennes à l’effort entraîne un relargage de médiateurs ; l’altération de la fonction nasale liée à l’obstruction au cours de la rhinite peut favoriser une respiration de type buccal, ce qui peut conduire à une exposition plus importante des voies aériennes inférieures à de l’air sec et induire ainsi une augmentation de l’hyperréactivité bronchique ; une inflammation nasale chronique peut aussi être associée à une inflammation bronchique, puisque le test de provocation nasal chez l’adulte augmente l’inflammation des voies aériennes inférieures.

Les résultats de cette étude confortent l’hypothèse antérieurement émise d’une seule et unique voie aérienne ; des études ultérieures sont nécessaires pour le confirmer. Dans cette hypothèse, la mise en place d’un traitement spécifique nasal pourrait améliorer le BIE chez ces enfants.

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