La puce peut guérir le patient mais parasite le raisonnement de l’allergologue !

lundi 19 mars 2012 par Dr Stéphane Guez284 visites

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La puce peut guérir le patient mais parasite le raisonnement de l’allergologue !

La puce peut guérir le patient mais parasite le raisonnement de l’allergologue !

lundi 19 mars 2012, par Dr Stéphane Guez

Comment le diagnostic allergologique moléculaire peut changer la prescription de l’immunothérapie spécifique dans une région complexe sur le plan pollinique. : J. Sastre1,2,*, M. E. Landivar1, M. Ruiz-García1, M. V. Andregnette-Rosigno1, I. Mahillo3

dans ALLERGY DOI : 10.1111/j.1398-9995.2012.02808.x

 Introduction :

  • L’identification des allergènes impliqués dans la réaction clinique est un prérequis avant la prescription exacte d’une immunothérapie spécifique (ITS).

 Objectif de l’étude :

  • Il a été de déterminer si le diagnostic allergologique moléculaire (DAM) pouvait changer l’indication et la prescription de l’allergène retenu pour une ITS.

 Matériel et Méthode :

  • Un total de 141 patients ayant une rhino-conjonctivite allergique et/ou un asthme et sensibilisés aux pollens avec ou sans allergie alimentaire associée concomitante a été inclus.
  • Pour tous les patients il a été réalisé :
    • des tests cutanés en prick à un groupe de pneumallergènes
    • et des tests biologiques d’IgEs (ISAC Phadia).
  • Avant la lecture du résultats du diagnostic allergologique moléculaire, 3 des auteurs de ce travail sont arrivés à un consensus sur les indications de l’ITS et le choix des allergènes en suivant les recommandations de l’EAACI en appuyant leur jugement sur les antécédents cliniques et les résultats des tests cutanés avant puis après les résultats du test ISAC.
  • Le test du kappa a été utilisé pour analyser les résultats.

 Résultats :

  • 59% des patients sont des femmes avec une moyenne d’âge de 31 +/- 13.63 ans.
  • Une corrélation sur l’indication de l’ITS avant et après les résultats ISAC a été observée chez seulement 62 patients (46%) avec kappa : 0.1057 +/- 0.0413.
  • Concernant les allergènes utilisés dans la plupart des prescriptions avant et après les résultats de DAM, les résultats suivants ont été observés :
    • Graminées : k = 0.117 +/- 0.0471
    • Olivier : k = 0.1624 +/- 0.0639
    • Olivier et graminées : k = 0.0505 +/- 0.0548
    • Pour graminées et cyprès : k = 0.1711 +/- 0.0471
    • Graminées et platane à feuilles d’érables : k = 0.1897 +/- 0.0493
    • Olivier et cyprès : k = 1 +/- 0.0842
    • Et autres combinaisons : k = 0.3586 +/- 0.0798

 Conclusions :

  • Il y a très peu de corrélations concernant les indications et le choix des allergènes pour une ITS avant et après réalisation d’un DAM.
  • Cette différence justifie l’intérêt d’un DAM en particulier dans les régions ayant une diversité pollinique importante afin de déterminer les indications correctes d’une ITS.

Les auteurs ont étudié si le diagnostic moléculaire entraînait une modification dans l’indication et le choix des allergènes lors d’une prescription d’ITS.

Effectivement, seulement dans 46% des cas il n’y a pas de modification, alors que dans 54% des cas la connaissance du diagnostic moléculaire modifie la prescription d’ITS.

Ce travail est très intéressant car pour la première fois il mesure objectivement la modification dans la prescription de la désensibilisation qui est induite par l’apport du diagnostic allergologique moléculaire.

Le test statistique utilisé est le test kappa qui compare deux classifications qualitatives, ici l’une réalisée sans le diagnostic moléculaire et l’autre en tenant compte des résultats de ce diagnostic. Il n’y a superposition des 2 codages que dans 46% des cas soit un peu moins de la moitié. Dans les autres cas, il y a une différence importante.

Dans ce test statistique, il y a adéquation lorsque le résultat est entre 0.8 et 1. Cela n’est observé que pour l’indication de l’ITS associant cyprès et olivier.

Cela signifie donc plusieurs choses : d’abord que le diagnostic reposant sur l’histoire clinique et les tests cutanés ne permet pas un choix correct d’ITS dans 54% des cas. D’autre part cela signifie donc que le diagnostic moléculaire est indispensable avant une ITS.

Cependant, on peut toujours discuter la validité de ces résultats : le choix de l’ITS a été modifié par le diagnostic moléculaire, mais est-ce que pour autant ce dernier représente réellement le gold standard en matière de diagnostic ?

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