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Études marquantes.
jeudi 8 juillet 2004, par
Le Pr Christophe Dupont rejoint notre équipe et nous l’en remercions. Pour débuter sa collaboration, il revient ici sur des études récentes publiées dans le cadre de l’allergie alimentaire, son domaine de prédilection.
– L’allaitement au sein est bénéfique sur le développement de la dermatite atopique au cours des 3 premières années de vie, du moins en Allemagne. : Laubereau B, Brockow I, Zirngibl A, Koletzko S, Gruebl A, von Berg A, Filipiak-Pittroff B, Berdel D, Bauer CP, Reinhardt D, Heinrich J, Wichmann HE ; GINI Study Group. Effect of breast-feeding on the development of atopic dermatitis during the first 3 years of life—results from the GINI-birth cohort study.
J Pediatr 2004 ;144:602-7
Allaitement au sein bénéfique ou non contre la dermatite atopique ?
Une cohorte de 3903 enfants recrutés en Allemagne entre 1995 et 1998 suggère que l’allaitement exclusif au sein, réalisé chez 52% des enfants, n’accroît pas le dermatite atopique, même si les données sont stratifiées en fonction d’une histoire familiale de dermatite atopique.
L’allaitement au sein exclusif semble indiquer une protection par comparaison aux formules infantiles standard (OR 0,64), significative au moins dans certains sous-groupes de l’étude.
L’allaitement au sein ne serait donc un facteur de risque de dermatite atopique comme certaines études le laissent penser.
Malheureusement (ou heureusement !), le biais méthodologique est toujours le même, l’absence de randomisation entre allaitement au sein ou alimentation par une formule artificielle.
Quant au taux d’allaitement maternel dans cette étude, il fort proche des chiffres français.
– Les malades coeliaque adultes auraient plus de risque de dermatite atopique : Ciacci C, Cavallaro R, Iovino P, Sabbatini F, Palumbo A, Amoruso D, Tortora R, Mazzacca G.
J Allergy Clin Immunol. 2004 ;113:1199-203
La coexistence de maladies de type TH1 et TH2 devient de plus en plus probable.
La maladie cœliaque résulterait d’une réponse lymphocytaire T inappropriée contre le gluten ingéré par des sujets génétiquement prédisposés.
Les lymphocytes de type TH2 sont plus particulièrement responsables des réactions IgE-médiées.
Une large série d’adultes souffrant de maladie cœliaque (1044) non traitée et leur famille, 2752 parents et 318 épouses, ont été évaluées au moment du diagnostic et un an de régime sans gluten.
La dermatite atopique était trois fois plus fréquente chez les coeliaques (3,8%) et 2 fois plus chez leurs parents (2,3%) que chez les épouses (1,3%).
La fréquence d’une allergie en général ou de la dermatite atopique n’était pas modifiée par une malabsorption patente ou par la durée de la maladie coeliaque non traitée.
– Détection de la maladie cœliaque par les auto-anticorps antitransglutaminase : ouvrez la bouche ! : Bonamico M, Ferri M, Nenna R, Verrienti A, Di Mario U, Tiberti C.
J Pediatr. 2004 ;144:632-6
La détection des auto-anticorps antitransglutaminase dans la salive par une nouvelle technique de dosage radio-immunologique pourrait simplifier considérablement dépistage de la maladie coeliaque.
La comparaison des taux d’anticorps antitransglutaminase a été réalisée dans la salive et le sérum chez 39 patients atteints de maladie coeliaque lors de la première biopsie, 32 témoins dont la muqueuse était normale et 32 volontaires sains.
Les anticorps antitransglutaminase existaient dans la salive de 97,4% des cœliaques et 100% des sérums correspondants.
La corrélation des titres entre salive et sérum était bonne et tous les témoins étaient négatifs à la fois dans la salive et le sérum.
La maladie coeliaque serait donc accessible à un dosage salivaire, selon une méthode simple, reproductible et sensible.
– La désensibilisation sublinguale est utilisée en pédiatrie : Miceli Sopo S, Macchiaiolo M, Zorzi G, Tripodi S.
Arch Dis Child. 2004 ;89:620-4
Une recherche systématique de la littérature pédiatrique a permis de retrouver 8 essais randomisés en double aveugle contre placebo, dont 5 utilisant les acariens, une le pollen d’olivier, une le pollen de pariétaires et une le pollen de graminées (Miceli Sopo S et al, 2004).
Des effets cliniques significatifs ont ainsi été prouvés dans l’asthme persistant, léger à modéré, lié aux acariens, chez les enfants de plus de 4 ans, de sorte que les auteurs en recommandent l’utilisation en conjonction avec les mesures environnementales.
– Pourquoi l’allaitement au sein pourrait protéger contre l’asthme et l’atopie dans certaines études et aggraver le risque dans d’autres ? : Das UN et al.
J Allergy Clin Immunol 2004 ;113:1002
L’allaitement est, dans les études de prévention de l’allergie, toujours considéré sous son aspect potentiellement vecteur d’allergènes.
C’est en réalité un milieu très complexe, qui apporte entre autres des acides gras polyinsaturés à longue chaîne (AGPILC) de la série oméga 6 et oméga 3, notamment divers acides gras poly-insaturés à longue chaîne (AGPILC), comme l’acide arachidonique et le DHA.
La supplémentation en EPA et DHA (oméga 3) favorise la production de TGFβ et peut modifier la balance immunitaire.
L’effet dépend de l’équilibre en AGPILC entre oméga 3 et oméga 6 dans le lait de mère, qui semble hautement variable et de la durée de l’allaitement au sein.
Ces deux aspects, non caractérisés dans les études, pourraient donc largement entrer en ligne de compte dans les différences rapportées par les investigateurs.
La probable relation linéaire entre la concentration en oméga 6 et oméga 3 et le TGFβ dans le lait de mère explique l’association inverse observée entre la dose de TGFβ reçue par le lait et la survenue ultérieure de wheezing.
Les futures études devraient probablement tenir compte du contenu du lait de mère en divers médiateurs et AGPILC ainsi que de la durée de l’allaitement au sein.
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