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Un bon gratteur en fait gratter dix !
mardi 3 mai 2011, par
Contagiosité du prurit chez les humains. Une étude de « transmission » visuelle du prurit chez des patients atteints de dermatite atopique et chez des sujets sains. : A.D.P. Papoiu1,
H. Wang1,
R.C. Coghill2,
Y-H. Chan4,
G. Yosipovitch1,2,3,*
dans British Journal of Dermatology
– Contexte :
- Un certain nombre d’éléments anecdotiques suggèrent que le prurit est contagieux dans la vie quotidienne lorsque l’on voit d’autres personnes souffrant de prurit qui se grattent.
- Ce phénomène n’a pas été étudié de façon systématique jusqu’alors et les facteurs qui peuvent amplifier la perception du prurit restent inconnus.
– Objectif :
- Nous avons étudié le fait de savoir si l’exposition à des indices visuels de prurit peut provoquer ou aggraver un eczéma chez des sujets sains et chez des sujets atteints de dermatite atopique.
– Méthodes :
- Les participants ont reçu de l’histamine ou une solution saline de contrôle sur l’avant-bras et ont été invités à regarder des clips vidéo de personnes se grattant.
- L’induction spontanée à se gratter par des signaux visuels a été suivie et analysée.
– Résultats :
- Les patients atteints de dermatite atopique ont rapporté une intensité plus élevée du prurit et se sont grattés plus souvent en regardant les vidéos de démangeaisons, même en cas de moquerie adressée à l’encontre du stimulus du prurit.
- la sensibilité de l’homme à développer l’eczéma lorsqu’il est exposé à des repères visuels de prurit est confirmée et semble amplifiée chez les personnes souffrant de dermatite atopique.
– Conclusions :
- Ces résultats suggèrent que les indices sociaux interpersonnels peuvent altérer radicalement l’expérience subjective sensorielle du prurit.
Le moins que l’on puisse dire c’est que les auteurs américains de ce travail ne manquent pas d’un certain humour.
Toutefois, à y regarder de plus près, tout le monde sait que la gratouille est contagieuse, il suffit qu’un sujet évoque la férocité de son prurit, il suffit qu’un sujet, qui se gratte, soit suspect de gale par exemple, pour que, à l’instar du bon bailleur qui en fait bailler dix, le bon gratteur provoque prurit et grattage chez dix témoins !
Il s’agit d’une étude comportementale.
Des sujets sains et des patients atteints de DA visualisent des clips vidéo montrant des personnes se grattant, ils ont reçu sur l’avant-bras soit une solution à l’histamine ou soit une solution témoin saline.
Tous les participants sont observés quant à l’apparition de signes de grattage.
De plus, un commentateur vient critiquer et se moquer de l’attitude des personnes filmées visibles sur les vidéos.
Mais, moquerie ou pas, tous les protagonistes se plaignent de prurit et se grattent, plus ceux qui ont de bonnes raisons de le faire, c’est-à-dire les patients atteints de DA.
Les auteurs de conclure qu’il existe des signes qui ont une forte valeur évocatrice et provocatrice entraînant mimétisme sensoriel et comportemental.
Le mimétisme, au plan comportemental, est un mécanisme fondamental de l’apprentissage.
Au plan psychologique, le mimétisme est là aussi un mécanisme fondamental du comportement humain ; il s’agit d’un facteur culturel.
Le mimétisme intervient dans l’apprentissage de l’utilisation du corps dans l’espace, du maniement d’outils et l’acquisition de techniques, l’acquisition du langage, l’acquisition de mécanismes mentaux.
Nous le voyons le mimétisme sous-tend du sens et plutôt en positif.
Alors que signifie le mimétisme sensoriel et comportemental du prurit, je n’ai pas d’idée mais cela remonte sûrement à l’âge des cavernes…
En tous cas, maintenant c’est prouvé, la gratouille est contagieuse !
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