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Lorsque la désensibilisation au cyprès vient de si loin...
lundi 12 février 2007, par
La standardisation du pollen de cyprès est récente. Certains extraits utilisés en thérapeutique sont issus de Juniperus Ashei, cousin américain du cyprès européen. Son efficacité est-elle validée chez les patients du vieux continent ?
Immunothérapie avec un extrait pollinique exotique de Juniperus ashei adsorbé sur hydroxyde d’aluminium dans la rhino-conjonctivite autochtone au pollen de cyprès : D. Charpina, M. Gouitaaa, M. Dron-Gonzalvezb, M.F. Fardeauc, Y.P. Massabie-Bouchatd, B. Huguese, C. Fabref, S. Vivinusg, H. Pegliascod, C. Andréh
Service de Pneumologie, Hôpital Nord, Marseille ; Martigues, Les Milles, Marseille, Salon-de-Provence, Nîmes and Nice, and Scientific and Medical Department, Stallergenes S.A., Antony, France
dans International Archives of Allergy and Immunology 2007 ;143:83-91
– Contexte :
- L’efficacité d’un extrait standardisé de Juniperus ashei a été évaluée dans la rhino-conjonctivite allergique au pollen de cyprès européen.
– Méthodes :
- Quarante adultes ayant une rhino-conjonctivite allergique au cyprès ont été randomisés pour recevoir une immunothérapie ou un placebo concordant.
- L’immunothérapie spécifique a été menée avec un extrait standardisé adsorbé sur hydroxyde d’aluminium de J. ashei titré à 100 IR (index arbitraire de réactivité) contenant 54 μg de Jun a 1/ml (Alustal, Stallergènes, France).
- Les injections sous-cutanées ont été débutées en octobre 2000.
- La dose de maintenance était de 0.30 ml de la concentration à 100 IR par mois.
- Les symptômes de rhinite et de conjonctivite ont été cotés à l’aide d’un score sur 4 points.
– Résultats :
- Dix-sept patients du groupe traité et 15 patients du groupe placebo ont terminé l’étude en 2001 ; 14 de chaque groupe ont effectuée l’année 2002 de manière complète.
- Une amélioration statistiquement significative (41%, p < 0,02) du score symptomatique conjonctival a été observée chez les patients traités activement, comparativement au groupe placebo, au moment du pic de la saison pollinique 2001.
- L’amélioration de la rhinite (17%) n’était pas significative.
- L’amélioration significative était plus importante au pic de la saison pollinique 2002 (63%, p < 0.01).
– Conclusions :
- Cette étude valide donc indirectement le concept d’un traitement à l’aide d’un allergène majeur car J. ashei est absent de la région dans laquelle l’étude a été conduite.
Une étude randomisée a été menée dans le sud-est de la France pour évaluer l’efficacité d’une désensibilisation injectable avec un extrait de Juniperus ashei chez 40 adultes ayant une rhino-conjonctivite allergique au pollen de cyprès.
Dix-sept patients ont suivi le traitement actif la première année et 14 la seconde avec une dose de maintenance de 0.30 ml de 100 IR.
Une efficacité significative a été mise en évidence sur le score symptomatique de conjonctivite lors du pic pollinique de la première année mais pas sur celui de la rhinite. L’amélioration a été plus importante la seconde année.
Pour la petite histoire, le cyprès tire son nom de Cyparissos, personnage de la mythologie grecque qui fut changé en cyprès par Apollon. Le cyprès est depuis associé à la douleur et aux larmes...
Dans les régions méditerranéennes, 2 espèces se partagent la vedette : Cupressus sempervirens (cyprès vert) et Cupressus arizonica (cyprès bleu) alors que Juniperus ashei (cèdre des montagnes) est l’espèce prédominante en Amérique (en Europe, on le trouve seulement dans les Balkans).
Les allergènes majeurs de ces arbres ont une grande homologie : Cup s 1, Cup a 1 et Jun a 1 (qui sont des pectates lyases).
Deux extraits standardisés sont disponibles pour le diagnostic et le traitement de l’allergie au pollen de cyprès. Le premier, utilisé dans cette étude, est celui de Juniperus Ashei (Stallergènes). Le deuxième est un mélange des 2 pollens de C. sempervirens et C. arizonica (Allerbio).
On peut aisément concevoir que, même si les patients ne rencontreront jamais de Juniperus ashei, la forte homologie des allergènes permet son utilisation thérapeutique en Europe.
Cependant, au vu de cette étude à petite échelle, on peut s’interroger sur l’efficacité annoncée : certes, une amélioration a été établie sur la conjonctivite mais pas sur la rhinite, tout au moins la première année. Le résumé apporte peu de précisions sur les résultats de la deuxième année.
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