Eczéma de contact et qualité de vie.

vendredi 12 décembre 2003 par Dr Alain Thillay2829 visites

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Eczéma de contact et qualité de vie.

Eczéma de contact et qualité de vie.

vendredi 12 décembre 2003, par Dr Alain Thillay

La qualité de vie est un facteur de plus en plus souvent mesuré dans le cadre des maladies chroniques. Cela permet globalement de connaître le retentissement de la maladie sur la vie privée et sur la vie professionnelle. Il semble que cette évaluation manquait pour l’eczéma de contact. Ici, les auteurs comblent cette lacune.

Qualité de vie des patients atteints d’allergie de contact. : Kadyk DL, McCarter K, Achen F, Belsito DV.

Division of Dermatology, University of Kansas Medical Center, 3901 Rainbow Boulevard, Kansas City, KS 66160-1719, USA

dans J Am Acad Dermatol. 2003 Dec ;49(6):1037-48

 CONTEXTE.
L’allergie de contact (AC) est une maladie cutanée courante évolutive et invalidante.
Cependant, il existe relativement peu de publications qui quantifient la qualité de vie (QdV) des patients souffrant d’AC.

 OBJECTIFS.
Cette étude a été conduite afin de déterminer l’impact de l’AC sur la QdV et de rechercher les facteurs pronostics qui influencent les résultats.

 METHODES.
* Un total de 428 sujets souffrant d’un eczéma de contact ont reçu par la poste, à des moments variables après le diagnostic, un questionnaire de type Skindex 1-6 modifié pour tenir compte de 5 items en relation avec l’impact professionnel.
* Les scores de QdV étaient corrélés avec les facteurs démographiques des sujets, les caractéristiques de la maladie et les techniques de gestion de certains facteurs d’incertitude.

 RESULTATS.
* Le taux de réponse était de 35% ce qui correspond à 149 sujets qui ont retourné leur questionnaire.
* Les patients rapportaient surtout être gênés par le prurit, l’irritation cutanée et la persistance de ces symptômes.
* Des quatre échelles comprises dans le questionnaire, l’échelle émotionnelle avait le plus mauvais score de QdV, suivie par celle des symptômes, celle concernant l’aspect fonctionnel et celle sur l’impact professionnel.
* Les patients atteints d’AC au niveau du visage étaient significativement plus gênés par l’aspect de leur peau.
* L’atteinte des mains en rapport avec le travail était responsable des plus mauvais scores dans le cadre de l’impact professionnel et de l’échelle fonctionnelle.
* Les sujets ayant dû changer de travail du fait de l’AC avaient les plus mauvais scores de QdV comparativement aux autres groupes, avec des scores significativement plus mauvais sur 17 des 21 items de l’enquête.
* Des antécédents d’eczéma atopique paraissaient attribuer une amélioration des résultats et ces patients étaient moins inquiets d’être licenciés.
* Les sujets ayant été diagnostiqués à l’aide des tests épicutanés 36 mois après le début de l’apparition de l’AC paraissaient avoir des scores mauvais de QdV par rapport aux patients dont le diagnostic a été posé plus tôt.
* Les sujets ayant fait l’objet du diagnostic dans les 6 derniers mois avaient de mauvais scores de QdV, alors que les meilleurs résultats étaient rapportés chez les sujets diagnostiqués dans les 6 à 12 mois.
* Une diminution modérée de la QdV était observée 12 mois après les tests épicutanés, mais ces scores ne diminuaient pas ensuite pour revenir au niveau constaté immédiatement après le diagnostic.

 CONCLUSIONS.
* L’allergie de contact a un effet appréciable sur la qualité de vie, spécialement lorsqu’elle affecte les mains, le visage ou lorsqu’elle est en rapport avec l’activité professionnelle.
* Des quatre échelles comprises dans notre étude, l’échelle émotionnelle souffrait des plus grands effets.
* L’impact émotionnel est donc une mesure importante de la QdV chez le patient atteint d’AC.
* Les résultats sont améliorés par le diagnostic précoce et les meilleurs résultats de QdV sont constatés entre 6 à 12 mois après les tests épicutanés.
* Cependant, les individus qui devaient changer de travail du fait de leur état cutané rapportaient significativement les plus mauvais scores de QdV que ceux qui restaient à leur poste.


Cette étude est très importante car elle permet de quantifier le retentissement sur la qualité de vie des personnes atteintes d’eczéma de contact.

Cela a été fait pour la dermatite atopique, pour la rhinite, pour l’asthme.

Sans revenir en détail sur les résultats -ils sont très bien explicités dans la conclusion-il est à noter que le facteur émotionnel soit particulièrement l’objet d’aspect négatif.

Bien sûr, l’atteinte du visage, par son effet sur la relation, et, l’atteinte des mains, par son effet négatif sur l’exercice professionnel, sont responsables des plus mauvais scores dans les différentes échelles d’évaluation.

A première vue, ce qui peut paraître étrange, les sujets déjà atteints de dermatite atopique semblent plus résistants à l’encontre de l’atteinte complémentaire que représente l’eczéma de contact.
En fait, cela semble logique dans la mesure où ces patients ont fait depuis bien longtemps le deuil de leur peau en mauvais état.

Alors qu’un eczéma de contact survenant sur une peau, jusqu’alors saine, est sans doute vécu comme un véritable sinistre cutané.

Enfin, on remarquera aussi que plus le diagnostic se fait attendre moins bien est vécue la maladie.

Il y a là un bon sujet de communication vers le médecin généraliste afin qu’il ne se contente pas de prescrire des corticoïdes topiques cutanés mais qu’il adresse le patient très tôt à l’allergologue.

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