La chasse aux acariens protège-t-elle de l’allergie ?

lundi 20 janvier 2003 par Dr Alain Thillay2336 visites

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La chasse aux acariens protège-t-elle de l’allergie ?

La chasse aux acariens protège-t-elle de l’allergie ?

lundi 20 janvier 2003, par Dr Alain Thillay

Des études antérieures ont montré l’intérêt de mesures appliquées dès la naissance afin d’éviter l’évolution des manifestations de l’atopie. Ici, cette grande étude européenne multicentrique ( SPACE) tente de confirmer cette thèse. Cette étude irait-elle à l’encontre de la théorie hygiéniste ?

Étude de la prévention de l’allergie chez les enfants en Europe, étude SPACE (Study on the Prevention of Allergy in Children in Europe) : sensibilisation allergique d’enfants âgés d’un an dans une étude contrôlée de l’éviction allergénique depuis la naissance. : Gerhard Halmerbauer1, Christian Gartner1, Michael Schierl1, Hassan Arshad2, Tara Dean2, Dieter Y. Koller1, Wilfried Karmaus3, Joachim Kuehr4, Johannes Forster4, Radvan Urbanek1, Thomas Frischer1 and the SPACE collaborative study team dans Pediatric Allergy and Immunology 13 (s15), 47-54

Quelques études ont démontré qu’une intervention précoce peut moduler l’évolution naturelle des maladies atopiques.

 Notre objectif était de prévenir la sensibilisation aux acariens domestiques et aux trophallergènes, et ainsi que le développement des symptômes allergiques durant la petite enfance. Cela à l’aide d’un programme éducationnel et l’usage de housses de matelas imperméables aux allergènes.

 Il s’agissait d’une étude de population contrôlée, randomisée, multicentrique européenne concernant des enfants à haut risque d’atopie, étude SPACE, pratiquée dans 5 pays (Autriche, Allemagne, Grèce, Royaume-Uni et Lituanie). Cette étude incluait 3 cohortes : enfants d’âge scolaire, nourrissons et nouveau-nés.

Nous avons rapporté les données concernant la cohorte de nouveau-nés.

 Au total, 696 nouveau-nés d’Autriche, du Royaume-Uni et d’Allemagne étaient inclus.
 Les critères d’inclusion étaient les suivants :
* des antécédents d’allergie parentale ;
* des tests cutanés positifs ou présence d’IgE spécifiques sériques à l’encontre d’au moins un aéroallergène classique chez un des parents ou chez les deux.

 A l’âge d’un an, nous recherchions le taux de sensibilisation globale à l’encontre des acariens domestiques (Dermatophagoïdes pteronyssinus, Der p et Dermatophagoïdes farinae, Der f) et des trophallergènes (lait de vache et œuf de poule).

 Dans le groupe prophylactique, ce taux était de 6,21 % contre 10,67 % dans le groupe contrôle.
 La prévalence de la sensibilisation à l’encontre de Der p était de 1,86 % dans le groupe prophylactique contre 5 % dans le groupe contrôle.

 En conclusion, il nous a été possible de démontrer que, dans un groupe de nouveau-nés à haut risque de manifestation d’atopie, le taux de sensibilisation aux aéroallergènes et aux trophallergènes peut effectivement diminuer grâce à l’usage de housses de matelas imperméables et à l’application de mesures préventives faciles à mettre en œuvre.


Il s’agit ici d’une étude prospective qui a permis de suivre 694 nouveau-nés durant un an.

Elle montre que des mesures simples comme l’utilisation de housses de matelas anti-acariens et comme l’application de mesures de préventions environnementales et alimentaires, permettent de diminuer les sensibilisations allergéniques chez des nouveau-nés à haut risque d’atopie.

Il n’y a pas photo. Les nourrissons du groupe prophylactique ont une prévalence moindre de sensibilisation aux acariens domestiques, au lait de vache et à l’œuf de poule.

Nous irions à priori à l’encontre de la théorie hygiéniste. Peut-être pas. La théorie hygiéniste édicte la pensée suivante : le fait de vivre très tôt à la campagne au contact d’animaux de ferme permet d’exposer le système immunitaire aux endotoxines bactériennes qui ont un rôle de maturation de l’immunité.

Ainsi, cette maturation autoriserait une équilibration de la balance TH1/TH2. Alors faudrait-il soumettre les enfants à haut risque atopique à un environnement domestique type « ferme d’élevage » et dans le même temps pratiquer une éviction des acariens et les faire suivre quelques consignes de bon sens de prévention des allergies ?

Est-ce que ce n’était pas ce que vivaient nos ancêtres ruraux ? Contact régulier avec les animaux de la ferme, nourriture naturelle et dormir sur un matelas de plumes dans une chambre non chauffée l’hiver et matelas qui passait de longue journée en plein soleil l’été.

Ils étaient moins allergiques nos ancêtres !

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