De la peau au ganglion : qu’il est long le chemin !

vendredi 15 février 2013 par Dr Alain Thillay1793 visites

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De la peau au ganglion : qu’il est long le chemin !

De la peau au ganglion : qu’il est long le chemin !

vendredi 15 février 2013, par Dr Alain Thillay

Immunothérapie spécifique allergénique intralymphatique : une voie thérapeutique alternative efficace et sûre dans la rhinite allergique pollinique. : Terese Hylander, Leith Latif, Ulla Petersson-Westin, Lars Olaf Cardell

dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - February 2013 (Vol. 131, Issue 2, Pages 412-420, DOI : 10.1016/j.jaci.2012.10.056)

 Contexte :

  • L’immunothérapie spécifique allergénique est le seul traitement étiologique des troubles allergiques IgE dépendants.
  • La voie d’administration la plus courante est sous-cutanée, ce qui peut nécessiter plus de 50 injections d’allergènes pendant 3 à 5 ans.
  • Des données récentes indiquent que les injections directes intralymphatiques pourraient donner des résultats plus rapidement bénéfiques avec des doses beaucoup plus faibles d’allergènes et une diminution importante du nombre des injections.

 Objectif :

  • Evaluer les effets de l’immunothérapie spécifique allergénique intralymphatique chez des patients allergiques polliniques.

 Méthodes :

  • Dans une étude pilote ouverte suivie d’un double aveugle, contrôlée contre placebo, les patients atteints de rhinite allergique ont été traités avec 3 injections intralymphatiques inguinales d’ALUTARD ALK (contenant 1000 SQ-U de pollens de bouleau ou de pollens de graminées) ou d’un placebo (ALK diluant).
  • Les paramètres cliniques pré et post-thérapeutiques ont été évalués :
    • estimation du contenu en cellules inflammatoires dans le liquide de lavage nasal,
    • description du modèle d’activation des cellules T périphériques.

 Résultats :

  • Tous les patients ont toléré l’immunothérapie intralymphatique (ITIL) et les injections n’ont suscité aucune manifestation indésirable grave.
    -* Les patients recevant un traitement actif montraient une augmentation initiale des IgE spécifiques sériques et une activation des lymphocytes T périphériques.
  • Une amélioration clinique des symptômes allergiques nasaux lors de l’épreuve a été enregistrée avec une diminution de la réponse inflammatoire nasale.
  • En outre, ces patients ont rapporté une amélioration de leur maladie allergique saisonnière.
  • Aucune modification n’a été observée dans le groupe placebo.

 Conclusions :

  • Bien que cette étude soit basée sur un nombre limité de patients, l’ITIL avec des extraits de pollens de graminées ou de bouleau, semble réduire les symptômes allergiques nasaux sans entraîner de problèmes de sécurité.
  • Par conséquent, l’ITIL pourrait constituer une alternative à l’immunothérapie spécifique sous-cutanée plus rentable car moins coûteuse en temps et en argent.

L’immunothérapie allergénique est le traitement de choix, curatif et étiologique, des maladies allergiques IgE dépendantes. Toutefois, que cela soit la voie sous-cutanée ou la voie sublinguale, celles-ci peuvent être considérées comme onéreuses en temps et en argent. Depuis quelques temps, les communications s’accumulent pour nous dire grand bien d’une autre voie, l’injection intralymphatique d’extrait allergénique.

Ici, cette étude suédoise, certes sur un petit nombre de patients, mais dans le cadre d’une méthodologie soigneuse, fait la démonstration de l’efficacité de cette voie chez des patients souffrant d’une rhinite allergique aux pollens de Graminées ou aux pollens de bouleau.

Les auteurs ont contrôlé l’efficacité selon trois critères : la clinique, les cellules inflammatoires du produit de lavage nasal et l’activation des cellules T périphériques.

Le protocole est simple, trois injections intralymphatiques successives, de 1000 SQ-U, d’extraits de pollens de bouleau ou de Graminées, ALUTARD ALK ou trois injections de placebo, diluant ALK.

Les trois critères de l’efficacité sont présents chez tous les patients ayant reçu le vaccin avec constatation d’un bon confort de vie durant la saison pollinique alors que les patients du groupe témoin ne montrent aucune amélioration.

Lors de la première Rencontre Francophone de l’Allergologie Moléculaire qui s’est tenue à Paris les 26 et 27 janvier 2013, le Professeur Marianne Van Hage de l’Hôpital Karolinska à Stockolm nous a informés de cette nouvelle approche qu’est l’ITIL.

Tout d’abord, elle a exposé l’étude de Senti G et al. PNAS 2008 qui compare l’ITIL à la voie sous-cutanée chez des patients souffrant de rhinoconjonctivite allergique aux pollens de Graminées.

Les patients sous ILIT recevaient la dose cumulée de 3000 SQ-U, en trois injections intralymphatique, et, ceux sous SCIT la dose cumulée de 4 031 540 SQ-U.

L’ILIT améliorait l’immunogénicité comparativement à la SCIT.

Ensuite, une autre étude du même auteur, Senti G et al. JACI 2012, concernant l’allergie au chat, apparaît très démonstrative.

Ici, 20 patients allergiques au chat ont été sélectionnés dans une étude contrôlée en double aveugle contre placebo.

Les patients du groupe actif recevaient des injections intralymphatiques d’un complexe de rFel d 1 fusionné à un peptide et à une chaîne invariante tronquée pour cibler la voie du complexe majeur d’histocompatibilité de classe II (MAT-Fel d 1).

Chacun des ces patients recevaient successivement 3 injections intralymphatiques de MAT-Fel d 1 adsorbé sur l’alun (1, 3 et 10 µg) ou un placebo.

Les patients du groupe traitement, montraient significativement une augmentation du titre d’IgG4 spécifiques de MAT-Fel d 1, une amélioration clinique et une augmentation de la production en IL-10 par les cellules mononucléaires circulantes du sang après re-stimulation par MAT-Fel d 1, en comparaison au groupe placebo.

De cette manière, les patients allergiques traités sont devenus tolérants à l’extrait de chat après seulement trois injections en deux mois, sans effets secondaires notables avec des symptômes qui restaient réduits après un an de suivi.

Ces résultats révolutionnent le monde de l’immunothérapie allergénique.

Pourquoi contraindre des patients à suivre un traitement d’injections sous-cutanées chaque mois pendant des années ou à prendre en sublingual extraits liquides ou comprimés alors qu’en trois injections intralymphatiques réparties sur deux mois le tour est joué ; tout cela avec une excellente tolérance et avec une efficacité supérieure à la voie sous-cutanée, voie de référence de l’immunothérapie allergénique ?

Certes, il sera nécessaire de confirmer ces résultats très prometteurs par de grandes études à la méthodologie exemplaire.

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