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Après la marche de l’atopie, la marche de la sensibilisation !
vendredi 19 octobre 2012, par
Répartition des allergènes au niveau moléculaire et valeur prédictive de la réponse IgE préclinique à Phleum pratense chez des enfants souffrant de rhume des foins. : Laura Hatzler, Valentina Panetta, Susanne Lau, Petra Wagner, Renate L. Bergmann, Sabina Illi, Karl E. Bergmann, Thomas Keil, Stephanie Hofmaier, Alexander Rohrbach, Carl Peter Bauer, Ute Hoffman, Johannes Forster, Fred Zepp, Antje Schuster, Ulrich Wahn, Paolo Maria Matricardi
dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - October 2012 (Vol. 130, Issue 4, Pages 894-901.e5, DOI : 10.1016/j.jaci.2012.05.053)
– Contexte :
- La sensibilisation IgE médiée vis à vis des pollens de graminées est une cause de rhinite allergique saisonnière.
– Objectifs :
- Nous avons voulu examiner l’évolution au niveau moléculaire et le degré prédictif de la réponse IgE en phase préclinique, vis à vis des pollens de graminées.
– Méthodes :
- L’Etude Allemande Multicentrique a examiné une cohorte de naissance née en 1990.
- Un questionnaire était remis chaque année, et des échantillons de sang étaient collectés aux âges de 1, 2, 3, 5, 6, 7, 10 et 13 ans.
- La rhinite allergique saisonnière par allergie aux pollens de graminées (RAPG) était diagnostiquée en fonction de symptômes en juin/juillet.
- On faisait la recherche sérique d’IgE vis à vis de l’extrait de Phleum pratense et vis à vis des huit allergènes au niveau moléculaire, grâce à des tests immuno-enzymatiques unitaires et multiplex, respectivement.
– Résultats :
- 177 enfants sur les 820 examinés présentaient une RAPG.
- Une faible réponse IgE pour une seule ou pour peu de molécules de P.pratense était fréquemment observée, avant même la survenue de RAPG.
- Cette réponse IgE initiale augmentait en concentration et en complexité moléculaire au cours des phase pré-cliniques et cliniques.
- Une progression typique de la sensibilisation IgE était observée : Phl p 1 (allergène initiant la sensibilisation dans >75% des cas), puis Phl p 4 et Phl p 5, puis Phl p 2, Phl p 6, Phl p 11 et enfin Phl p 12 et Phl p 7.
- A l’âge de 3 ans, une sensibilisation IgE était prédictive d’une RAPG à 12 ans (valeur prédictive positive 68%, [IC 95% de 50 à 83%], valeur prédictive négative 84%, [IC5% 80 à 87%]).
- A ce moment préclinique de prédiction, le nombre de molécules reconnues et les taux sériques d’IgE vis à vis de P.pratense étaient significativement plus bas que 3 ans ou plus après la survenue de la RAPG.
– Conclusions :
- La réponse IgE vis à vis des molécules de pollen de graminées peut débuter des années avant la survenue de la maladie, comme un phénomène de faible monosensibilisation ou d’oligo-sensibilisation.
- Cette réponse peut augmenter en termes de concentration sérique et de complexité, selon un processus de « répartition moléculaire » au cours de la phase préclinique et au cours des premières étapes de la maladie clinique.
- Tester la sensibilisation IgE dans les étapes précliniques facilite la prédiction de la rhinite allergique saisonnière dans sa phase de sensibilisation à une seule ou à peu de molécules.
Comment devient-on allergique aux pollens ? Que se passe-t-il au niveau des IgE : quand apparaissent-elles, dans quel ordre ? Peut-on utiliser les IgE pour prédire une allergie ?
Ces questions sont passionnantes en termes de connaissances théoriques, mais aussi termes pratiques. Cette étude allemande s’y attelle, ne révolutionnant pas les connaissances actuelles, mais les confirmant grâce une solide méthodologie.
Elle repose en effet sur une cohorte de naissance, suivie pendant 13 ans. Plus de 800 enfants nés en 1990 ont été suivis par questionnaire et ont donné des échantillons de sérum régulièrement. Plus de 177 enfants présentaient une rhinite allergique aux pollens de graminées : c’est 21% des enfants suivis, belle proportion !
Les IgE vis à vis de l’extrait total de Pleum pratense ainsi que de huit allergènes au niveau moléculaire étaient recherchées. Leur cinétique d’apparition et de concentration riche d’information.
Tout d’abord, les IgE apparaissent avant même que l’enfant ne présente de symptomatologie de rhinite saisonnière.
La présence d’IgE vis à vis de P.pratense à 3 ans est prédictif d’une allergie clinique à 12 ans.
Plus intéressante est la cinétique d’apparition des IgE vis à vis des allergènes moléculaires. Leur recherche année après année permet de refléter le processus de sensibilisation, entendue en tant que phénomène dynamique.
Les premières IgE à apparaitre sont celles reconnaissant l’allergène majeur du groupe 1, dans 75% des cas. Apparaissent ensuite les IgE pour les groupes 4 et 5, autres allergènes majeurs spécifiques des graminées.
Les panallergènes Phl p 7 (une polcalcine) et Phl p 12 (une profiline) apparaissent plus tardivement, lorsque l’allergie aux pollens de graminées a déjà évolué, le profil de sensibilisation s’étendant. C’est alors que risquent de survenir les réactions croisées avec les autres pollens.
Ces données ne révolutionnent donc pas les connaissances actuelles, cette évolution étant bien établie déjà. Elles ont le mérite de les confirmer sur une large étude de cohorte.
Un peu plus tirées par les cheveux sont les implications cliniques évoquées par les auteurs. Quel est l’intérêt de prédire la survenue d’une allergie aux pollens chez le petit enfant ? De toute façon il n’y a pas encore grand-chose à faire.
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