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Pour une fois qu’on ne met pas les femmes au régime !
vendredi 16 mai 2014, par
La consommation d’arachide, de lait et de blé au cours de la grossesse est associée à une réduction des allergies et de l’asthme chez les enfants. : Supinda Bunyavanich, Sheryl L. Rifas-Shiman, Thomas A. Platts-Mills, Lisa Workman, Joanne E. Sordillo, Carlos A. Camargo, Matthew W. Gillman, Diane R. Gold, Augusto A. Litonjua
dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - May 2014 (Vol. 133, Issue 5, Pages 1373-1382, DOI : 10.1016/j.jaci.2013.11.040)
– Contexte :
– * Le régime alimentaire maternel au cours de la grossesse pourrait jouer sur les allergies et l’asthme dans l’enfance.
– Objectifs :
- Nous avons voulu examiner les associations entre la prise alimentaires en début de grossesse des allergènes fréquents de l’enfant avec l’allergie et l’asthme dans l’enfance.
– Méthodes :
- Nous avons étudié 1277 couples mère-enfant issus d’une cohorte américaine prénatale non sélectionnée pour une quelconque maladie.
- A l’aide d’un questionnaire alimentaire donné pendant le premier et le deuxième trimestre, nous avons évalué la prise alimentaire maternelle des allergènes courants de l’enfant au cours de leur grossesse.
- Au cours de l’enfance (âge moyen 7.9 ans) nous avons ensuite relevé la présence d’une allergie alimentaire, d’un asthme, d’une rhinite allergique, d’une dermatite atopique, grâce à un questionnaire et des taux d’IgE spécifiques sériques.
- Nous avons également examiné les associations transversales entre les allergies alimentaires spécifiques, l’asthme, et les phénomènes atopiques dans l’enfance.
– Résultats :
- L’allergie alimentaire était fréquente (5.6%) dans l’enfance, avec une sensibilisation à au moins un allergène alimentaire (28.0%).
- Les plus fortes consommations maternelles d’arachide (z score additionnel) au cours du premier trimestre était associées à un risque réduit de 47% de risque de réaction allergique avec l’arachide (odds ration [OR], 0.53 ; 95% CI, 0.30-0.94).
- Les plus fortes consommations maternelles de lait au cours du premier trimestre étaient associées avec un risque réduit d’asthme (OR, 0.83 ; 95% CI, 0.69-0.99) et de rhinite allergique (OR, 0.85 ; 95% CI, 0.74-0.97)
- Les plus fortes consommations maternelles de blé au cours du second trimestre étaient associées à un risque réduit de dermatite atopique (OR, 0.64 ; 95% CI, 0.46-0.90).
- Les allergies à l’arachide, au blé et au soja étaient pour chacune d’elles associées de façon transversale avec un risque accru d’asthme, de dermatite atopique et de rhinite allergique dans l’enfance (OR de 3.6 à 8.1).
– Conclusion :
- Les plus fortes consommations maternelles d’arachide, de lait et de blé en début de grossesse étaient associées à des risques réduits d’allergie et d’asthme dans l’enfance.
Face à l’augmentation de la prévalence des allergies et des pathologies atopiques chez les enfants, de nombreuses recherches se portent sur les mesures de prévention primaire possibles.
L’alimentation des enfants et des bébés a été un des premiers paramètres étudiés... avec des résultats initialement discordants d’ailleurs. Les données actuelles concordent maintenant, et nous conduisent à conseiller une diversification alimentaire relativement précoce, entre 4 et 6 mois, progressive, mais complète. Puis les études ont porté sur l’allaitement maternel : globalement, celui-ci est conseillé, si possible pendant six mois, avec une alimentation tout à fait normale de la maman.
Cette étude remonte encore dans le temps de l’enfant, jusqu’à sa gestation, et même au début de la grossesse (2 premiers trimestres).
Les futures mamans ont tenu un journal alimentaire pendant les 6 premiers mois, avec une évaluation précise de leur consommation d’arachide, de lait et de blé, qui sont des allergènes fréquents chez l’enfant, potentiellement sévères.
En moyenne 8 ans plus tard, ces maman remplissaient un nouveau questionnaire concernant la survenue d’une allergie alimentaire, d’un asthme ou d’une autre pathologie de type atopique chez leur enfant (rhinite, eczéma). Des recherches d’IgE spécifiques sériques étaient réalisées. Le recoupement entre les résultats biologiques et les réponses au questionnaire permettait une bonne évaluation clinique de la pathologie de l’enfant.
Lorsque les mamans consommaient des quantités suffisantes d’arachide, le risque de survenue d’une allergie à l’arachide chez son enfant était statistiquement diminué.
De même, la consommation de blé et de lait de vache permettait une réduction du risque d’asthme ou d’autre pathologie atopique.
L’exposition aux allergènes in utero est donc un premier contact pour le bébé, qui favorise d’acquisition de tolérance. Les protéines alimentaires sont en effet apprêtées pour une présentation adéquate au système immunitaire du bébé, stimulant la voie de réponse de type Th1.
Ces données sont très importantes pour deux raisons.
D’une part sur le plan fondamental, elles soulignent le rôle de l’environnement, de l’exposition aux allergènes. Les facteurs génétiques sont en effet déterminants dans la pathologie atopique, mais l’épigénétique tient aussi un grand rôle. Ceux-ci interviennent donc très précocement, quasiment dès la conception.
D’autre part ces notions viennent corroborer les premiers résultats des études qui s’étaient déjà penchées depuis quelques années sur l’alimentation de la femme enceinte. Les conseils sont donc très concrets et simples : pas de régime d’éviction pour la femme enceinte.
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