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Overdose de corticostéroïdes inhalés, c’est pas vraiment le pied !
jeudi 6 mai 2004, par
On pourrait dire encore un travail concernant la dose optimale de corticostéroïdes inhalés dans le traitement d’attaque de l’asthme. Mais, il s’agit ici d’une grande revue des différents articles publiés à ce sujet (26 essais- revue Cochrane). Les conclusions nous rappellent à la raison.
Dose d’attaque des corticostéroïdes inhalés dans l’asthme de l’enfant et de l’adulte : haute dose contre faible dose. : Powell H, Gibson P.
dans Cochrane Database Syst Rev. 2004 ;2:CD004109
– CONTEXTE
- Les corticostéroïdes inhalés (CSI) constituent la base du traitement d’entretien de l’asthme et leur efficacité est bien établie.
- Cependant, la dose optimale de départ de CSI n’est pas clairement fondée.
- Des revues récentes ont démontré une courbe d’efficacité relativement plate des CSI et une augmentation des effets secondaires parallèle à l’augmentation des doses de CSI.
- De fortes doses sont souvent prescrites alors qu’il y a maintenant des rapports qui montrent des effets secondaires significatifs liés aux fortes doses de CSI utilisées.
- Ces constatations démontrent la nécessité d’établir la dose optimale de CSI de départ dans le traitement de l’asthme.
– OBJECTIFS
- Établir la dose optimale de départ de CSI grâce à l’évaluation de l’efficacité de la dose initiale de CSI (haute ou faible) chez des sujets asthmatiques non traités habituellement par CSI.
– STRATEGIE DE RECHERCHE
- Nous avons utilisé les essais du groupe voies respiratoires du registre Cochrane et les listes de référence des articles.
- Date de la dernière recherche : janvier 2003.
– CRITERES DE SELECTION Essais contrôlés randomisés concernant deux doses différentes du même CSI chez des enfants et adultes asthmatiques non associés à un autre corticoïde inhalé ou oral.
– DONNEES ET ANALYSE
- La qualité des essais était évaluée et les données étaient extraites indépendamment par deux critiques.
- Les auteurs des études étaient contactés pour confirmation.
- Les essais étaient analysés en fonction des comparaisons de doses suivantes : dose dégressive contre dose constante (n=7) ; haute dose contre modérée (n=11) ; haute contre basse (n=9) ; modérée contre basse (n=11) ; nombre de fois de changements en dose (toutes les études).
– PRINCIPAUX RESULTATS
- Trente et un documents rapportant les résultats de 26 essais ont été inclus dans la revue.
- Concernant les études comparant un protocole à dose dégressive à une dose modérée ou faible de CSI, il n’y avait pas de différence significative de la fonction respiratoire, des symptômes, du recours aux médicaments ou du contrôle de l’asthme de ces deux approches thérapeutiques.
- Améliorations significatives mais peu importantes cliniquement du VEMS prédit (différence moyenne pondérée 5,32 ; IC=95% ; 0,65 à 9,99) et améliorations non significatives des variations matinales du DEP retrouvées pour les hautes doses de CSI comparativement aux doses modérées.
- Il n’y avait pas de différence significative de l’efficacité entre hautes et faibles doses de CSI.
- Pour ce qui concerne les doses modérées de CSI comparées aux faibles doses, il n’y avait pas d’amélioration significative des variations matinales du DEP (différence moyenne pondérée 11,14 ; IC=95% ; 1,34 à 20,93) et des symptômes nocturnes (différence moyenne normalisée -0,29 ; IC=95% ; -0,53 à -0,06).
- Débuter le traitement de CSI à double ou quadruple doses de base (modérée à faible) n’a pas plus d’effet que de commencer avec la dose de base.
- Plusieurs études rapportent une plus importante amélioration de l’hyperréactivité bronchique pour les hautes doses de CSI.
– LES CONCLUSIONS DES CRITIQUES
- Chez les patients asthmatiques qui nécessitent le recours aux CSI, commencer à l’aide de doses modérées de CSI est équivalent à commencer à l’aide de hautes doses puis de les diminuer.
- Le faible bénéfice significatif du fait de débuter à hautes doses n’est pas suffisant sur le plan clinique pour garantir cet usage comparativement aux doses faibles à modérées.
- Une dose initiale modérée apparaît être plus efficace qu’une dose faible de CSI.
- Une haute dose peut être plus efficace qu’une dose modérée ou faible de CSI sur l’hyperréactivité bronchique.
- Il n’y a pas de bénéfice à doubler ou quadrupler les CSI chez les patients présentant un asthme stable.
Cette étude sous forme de revue d’articles est fondamentale pour la pratique courante de l’allergologue.
Elle reprend sans doute un grand nombre d’études qui ont déjà été traduites et commentées sur votre site préféré www.allergique.org.
Je ne reprendrai pas en détail les principaux résultats qui sont parfaitement bien listés dans les conclusions de ce résumé.
A mon sens, ce que doit retenir l’allergologue praticien, qui voit chaque jour un nombre grandissant d’asthmatiques, est qu’il ne sert à rien de donner des fortes doses de CSI en dose d’attaque.
Simplement, la dose de départ doit être établie en fonction des critères de gravité de l’asthme sans chercher à surdoser d’emblée.
Il semble logique de penser que les fortes doses de CSI ne sont pas plus efficaces que les doses modérées du fait que l’obstacle du à l’inflammation diminue la pénétration des particules du corticostéroïde au plus profond de l’arbre bronchique.
Tout bon allergologue praticien sait que le plus simple si on veut faire vite pour faire céder l’inflammation bronchique est d’administrer en cure courte une corticothérapie orale en même temps que l’on institue le CSI.
On est rapidement efficace et on évite aussi les raucités de la voix ainsi que les mycoses buccales.
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