Le gène met KO l’environnement, ou la malédiction de l’hérédité !!

dimanche 26 octobre 2003 par Dr Stéphane Guez1522 visites

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Le gène met KO l’environnement, ou la malédiction de l’hérédité !!

Le gène met KO l’environnement, ou la malédiction de l’hérédité !!

dimanche 26 octobre 2003, par Dr Stéphane Guez

Est-ce que le fait de réaliser précocement une éviction des allergènes permet de diminuer la fréquence des sensibilisations allergiques ? Et inversement est-ce qu’une exposition importante à des allergènes très sensibilisants comme le chat ou le chien augmente la fréquence des allergies ultérieures ? A priori oui, en réalité…

Fréquence de la sensibilisation allergique à 4 ans dans une population d’age scolaire où l’allergie au chat et au chien domine la sensibilisation : rapport du groupe d’étude des affections bronchiques obstructives du Nord de la Suède. : Ronmark E, Perzanowski M, Platts-Mills T, Lundback B ; Obstructive Lung Disease in Northern Sweden Study Group.

Department of Medicine, Sunderby Central Hospital of Norrbotten, Lulea, Sweden

dans J Allergy Clin Immunol. 2003 Oct ;112(4):747-54.

L’exposition à des taux élevés d’allergènes de chat pourrait prévenir la sensibilisation.

 Objectif : Les auteurs ont mesuré la fréquence de la sensibilisation allergique chez des enfants scolarisés vivant dans un environnement sans acariens ni blattes et avec des facteurs de risques associés.

 Méthode :
* en 1996, une cohorte longitudinale a été constituée en Suède du nord, incluant 2454 enfants âgés de 7 à 8 ans.
* Les enfants avaient eu des tests cutanés et ces tests ont été refaits 4 ans plus tard.
* Des questionnaires ont été remplis chaque année.
* La participation a été de 88% de 1996 à 2000.

 Résultats :
* La prévalence de tests cutanés positifs augmente de 20.6% de l’age de 7- 8 ans à 30.4% à l’age de 11 - 12 ans, avec une fréquence cumulée de 13.8%, et est significativement plus élevée parmi les garçons.
* La fréquence est plus élevée pour le chat (6%), la fléole des près (5.9%) le chien (4.9%) et le bouleau (3.6%).
* Des antécédents familiaux d’allergie sont les facteurs de risque majeurs à la fois pour avoir des tests cutanés positifs à l’age de 7-8 ans (odd ratio 1.69 ; IC95% : 1.36-2.10) et pour le développement d’une réponse cutanée positive après 4 ans (odd ratio 1.67, IC95% : 1.23-2.28).
* Une association significative inverse entre les propriétaires de chats et de chiens et la prévalence d’une allergie immédiate a été trouvée surtout pour les enfants qui vivent avec un chat avant l’age de 7-8 ans et pendant les 4 années suivantes (OR 0.44 ; IC95% : 0.31-0.61).
* Une évolution similaire, bien que non significative, a été trouvée pour les cas incidents.

 Conclusion :
* La fréquence élevée d’une allergie de type 1 à cet age est identique à celle observée dans les populations exposées à des allergènes d’acariens et de blattes.
* Malgré le fait que les allergènes du chat et du chien sont des sensibilisants fréquents, garder ces animaux à la maison n’est pas associé à un risque plus élevé de sensibilisation.


Dans ce travail, les auteurs démontrent que le fait de vivre pendant 4 ans dans un environnement pauvre en acariens et en allergènes de la blatte ne modifie pas l’évolution naturelle de la sensibilisation qui est liée à l’hérédité. Le fait de vivre dés le plus jeune age avec chien et chat n’entraîne pas plus de sensibilisations.

Décidément rien ne va plus dans le domaine de l’éviction allergénique.

Toutes les données de ces dernières années sont réduites à néant ou presque par plusieurs études épidémiologiques, dont celle-ci, qui démontrent que la sensibilisation et le développement de l’allergie ne sont pas réduits par une éviction précoce à certains allergènes.

Au contraire même, le fait d’être soumis très tôt à des allergènes puissants semble bien protéger de l’allergie ultérieure plutôt que la développer.

Ainsi, la théorie hygiéniste peut être interprétée sous un jour nouveau : c’est l’excès d’éviction allergénique qui pourrait être responsable du développement des allergies, une forte exposition permanente pouvant au contraire induire une tolérance.

Il faut des études expérimentales pour confirmer ces nouvelles données avant d’élever nos enfants au milieu de chats, chiens et hamsters dans un tas de chiffons riches en acariens, en prenant soin bien entendu de laisser traîner de vieux morceaux de gâteaux pour attirer suffisamment de blattes et peut-être avec de la chance quelques souris !!!

Délire ? Ou thérapeutique préventive de pointe ?

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