Les acariens raffolent de l’Ascaris chez les asthmatiques.

mercredi 4 mars 2015 par Dr Philippe Carré1199 visites

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Les acariens raffolent de l’Ascaris chez les asthmatiques.

Les acariens raffolent de l’Ascaris chez les asthmatiques.

mercredi 4 mars 2015, par Dr Philippe Carré

Les réponses IgE aux tropomyosines d’Ascaris et d’acariens sont des facteurs de risque d’asthme. : Mirka Lumia1,2,3,*, Hanna-Mari Takkinen1,2, Päivi Luukkainen3, Minna Kaila4,5, Susanna Lehtinen-Jacks2, Bright I Nwaru6, Jetta Tuokkola3, Onni Niemelä7, Anna-Maija Haapala8, Jorma Ilonen9,10, Olli Simell11, Mikael Knip3,5,12,13, Riitta Veijola14 andSuvi M. Virtanen1,2,15
DOI : 10.1111/pai.12352

dans Vol. 26 Issue 1
Pediatric Allergy and Immunology

 Contexte :

  • La relation entre les helminthes et l’allergie est un sujet d’intérêt et de recherche considérable
  • Sous les tropiques, l’exposition aux acariens de la poussière de maison, facteur de risque connu d’asthme, est souvent associée à des infections à helminthes
  • Il reste à savoir si l’infection à l’Ascaris commun, ou ses effets immunologiques observés, influencent la prévalence et la pathogénie de l’asthme de façon indépendante à la sensibilisation aux acariens.

 Objectif de l’étude :

  • Étudier la relation entre les réponses IgE à l’Ascaris et ses allergènes purifiés et le risque d’asthme dans un pays tropical.

 Méthodes :

  • Une étude associée cas-contrôle a été réalisée chez 356 sujets ayant rapporté des symptômes présents ou passés d’asthme (asthmatiques) et 435 contrôles qui n’ont jamais ressenti de tels symptômes
  • Ils ont eu des mesures des taux sériques d’IgE totales et d’IgE spécifiques à l’extrait d’Ascaris, Asc 1 (ABA-1), Asc 1 3 (tropomyosine) et à la GST (glutathion transférase)
  • De plus, les IgE spécifiques à Dermatophagoides pteronyssimus, Blomia tropicalis et leurs tropomyosines Der p 10 et Blo t 10 ont été mesurées
  • La sensibilisation était définie comme un résultat positif d’IgE spécifiques à n’importe quel extrait ou recombinant d’allergène.

 Résultats :

  • La sensibilisation à Ascaris et à D. pteronyssimus était associée de façon indépendante à l’asthme après ajustement pour l’âge, le sexe, le statut socioéconomique, la ville, et les autres taux d’IgE (OR ajusté : 2.17 ;IC à 95% 1.37-3.42 et 2.46 ;IC à 95% 1.54-3.92 respectivement)
  • Il y avait aussi une association significative avec la sensibilisation aux tropomyosines hautement allergéniques et ayant une réactivité croisée Asc 1 3, Blo t 10 et Der p 10 (Ora : 1.76 ;IC à 95% 1.21-2.57, 1.64 ;IC à 95% 1.14-2.35 et 1.51 ;IC à 95% 1.02-2.24, respectivement).

 Conclusions et intérêt clinique :

  • Les réponses IgE à l’Ascaris sont associées aux symptômes d’asthme dans une population vivant sous les tropiques
  • La sensibilisation croisée à l’Ascaris et aux tropomyosines d’acariens explique partiellement cette donnée
  • Ces résultats ont un intérêt potentiel dans le diagnostic et la prise en charge de l’asthme.

Cette étude réalisée en Colombie (pays à forte prévalence d’infections à helminthes) a évalué l’hypothèse que les allergènes croisés de l’Ascaris et des acariens sont impliqués dans l’association entre la sensibilisation IgE à l’Ascaris et l’asthme.

A cet effet, les auteurs ont réalisé une étude cas-contrôle de 356 sujets asthmatiques et 435 sujets indemnes d’asthme, en comparant les taux sériques d’IgE spécifiques à Ascaris, aux acariens et à leurs tropomyosines.

Le résultat montre que la réponse IgE induite par Ascaris est un facteur de risque indépendant d’asthme dans la population générale, et suggère que les réponses IgE aux tropomyosines d’Ascaris expliquent au moins partiellement cette réponse.

Il y aurait d’autres explications possibles :

  • les co-expositions aux acariens et à Ascaris pourraient augmenter la réponse TH2 et entraîner des symptômes chez des sujets prédisposés
  • la réactivité croisée entre les deux allergènes pourrait augmenter la réponse IgE à des allergènes particuliers comme les tropomyosines
  • des composants d’Ascaris pourraient en cas d’infection parasitaire booster les réponses IgE aux acariens de l’environnement
    mais le fait que la réponse IgE à Asc s 1 (marqueur d’ascaridiose) soit associée à une réactivité plus importante aux allergènes d’acariens supporte l’idée que l’ascaridiose soit un booster non spécifique des réponses TH2.

Même si cette étude a un certain nombre de limites (pas de recherche d’infection parasitaire dans les selles, pas de diagnostic clinique confirmé d’asthme, absence de screening complet des recombinants, biais de sélection des contrôles avec non prise en compte des sujets avec rhinite ou eczéma), elle montre que dans un environnement tropical, et au moins pour la sensibilisation aux acariens, l’infection aigue ou ancienne à Ascaris augmente la réponse à IgE et représente un facteur de risque indépendant d’asthme, et que les tropomyosines (d’Ascaris et d’acariens) expliquent partiellement cette association.

Cette étude apporte un élément supplémentaire dans les hypothèses complexes quant à l’immunomodulation induite par l’infection parasitaire à Ascaris.

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