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CSI et déclin de la fonction respiratoire de l’asthmatique.
vendredi 30 mars 2007, par
C’est une question que se pose, sans doute, souvent tout bon « asthmologue ». Combien de temps doit-on laisser les patients asthmatiques sous corticostéroïdes inhalés (CSI) ? Et pour quel bénéfice à long terme ? Si les données du nouveau GINA apportent des réponses pour la gestion au jour le jour, qu’en est-il de l’impact sur le déclin de la fonction respiratoire de l’asthmatique à long terme ? C’est l’objet de ce travail effectué en Angleterre, Espagne, Estonie, Islande, Italie, France, Norvège et Suède.
Les stéroïdes inhalés sont associés à la réduction du déclin de la fonction respiratoire chez les sujets asthmatiques ayant des IgE totales sériques élevées. : Roberto de Marco, PhDa, Alessandro Marcon, MSca, Deborah Jarvis, FFPHMb, Simone Accordini, MSca, Massimiliano Bugiani, MDc, Lucia Cazzoletti, MSca, Isa Cerveri, MDd, Angelo Corsico, MD, PhDd, David Gislason, MDe, Amund Gulsvik, MD, PhDf, Rain Jõgi, PhDg, Jesús Martínez-Moratalla, MDh, Isabelle Pin, MDi, Christer Janson, MDj
a From the University of Verona, Department of Medicine and Public Health, Unit of Epidemiology and Medical Statistics
b Respiratory Epidemiology and Public Health Group, National Heart and Lung Institute, Imperial College, London
c Unit of Pneumology, Consorzio Provinciale Antitubercolare, Azienda Sanitaria Locale 4 Piemonte, Turin
d Division of Respiratory Diseases, Istituto di Ricovero e Cura a Carattere Scientifico San Matteo Hospital, University of Pavia
e Department of Allergy, Respiratory Medicine and Sleep, Landspitali University Hospital, Reykjavik
f Department of Thoracic Medicine, Haukeland University Hospital, University of Bergen
g Tartu University Hospital, Clinics, Lung Clinic
h Servicio de Neumología del Complejo Hospitalario Universitario de Albacete, Servicio de Salud de Castilla-La Mancha
i Department of Pediatrics and Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale U578, Centre Hospitalier Universitarie de Grenoble
j Department of Medical Sciences, Respiratory Medicine and Allergology, Uppsala University
dans JACI Volume 119, Issue 3, Pages 611-617 (March 2007)
– Contexte :
- Peu de publications ont étudié l’association à long terme entre les corticostéroïdes inhalés (CSI) et le déclin de la fonction respiratoire dans l’asthme.
– Objectif :
- Évaluer si le traitement prolongé avec les CSI est associé au déclin du VEMS chez des asthmatiques adultes.
– Méthodes :
- Une cohorte internationale de 667 sujets asthmatiques (âgés de 20 à 44 ans) a été identifiée dans le cadre de l’Enquête sur la Santé Respiratoire de la Communauté Européenne (1991-1993) et poursuivie de 1999 à 2002.
- La spirométrie a été exécutée durant ces deux périodes.
- La détérioration du VEMS a été analysée en fonction de l’âge, du sexe, de la taille, de l’index de masse corporelle, des IgE totales sériques, du temps d’utilisation des CSI et du tabagisme, ajustée en fonction des facteurs de confusion potentiels.
– Résultats :
- Autant que l’utilisation de CSI est accrue, autant le déclin du VEMS est inférieur (tendance de P =0,025) : en moyenne, le déclin passait de 34 ml/an chez les non utilisateurs (moitié de l’échantillon) à 20 ml/an chez les sujets traités pendant 48 mois ou plus (18%).
- En s’ajustant à toutes les covariables, il y avait une interaction (P =0,02) entre l’utilisation des CSI et les IgE totales sériques : les sujets ayant un fort taux (>100 kU/l), l’utilisation de CSI pendant 4 années ou plus est associée à un déclin du VEMS inférieur (23 ml/an ; IC de 95%, 8-38 comparé aux non utilisateurs).
- Cette association n’a pas été constatée chez ceux ayant un taux d’IgE totales sériques inférieur.
– Conclusion :
- Bien que confirmant une association à long terme salutaire entre CSI et fonction respiratoire dans l’asthme, notre étude suggère que les sujets ayant un taux important d’IgE totales sériques pourraient tirer bénéfice maximal d’un traitement prolongé de CSI.
– Implications cliniques :
- Cette étude ajoute davantage de pertinence à l’effet bénéfique des stéroïdes inhalés sur la fonction respiratoire dans l’asthme ; les futures études clarifieront si le calibrage de la dose de corticostéroïdes selon le niveau d’IgE totales sériques est une approche crédible dans la gestion d’asthme.
Les auteurs de cette étude européenne ont cherché à savoir l’effet des CSI sur le déclin de l’asthme à long terme.
Les patients ont été vus à 9 ans d’intervalle environ.
L’étude montre que les asthmatiques qui bénéficient au mieux de la CSI maintenue pendant 48 mois au plus sur la diminution du déclin de la fonction respiratoire évaluée par le mesure du VEMS sont ceux qui ont des IgE totales sériques supérieures à 100 kU/l.
Il convient donc de s’interroger sur la valeur des ces IgE totales sériques. Nous le savons, l’élévation des IgE totales sériques est loin d’avoir le sens univoque d’un terrain allergique : cela peut correspondre à une infection virale respiratoire, une parasitose, au tabagisme, à un déficit immunitaire portant sur les lymphocytes T.
Il est donc dommage que nous n’ayons pas connaissance du statut allergique des patients (tests cutanés et/ou IgE spécifiques). Toutefois, étant donné que la population est relativement jeune (20 à 44 ans), on peut penser que ce taux élevé d’IgE totales sériques corresponde à un asthme allergique. Ce qui signifierait in fine que c’est le syndrome inflammatoire de l’asthme allergique qui bénéficie au mieux des CSI au long court.
Dans ma pratique courante, dans le cas des asthmes allergiques, j’associe immunothérapie spécifique, quand elle est indiquée, et CSI sur une longue période jusqu’à obtenir le silence total de l’asthme avec des EFR parfaitement normales.
Là seulement, je commence un decrescendo progressif des CSI en prêtant attention aux signes fonctionnels respiratoires, à l’examen clinique et à la spirométrie.
L’asthme est une maladie inflammatoire chronique des bronches.
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