On le savait mais c’est confirmé : allergie de l’enfant, le père n’y est pour rien, c’est la faute de la mère !!

samedi 22 novembre 2003 par Dr Stéphane Guez2168 visites

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On le savait mais c’est confirmé : allergie de l’enfant, le père n’y est pour rien, c’est la faute de la mère !!

On le savait mais c’est confirmé : allergie de l’enfant, le père n’y est pour rien, c’est la faute de la mère !!

samedi 22 novembre 2003, par Dr Stéphane Guez

Peut-on prédire le risque atopique d’un nouveau né autrement que par la recherche des antécédents allergiques chez les parents ? De plus, cette enquête se heurte au fait que souvent les affections d’allure allergiques décrites par les parents n’ont jamais été vraiment confirmées sur le plan clinique ou biologique. Existe-t-il un autre facteur faisant craindre l’apparition de l’allergie ?

Prédiction prénatale de l’atopie de l’enfant par le taux des IgE maternelles mais pas paternelles. : Chieh-An Liu, MDa
Chih-Lu Wang, MDa Hau Chuang, BSa Chia-Yu Ou, MDb Te-Yao Hsu, MDb Kuender D. Yang, MD, PhDa

aChang Gung Children’s Hospital at Kaohsiung, Taiwan
bDepartment of Obstetrics and Gynecology, Chang Gung Memorial Hospital at Kaohsiung, Taiwan

dans JACI November 2003 • Volume 112 • Number 5

Les antécédents atopiques des parents ont été longtemps considérés comme prédictifs de l’atopie de l’enfant. Cependant, des biais de questionnaire dans les antécédents allergiques sont fréquemment suspectés car un grand nombre de rhinite vasomotrice, d’asthme intrinsèque ou de dermatite séborrhéique sont probablement mal diagnostiqués et considérés comme des affections atopiques.

 Objectif de l’étude : Les auteurs ont cherché un autre facteur de risque d’atopie que les antécédents familiaux pour l’enfant.

 Méthode :
* Un total de 655 familles a été recruté en période prénatale avec 545 familles qui ont terminé l’étude pour une analyse prospective de l’atopie de l’enfant à 6 mois.
* Les antécédents atopiques, des échantillons sanguins des parents ont été collectés durant le 3° trimestre de la grossesse.
* Du sang du cordon a également été collecté immédiatement après la naissance.
* Des échantillons sanguins de l’enfant et le développement d’un eczéma ont été recueillis lors d’un examen physique complet à 6 mois.
* Le taux des IgE totales et des IgE spécifiques a été déterminé par méthode CAP system Pharmacia.

 Résultats  :
* Un antécédent atopique maternel mais non paternel est corrélé à une augmentation des IgE totales du cordon et à la survenue d’un eczéma chez l’enfant.
* Une élévation maternelle mais non paternelle du taux des IgE totales (> 150 KU/L) est significativement corrélée à une augmentation du taux des IgE du cordon (médiane 0.54 versus 0.17 KU/L, p<0.001), au taux des IgE de l’enfant (transformation logarithmique du taux : 1.32 +/- 0.51 versus 1.13 +/- b0.51 KU/L, p<0.001) et à l’eczéma de l’enfant (p=0.008).
* Une analyse multi variée en régression logistique montre que seul le taux des IgE totales de la mère est corrélé à une augmentation des IgE du cordon de l’enfant et à une augmentation du taux des IgE ainsi qu’au développement d’un eczéma chez l’enfant.

 Conclusions :
* Le taux des IgE maternelles est corrélé à une augmentation des IgE chez l’enfant et au développement d’une dermatite atopique mais pas le taux des IGE du père.
* La signification prédictive de ce taux à une spécificité de 83% et une sensibilité de 34%.
* Ces résultats suggèrent que les facteurs maternels ou placentaires ou les 2 ont un impact sur le développement d’une sensibilisation après la naissance.


Dans ce travail épidémiologique appuyé sur des dosages biologiques, les auteurs démontrent que le taux des IgE maternelles à une bonne spécificité pour prédire le risque de développement d’un terrain atopique chez l’enfant avec élévation du taux des IgE du cordon et à 6 mois, ainsi que du risque de faire une dermatite atopique.

Ainsi seule la mère serait responsable des malheurs allergiques du nouveau né, le père , le pauvre ayant de tout temps été injustement accusé de participer à cet état. Il est donc logique que la maman assure l’essentiel de la prise en charge thérapeutique de l’affection de son rejeton, avec en particulier toutes ces visites si longues chez les médecins.

Plus sérieusement, il faut retirer de ce travail qu’il y a sans doute des facteurs au moment de la grossesse qui pourrait favoriser l’apparition d’un terrain allergique chez le nouveau né.

Cependant des biais sont possibles car le taux des IgE totales n’est pas un bon reflet du terrain atopique et la dermatite atopique ne signifie pas forcément polysensibilisation.

D’autre part pour faire un enfant il faut être deux, et il est difficile de penser que seuls certains gènes sont fonctionnels et pas ceux du père. Il est difficile de penser qu’il n’y ait pas des facteurs compensateurs ou aggravants lors de ce mélange des gènes.

Il est donc nécessaire de prendre ce résultat avec circonspection et d’attendre qu’il soit confirmé par d’autres études.

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