5 c’est mieux ! Mais non 1, ça suffit !

vendredi 5 mars 2010 par Dr Hervé Couteaux770 visites

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5 c’est mieux ! Mais non 1, ça suffit !

5 c’est mieux ! Mais non 1, ça suffit !

vendredi 5 mars 2010, par Dr Hervé Couteaux

La pollinose la plus répandue en France est due aux Graminées. Les auteurs de cette étude rappellent, en préambule, que les différences tant structurelles qu’en terme d’antigénicité des allergènes issus d’espèces différentes des Poacées sont mal connues, laissant entrevoir que l’étude va tenter d’y répondre. Alors, pari tenu ?

Variabilité moléculaire des groupes 1 et 5 des allergènes du pollen de Graminées parmi quelques espèces de la sous famille des Pooideae : implications pour l’immunothérapie. : H. Chabre 1 , B. Gouyon 1 , A. Huet 1 , V. Boran-Bodo 1 , E. Nony 1 , M. Hrabina 1 , F. Fenaille 2 , A. Lautrette 1 , M. Bonvalet 1 , B. Maillère 2 , V. Bordas-Le Floch 1 , L. Van Overtvelt 1 , K. Jain 1 , E. Ezan 2 , T. Batard 1 and P. Moingeon 1

1 Stallergenes SA, 6 rue Alexis de Tocqueville, 92160 Antony, France and 2 Commissariat à l’Energie Atomique, 91190 Gif-sur-Yvette, France

dans Clinical & Experimental Allergy
Volume 40 Issue 3, Pages 505 - 519

 Contexte :

  • Les différences entre les allergènes majeurs provenant d’espèces distinctes de Graminées restent à déterminer, à la fois en termes de structure et d’antigénicité.

 Méthodes :

  • Des allergènes purifiés des groupes 1 et 5 provenant de cinq espèces communes des Pooideae ont été analysés par spectrométrie de masse (SM).
  • Les complexes majeurs d’histocompatibilité (CMH) de classe II dédiés aux épitopes T ont été identifiés grâce à des algorithmes prédictifs et à des tests de liaison HLA.
  • La réactivité des cellules T CD4 + et la liaison des IgE ont été évalués en se fondant respectivement sur l’induction de l’expression de CD154 dans les cellules mononuclées du sang périphérique et l’utilisation de tests ELISA.

 Résultats :

  • L’analyse en SM du groupe 5 des allergènes du pollen révèle des variabilités considérables intra- et inter-espèces dans la séquence d’acides aminés, avec 30-50 isoformes prédominants trouvés pour chaque espèce.
  • Les différences dans la séquence d’acides aminés ainsi que les N-et O-glycosylations contribuent à la variabilité des allergènes du groupe 1, avec 5-10 isoformes principaux selon les espèces.
  • Sur les 14 épitopes de cellules T du CMH de classe II identifiés dans le groupe 1, un seul est conservé parmi les cinq espèces de graminées.
  • Des différences significatives dans l’affinité de liaison pour les molécules HLA-DR entraînent des reconnaissances variables des cellules T CD4 + des allergènes purifiés du groupe 1 et 5 des diverses espèces.
  • Jusqu’à 38% et 85% des patients présentent des réponses en IgE sériques spécifiques d’espèces ou semi-spécifiques à des épitopes respectivement associés aux groupes 1 et 5.

 Conclusion :

  • Des allergènes majeurs du pollen de Graminées issus d’espèces distinctes comportent à la fois des épitopes T et B partagés et des épitopes spécifiques d’espèces.
  • En comparaison avec des extraits simples, un extrait de pollen de cinq Graminées est donc plus approprié pour l’immunothérapie spécifique, car il contient un répertoire plus large des épitopes IgE auxquels les patients sont sensibilisés.

Les pollens des Graminées contiennent plusieurs allergènes qui font preuve, notamment pour les groupes 1 et 5 d’une variabilité à la fois intra-espèce et inter-espèce.

Cette variabilité moléculaire, responsable d’épitopes distincts, peut probablement donner lieu à des réponses immunes de spécificités elles aussi distinctes.

La conclusion des auteurs est qu’un extrait de pollen de 5 espèces de Graminées est probablement plus approprié pour l’immunothérapie spécifique qu’un extrait d’une seule espèce.

Les praticiens de terrain noteront avec une certaine philosophie qu’après s’être entendu dire que les variabilités entre les pollens issus de différentes espèces de Graminées n’avaient que peu d’importance en raison d’une large réactivité croisée, ils se voient proposer avec une ferveur comparable de tenir compte de cette variabilité, devenue d’un coup très importante.

Le praticien non chercheur est en quelque sorte pris en sandwich entre un laboratoire fabriquant d’extrait allergéniques ayant fait le choix d’un extrait de 5 espèces de Graminées et tel autre ayant fait le choix d’un extrait d’une seule espèce, chaque laboratoire battant le rappel des scientifiques capables d’apporter des arguments en faveur de tel ou tel choix…

S’il faut tenir compte de la variabilité à travers les multiples modulations de l’exposition pollinique, alors se baser sur 17 patients français dont l’origine géographique n’est même pas précisée dans le texte intégral publié ne suffit certainement pas.

S’il ne faut pas en tenir compte, alors qu’on le prouve et cela passe également par une étude poussée des expositions réelles auxquelles sont soumises les populations de patients…

Ne soyons pas naïf : explorer une réalité complexe pour mieux l’appréhender a un coût exorbitant.

Les laboratoires fabricants d’extraits, en tant qu’entreprise commerciale, ont des préoccupations plus en rapport avec leurs choix d’entreprise…

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