Corticoïdes inhalés et croissance : faut pas pousser !

vendredi 11 mars 2016 par Dr Philippe Carré4062 visites

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Corticoïdes inhalés et croissance : faut pas pousser !

Corticoïdes inhalés et croissance : faut pas pousser !

vendredi 11 mars 2016, par Dr Philippe Carré

L’influence des corticoïdes inhalés sur la croissance pubertaire et la taille finale chez les enfants asthmatiques. : Chiara De Leonibus1,*, Marina Attanasi1, Zane Roze2, Benedetta Martin1, Maria Loredana Marcovecchio1,3, Sabrina Di Pillo1, Francesco Chiarelli1,3 andAngelika Mohn1,3
DOI : 10.1111/pai.12558

dans Vol. 27 Issue 2
Pediatric Allergy and Immunology

 Contexte :

  • Il y a des données contradictoires sur la possibilité que les corticoïdes inhalés (CI) affectent la croissance chez les enfants ayant un asthme léger à modéré
  • Les auteurs ont évalué si les CI affectent la croissance et la taille finale (TF) chez des enfants asthmatiques par rapport à des sujets contrôles.

 Méthodes :

  • Une étude rétrospective a été conduite chez 113 asthmatiques comparés à 66 enfants contrôles
  • Les enfants asthmatiques avaient un asthme léger à modéré et prenaient exclusivement des CI
  • Les données anthropométriques à quatre moments temporels spécifiques [pré-pubertaire, puberté précoce et tardive, TF] ont été recueillies pour les deux groupes et converties dans des scores de déviation standard (SDS)
  • Les trajectoires de croissance étaient évaluées : 1) à la puberté, en utilisant la vélocité du pic de taille (VPT) et le gain de SDS de la taille pubertaire (GTP-SDS) 2) au moment de l’obtention de la TF, en utilisant le SDS de la TF et le gain du SDS de la TF (TF-SDS)
  • Une analyse des mesures répétées au cours des visites longitudinales était réalisée
  • Un modèle linéaire général (MLG) était réalisé dans le groupe des asthmatiques pour évaluer l’effet du type de corticoïde, de la durée du traitement et de la dose cumulative sur la TF, corrigé pour des variables multiples.

 Résultats :

  • A la pré-puberté, les SDS de la taille et du poids étaient similaires entre les deux groupes (p>0.05)
  • Le SDS de la taille diminuait progressivement au cours de l’étude chez les sujets asthmatiques depuis la puberté jusqu’à la TF (tendance p>0.05), alors qu’il ne changeait pas au cours du temps chez les contrôles (tendance de p>0.05), à la fois chez les garçons et les filles
  • Les enfants asthmatiques avaient exclusivement des CI [budésonide (n=36) vs fluticasone (n=43) vs mométasone (n=34)] pour une période moyenne de 6.25 ans±1.20 et une dose cumulative moyenne de 560.07 ± 76.02 mg
  • Ils avaient une diminution de la GTP-SDS et une VPT plus basse comparativement aux contrôles (p<0.05)
  • Les scores de TF et de gains de TF étaient significativement diminués chez les asthmatiques par rapport aux contrôles
  • La TF chez les asthmatiques était de 2.5 ± 2.89 cm plus basse chez les garçons et 2.02 ± 0.3 cm plus basse chez les filles que chez les contrôles
  • Le MLG montrait que l’atteinte de la TF dépendait du type de corticoïde, de la durée du traitement et de la dose cumulative (p<0.05).

 Conclusions :

  • Les CI affectent la croissance pubertaire, en induisant une taille finale réduite chez les enfants asthmatiques par rapport aux contrôles, d’une façon dépendante de la dose et de la durée du traitement corticoïde inhalé.

Les corticoïdes inhalés (CI) sont la base du traitement de l’asthme, et les consensus proposent une progression des doses en fonction de la sévérité et du contrôle de la maladie. Mais des données discordantes suggèrent qu’ils peuvent être associés à des effets suppressifs sur la croissance.

Le but principal de cette étude longitudinale était d’étudier, depuis la période pré-pubertaire jusqu’à l’obtention de la taille finale, l’effet sur la croissance et la taille finale (TF) d’un traitement exclusif par CI chez 113 enfants ayant un asthme léger à modéré, par rapport à 66 enfants contrôles.

Les résultats montrent que les CI affectent la croissance pubertaire, induisant une TF réduite par rapport aux contrôles, et que cet effet suppressif sur la croissance est dépendant du type de CI (dans l’ordre décroissant : fluticasone, budésonide, mométasone), et de façon significative et proportionnelle de la dose et de la durée du traitement.

On a évoqué le fait que l’asthme, en tant que maladie chronique, a en soi-même une influence sur la croissance (par un effet suppressif des cytokines endogènes et des corticoïdes produits par la réponse inflammatoire) et peut être un facteur confondant ; mais cette étude a inclus la sévérité de l’asthme comme co-variable et montre qu’elle n’a pas d’effet en elle-même sur la croissance.

Même si cette étude est rétrospective, elle a l’avantage d’avoir étudié la croissance linéaire depuis la pré-puberté jusqu’à l’obtention de la taille finale et d’avoir caractérisé la croissance pubertaire par rapport à des sujets contrôles.

Les auteurs soulignent l’importance de tenir compte des effets potentiels d’un traitement continu par CI chez de jeunes enfants asthmatiques, de surveiller la croissance, et peut-être minimiser les conséquences du traitement CI par le choix et l’ajustement adaptés du traitement.

Compte-tenu des divergences de la littérature, des études additionnelles sont souhaitables pour mieux caractériser les effets de la suppression sur la croissance des différentes molécules à disposition, mieux définir le rôle respectif de la molécule, de la dose et de l’âge des sujets, ainsi que l’effet de la longueur du traitement sur plusieurs années. Et évaluer les facteurs associés au rattrapage ou non de la courbe de croissance jusqu’à l’âge adulte.

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