Plus la future maman mange, plus le bébé trinque...allergiquement !

vendredi 4 avril 2003 par Dr Alain Thillay2736 visites

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Plus la future maman mange, plus le bébé trinque...allergiquement !

Plus la future maman mange, plus le bébé trinque...allergiquement !

vendredi 4 avril 2003, par Dr Alain Thillay

Plusieurs publications ont déjà évoqué une relation possible entre alimentation et allergie chez l’enfant. Particulièrement, l’apport en lipide semble jouer un rôle de premier plan. Cette étude japonaise évalue le rôle de l’alimentation de la femme durant la grossesse sur le risque d’allergie de la progéniture.

L’alimentation durant la grossesse peut être associée à des pathologies allergiques du nourrisson. : Ushiyama Y, Matsumoto K, Shinohara M, Wakiguchi H, Sakai K, Komatsu T, Yamamoto S. Department of Nutrition, School of Medicine, The University of Tokushima, Tokushima 770-8503, Japan dans J Nutr Sci Vitaminol (Tokyo) 2002 Oct ;48(5):345-51

La prévalence des maladies allergiques est élevée au Japon, particulièrement chez les nourrissons.

Leur risque de développer des allergies est influencé par les allergènes alimentaires maternels durant la grossesse.

Nous posons l’hypothèse que, mis à part ces allergènes, l’hypersensibilité induite par les apports alimentaires et leur valeur énergétique chez la mère durant la grossesse peut être un facteur de risque d’allergies chez leur bébé. Dans cette étude, nous avons essayé de confirmer cette hypothèse.

Par questionnaire, nous avons établi les antécédents allergiques des parents et de leur nourrisson et les différentes mesures corporelles. Un autre questionnaire a permis de recueillir des éléments sur les apports alimentaires.

Nous avons obtenu 2642 réponses (taux de retour à 94,7%).

Les manifestations allergiques principales chez les nourrissons étaient la dermatite atopique (6%), l’allergie alimentaire (3,7%) et l’asthme (3,2%).

Environ 60% de ces nourrissons allergiques avaient des antécédents allergiques familiaux.

Les antécédents familiaux d’allergie, l’âge du nourrisson, l’ordre de naissance, les périmètres crânien et thoracique des enfants, l’Index de Masse Corporel (IMC) de la mère avant la grossesse et lors de l’accouchement et les apports en lipides (graisses et huile végétale) et en légumes étaient en relation positive.

Les apports en protéines, hydrates de carbone et le lait et ses dérivés étaient corrélés négativement avec les manifestations d’allergie des nourrissons (p<0,05).

Ces résultats, avec ceux de précédentes publications, suggèrent que des apports importants énergétiques et lipidiques durant la grossesse puissent augmenter les manifestations d’allergie du nourrisson.


Mis à part le risque allergénique, l’alimentation de la femme pendant sa grossesse semble intervenir sur le risque allergique du nourrisson.

Ici, dans cette étude comptant 2642 patients, une alimentation hypercalorique riche en lipides semble exposer le nourrisson à un risque plus élevé de développer des maladies allergiques.

Si ce constat constitue un argument de plus pour promouvoir une alimentation équilibrée chez la femme enceinte, il reste qu’il nous interpelle sur le lien physiopathologique entre apports nutritionnels et allergie IgE médiée.

De plus, il faudra être prudent et éliminer un biais. Est-ce qu’en mettant en exergue une population dont l’alimentation est déséquilibrée tant du point de vue qualitatif que quantitatif, ne fait-on pas que sélectionner une population à risque allergique (environnement, tabagisme, niveau socio-économique) ?

Donc à suivre. Il faudra décrypter avec minutie les prochaines études, qui ne manqueront pas d’être publiées, qui tenteront d’expliquer le lien physiopathologie et qui élimineront tous les biais sélectifs.

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