Désensibilisation : les anglais la réclament aussi maintenant.

samedi 28 juin 2003 par Dr Alain Thillay1490 visites

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Désensibilisation : les anglais la réclament aussi maintenant.

Désensibilisation : les anglais la réclament aussi maintenant.

samedi 28 juin 2003, par Dr Alain Thillay

L’immunothérapie injectable a du attendre de nombreuses années pour prouver son efficacité. En Grande Bretagne, cette technique était très encadrée du fait d’une crainte d’effets secondaires. C’est pour cela que l’immunothérapie sublinguale les intéresse. Ils font une vaste revue de toutes les publications dignes de confiance concernant l’efficacité de ce traitement en puisant largement dans les données Cochrane entre autres. Donc, l’ITS sublinguale vue par ceux qui sont les plus dubitatifs.

Immunothérapie sublinguale dans la rhinite allergique (Revue Cochrane) : Wilson DR, Torres LI, Durham SR. Upper Respiratory Medicine, Imperial College School of Medicine at the National Heart & Lung Institute, Dovehouse Street, London, UK, SW3 6LR. duncw 99@yahoo.co.uk dans Cochrane Database Syst Rev. 2003 ;(2):CD002893

 CONTEXTE.
* La rhinite allergique est une pathologie commune qui, lorsqu’elle est sévère, peut de façon significative détériorer la qualité de vie malgré un traitement adapté comprenant anti-histaminiques et corticostéroïdes topiques nasaux. * L’immunothérapie par injection d’allergène réduit significativement les symptômes et le recours aux médicaments dans le traitement de la rhinite allergique mais son recours est limité par l’éventualité de réactions systémiques sévères.
* Il existe donc un intérêt considérable pour des voies d’administration alternatives de l’allergène, particulièrement la voie sublinguale.

 OBJECTIFS. Afin d’évaluer l’efficacité de l’immunothérapie sublinguale (ITSL), comparativement au placebo, dans la réduction des symptômes et de celle du recours aux médicaments.

 STRATEGIE DE LA RECHERCHE.
* Les bases de données suivantes ont été explorées : le registre des essais contrôlés Cochrane, MEDLINE (1966-2002), EMBASE (1974-2002) et Scisearch (après 2002.
* Les termes de la recherche étaient (Rhin* OR hay fever) AND (immunotherap* OR desensiti*ation) AND (sublingual).

 CRITERE DE SELECTION.
* Toutes les études identifiées par la recherche étaient résumées selon un standard et entrées dans RevMan 4.1.
* Les analyses étaient pratiquées à l’aide de la méthode des différences moyennes standardisées (DMS) en utilisant un modèle d’effets randomisés.
* Les valeurs de P <0,05 étaient considérées statistiquement significatives.
* Les analyses de sous-groupes étaient pratiquées en accord avec le type d’allergène administré, l’âge des patients et la durée du traitement.

 PRINCIPAUX RESULTATS.
* Vingt-deux essais concernant 979 patients ont été inclus.
* Il y avait 6 essais d’ITSL pour l’allergie aux acariens domestiques, 5 pour les pollens de Graminées, 5 pour la pariétaire, 2 pour l’olivier, et une pour chacun de ces allergènes, ambroisie, chat, arbre et cyprés.
* Quatre études n’avaient enrôlé que des enfants.
* Seize études concernaient des gouttes administrées par voie sublinguale puis avalées, 3 par gouttes recrachées ensuite et 2 par comprimés sublinguaux.
* Huit études concernaient un traitement de moins de 6 mois, 10 études de 6 à 12 mois et 4 pour plus de 12 mois.
* Toutes les études retenues étaient en double-aveugle contre placebo, contrôlées avec groupe parallèle.
* La répartition des traitements non identifiables était considérée comme adéquate dans toutes les études et l’utilisation de préparations placebo identiques presque universelle.
* Il y avait une hétérogénéité significative, plus probablement due à des systèmes différents de score entre les diverses études.
* Globalement, il existait une diminution significative à la fois des symptômes (DMS -0,34, 95% d’intervalle de confiance-0,69 à -0,15 ; P=0,002) et du recours aux médicaments (DMS -0,43 [-0,63, -0,23] ; p=0,00003) après immunothérapie.
* On ne retrouvait pas de réduction significative des symptômes et du score médicamenteux dans les études concernant seulement les enfants mais le nombre de participants était faible, ce qui permet de douter de la validité des conclusions.
* L’augmentation de la durée du traitement n’augmente pas clairement l’efficacité.
* La dose totale d’allergène administrée paraît plus importante mais les données disponibles sont insuffisantes pour analyser ce facteur.

 CONCLUSIONS.
* L’ITSL est un traitement sûr qui réduit significativement les symptômes et le recours aux médicaments dans la rhinite allergique.
* La différence de bénéfice de l’ITSL par rapport aux autres traitements, particulièrement l’immunothérapie injectable, n’est pas claire, car évaluée dans un trop petit nombre d’études.
* D’autres recherches sont requises, centrées sur la posologie optimale de l’allergène et les critères de sélection des patients.


Cette revue d’études, toutes de grande qualité, montre clairement que l’ITSL est efficace sur les symptômes et sur le recours aux médicaments classiques.

Nous pouvons faire confiance aux auteurs anglais, qui n’ayant pas de longue date de « culture » de la désensibilisation, pour leur grande impartialité.

Voilà de quoi réchauffer le cœur des partisans de cette méthode et de faire réfléchir ceux qui ne jurent que par la voie injectable.

Il est vrai qu’il s’agit dans l’ITSL de la délégation aux patients d’un traitement habituellement géré par le seul médecin. Il s’agit d’une certaine perte de pouvoir…

Par contre, rien de significatif pour dire que l’une ou l’autre de ces voies d’administration de l’allergène soit plus efficace.

A suivre dans d’autres études à venir.

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