Existe-t-il une prédisposition familiale à l’agrégation ?

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Existe-t-il une prédisposition familiale à l’agrégation ?

Existe-t-il une prédisposition familiale à l’agrégation ?

jeudi 9 février 2012, par Dr Philippe Carré

Agrégation familiale de la sensibilisation spécifique allergénique et de l’asthme. : Kurzius-Spencer, M., Guerra, S., Sherrill, D. L., Halonen, M., Elston, R. C. and Martinez, F. D. (2012),

Familial aggregation of allergen-specific sensitization and asthma.

dans Pediatric Allergy and Immunology, 23 : 21–27. doi : 10.1111/j.1399-3038.2011.01220.x

 Contexte :

  • L’agrégation familiale de la réponse spécifique aux allergènes et de l’asthme, ajustée à l’âge et à la sensibilisation à de multiples allergènes, a été étudiée dans deux grandes cohortes de population.

 Méthodes :

  • Des prick-tests cutanés (PT) ont été réalisés chez 1151 familles dans l’Etude Respiratoire des Enfants de Tucson (ERET) et chez 435 familles dans l’Etude Epidémiologique sur la Maladie Obstructive des voies aériennes de Tucson (EEMOT)
  • La sensibilisation était définie par une taille d’œdème supérieure ou égale à 3 mm
  • Le diagnostic médical d’asthme, à partir de l’âge de 8 ans, reposait sur des questionnaires
  • Les corrélations familiales des phénotypes bruts et ajustés ont été évalués en utilisant le logiciel SAGE 6.1 ASSOC et FCOR.

 Résultats :

  • Les estimations brutes des descendants parentaux (DP) et les corrélations entre les enfants issus de mêmes parents (EMP) étaient statistiquement significatives pour la plupart des allergènes, allant de 0.03 à 0.29
  • Après ajustement pour l’âge et les autres facteurs d’atopie (PT positifs à d’autres allergènes), les corrélations étaient réduites de 14 à 71%
  • Les corrélations entre les EMP pour la réponse spécifique aux allergènes étaient constamment plus élevées que les corrélations entre DP, mais cette différence était seulement significative pour les acariens et les mélanges d’herbacées dans la population EEMOT
  • La corrélation familiale pour le statut atopique (PT positif pour tout allergène versus pour aucun) tendait à être plus élevée que pour les allergènes spécifiques
  • L’asthme, avec ou sans ajustement, montrait une corrélation familiale plus grande que la réponse aux PT, que les allergènes soient spécifiques ou généraux, et une corrélation significativement plus élevée des EMP dans l’étude EEMOT que dans l’étude ERET, probablement liée à l’âge plus élevé des EMP et à la plus longue période d’étude.

 Conclusions :

  • Une agrégation familiale significative de la réponse spécifique aux allergènes, après ajustement pour les autres facteurs d’atopie, apparaît refléter une propension génétique pour l’atopie, dépendant d’expositions familiales communes
  • Les résultats suggèrent aussi que la transmission de l’asthme est indépendante de la sensibilisation atopique.

La prédisposition familiale pour l’atopie, définie comme la propension à développer la synthèse d’IgE spécifiques en réponse à une exposition à des allergènes communs de l’environnement, est connue depuis longtemps, et l’existence d’une agrégation familiale de plusieurs phénotypes d’atopie et d’asthme a été rapportée dans des études de jumeaux et de familles d’atopiques et/ou d’asthmatiques.

Le but de cette étude était de déterminer s’il existe un regroupement familial suggestif d’une composante héréditaire dans la réponse spécifique aux allergènes, et de la comparer à l’agrégation familiale qui prédispose à l’atopie et à l’asthme.

A cet effet, les auteurs ont repris les données de deux grandes cohortes de population et évalué les corrélations familiales de la réponse à des prick-tests cutanés à des allergènes spécifiques, avec ou sans ajustement à d’autres formes d’atopie.

Les résultats suggèrent qu’il existe une tendance vers des corrélations augmentées chez les jumeaux par rapport aux parents et aux autres enfants, et que l’atopie n’influence pas directement la corrélation familiale pour l’allergie, ce qui suggère une transmission indépendante de l’atopie et de l’asthme. Ceci confirme des études génétiques antérieures qui ont émis l’hypothèse que les phénotypes d’atopie et d’asthme sont associés à des variants génétiques et des mécanismes immuns différents.

L’évidence dans cette étude de la corrélation familiale de la sensibilisation spécifique des allergènes est en faveur d’une certaine agrégation de la sensibilisation aux allergènes spécifiques, après ajustement pour l’âge et pour la prédisposition générale à l’atopie.

Les réponses spécifiques aux allergènes ne semblent donc pas définir des sous-groupes distincts de maladie atopique.

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