Honteux : Interrogatoire de l’asthmatique, le patron ferait moins bien que l’étudiant !!

jeudi 7 juillet 2005 par Dr Stéphane Guez1080 visites

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Honteux : Interrogatoire de l’asthmatique, le patron ferait moins bien que l’étudiant !!

Honteux : Interrogatoire de l’asthmatique, le patron ferait moins bien que l’étudiant !!

jeudi 7 juillet 2005, par Dr Stéphane Guez

Les études épidémiologiques sur l’asthme reposent en grande partie sur les réponses aux questions posées par les médecins aux patients inclus dans ces études. Mais quelle est la qualité réelle de cet interrogatoire si fondamental pour la prise en charge et le suivi des patients ?

Qualité des données dans les études sur l’asthme. : Joao A. Fonseca1, Altamiro Costa-Pereira2, L. Delgado3, Susana I. Cadinha4, Daniela C. Malheiro4, Marianela Vaz4

1Biostatistics and Medical Informatics Department and Imunoallergology Division of Hospital São João, Porto Medical School, Porto, Portugal
2Biostatistics and Medical Informatics Department, Porto Medical School, Porto, Portugal
3Immunology Department, Porto Medical School and with the Imunoallergology Division of Hospital São João, Porto, Portugal
4Imunoallergology Division of Hospital São João, Porto, Portugal

dans Allergy & Clinical Immunology International - Journal of the World Allergy Organization
March 2005 , Vol 17 , No. 2

 Introduction :

  • La documentation des visites médicales est une étape importante surtout pour les affections chroniques comme l’asthme.
  • Cependant il y a encore peu de connaissance sur ce qui est réellement documenté dans les prises de données des patients et quelles données sont les plus intéressantes dans le suivi de l’asthme.

 Objectif de l’étude :

  • Le but de ce travail a été :
    • de décrire la fréquence des prises de diverses données lors du suivi clinique de patients asthmatiques lors d’une première consultation de suivi en milieu hospitalier,
    • et d’étudier l’influence du niveau de carrière du médecin responsable sur ces prises de données.

 Méthodologie :

  • Il s’agit d’une étude rétrospective comparant les données recueillies lors d’une première visite pour asthme pour tous les patients vus pour la première fois, et attendant une information sur l’asthme.
  • l’étude a été réalisée à l’hôpital en 2000
  • les auteurs ont utilisé 34 indicateurs préconisés par le GINA.

 Résultats :

  • Sur les 141 dossiers qui réalisent les critères d’inclusion dans l’étude, 124 soit 88% ont été étudiés.
  • Le pourcentage moyen de données recueillies est de 55% (21 à 91%).
  • Les données recueillies (moyenne) pour tous les dossiers étaient :
    • les caractéristiques de l’asthme et les critères de sévérité (36% à 92%)
    • l’environnement et les antécédents familiaux médicaux 49% (40 à 60%),
    • la fonction pulmonaire et les tests allergiques 73% (49 à 90%)
    • le niveau d’éducation du patient 20% (1 à 42%),
    • le traitement suivi 51% (2 à 70%).
  • Les données démographiques des patients n’influencent pas le recueil de ces paramètres.
  • Une association inverse significative est notée entre la fréquence des données recueillies et le niveau de carrière des médecins.

 Conclusion :

  • Il y a une très grande variation dans la prise des données cliniques de l’asthme.
  • Des indicateurs importants ne sont pas recueillis en nombre suffisant.
  • Les médecins ayant un niveau de carrière élevé recueillent le moins de données.
  • Ces manques reflètent la différence entre la vraie pratique médicale quotidienne par rapport aux recommandations internationales.
  • Cela prouve notre incapacité à suivre l’asthme selon ces recommandations et montre qu’il faut réduire à un minimum les données nécessaires pour le suivi de l’asthme, aussi bien pour le généraliste que pour le spécialiste ainsi que pour l’éducation et l’enseignement.

Dans ce travail, les auteurs démontrent que le recueil des données tel qu’il est préconisé dans les recommandations internationales comme celles du GINA, n’est pas suivi en pratique médicale courante.

Et cela est particulièrement vrai en milieu hospitalier d’autant plus que le médecin est gradé.

Ce travail est intéressant car il reflète les difficultés rencontrées par les praticiens lors du suivi habituel de patients asthmatiques.

Les recommandations dans l’asthme voudraient que lors de chaque visite un grand nombre d’items soit renseignés pour tous les patients.

Cependant en réalité et même en milieu hospitalier, la moyenne des données recueillies est au mieux de 50% pour les différents items parmi les plus importants dans le suivi de l’asthme.

On pourrait penser que ces défauts de prises de données pourraient être liés à un manque de pratique et de formation du médecin intervenant. En fait il n’en est rien puisque bien au contraire, plus le médecin a un grade élevé moins il recueille de données.

Cela prouve donc qu’il y a un grand nombre d’items qui sont sans aucun doute totalement inutiles en pratique quotidienne pour assurer un bon suivi de l’asthme.

Pour être parfaite, cette étude aurait du faire un deuxième bras de patients qui auraient répondu de façon exhaustive à tous les items avec prise en compte des réponses par le médecin. Ensuite on aurait pu comparer le devenir de l’asthme et vérifier ainsi si réellement la moitié des items sont bien inutiles pour suivre cette pathologie chronique.

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