Mauvaise nouvelle, les petits atopiques n’aiment pas respirer les hydrocarbures : il faudrait rapidement reconstruire les villes à la campagne.

mercredi 28 janvier 2015 par Dr Stéphane Guez490 visites

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Mauvaise nouvelle, les petits atopiques n’aiment pas respirer les hydrocarbures : il faudrait rapidement reconstruire les villes à la campagne.

Mauvaise nouvelle, les petits atopiques n’aiment pas respirer les hydrocarbures : il faudrait rapidement reconstruire les villes à la campagne.

mercredi 28 janvier 2015, par Dr Stéphane Guez

L’exposition dans l’enfance aux hydrocarbures polycycliques aromatiques présents dans l’air ambiant est liée à des modifications épigénétiques et une altération des cellules T immunitaires. : K. M. Hew, A. I. Walker, A. Kohli, M. Garcia, A. Syed, C. McDonald-Hyman, E. M. Noth, J. K. Mann, B. Pratt, J. Balmes, S. Katharine Hammond, E. A. Eisen and K. C. Nadeau,

dans Clinical & Experimental Allergy, 2015 (45) 238–248.

 Introduction :

  • Des preuves suggèrent que l’exposition aux hydrocarbures polycycliques aromatiques (PAHs) augmente l’atopie.
  • Mais on ne sait pas comment l’exposition aux PAHs est liée à l’augmentation de la sévérité de l’atopie.

 Objectif de l’étude :

  • Les auteurs ont fait l’hypothèse que l’exposition aux PAHs ambiants est liée à une altération de l’immunité chez les enfants atopiques (définis comme des enfants avec de l’asthme et/ou une rhinite allergique) de la ville de Fesno, Californie, une zone avec des PAHs ambiants élevés.

 Matériel et Méthode :

  • Il a été recruté 356 patients de Fesno, CA.
  • Les concentrations ambiantes de PAHs (ne/m3) ont été mesurées selon un modèle de régression logistique sur de nombreuses périodes.
  • Le diagnostic d’asthme a été déterminé selon les critères NHLBI.
  • Les phénotypes et les mesures fonctionnelles immunes ont été réalisés sur des cellules isolées.
  • Pour l’étude épigénétique, le DNA a été isolé et séquencé.

 Résultats :

  • Il est observé qu’une exposition à un taux élevé de PAH est :
    • significativement associée à une altération des fonction T régulatrices,
    • et à une augmentation de la méthylation du locus de la FOXP3 (p>0.05), qui conditionne le statut atopique.
  • Ces modifications épigénétiques sont significativement liées à des expressions protéiques différentes de FOXP3 (p<0.001).
  • La méthylation est associée à des modifications fonctionnelles cellulaires, en particulier à une dysfonction des T reg, et une augmentation des taux plasmatiques des IgE totales.
  • L’expression protéique d’IL10 diminue, et celle de l’INF-γ augmente en fonction de la durée de l’exposition aux PAHs.
  • La force de l’association généralement augmente avec l’augmentation de la durée de la fenêtre d’exposition aux PAHS, de 24h à 1 an, suggérant plutôt une réponse chronique.
  • Des associations significatives avec l’exposition chronique aux PAH et le devenir immunologique sont également observés chez les patients ayant une rhinite allergique.

 Conclusion :

  • Globalement, ces résultats démontrent que l’exposition aux PAH ambiants est associée à une altération du système immunitaire et à des modifications épigénétiques au niveau d’un locus clé impliqué dans l’atopie : FOXP3, avec un impact plus important chez les enfants atopiques.
  • Les résultats suggèrent que l’augmentation des symptômes cliniques de l’atopie chez les enfants est liée à l’augmentation de l’exposition aux PAH dans la pollution de l’air ambiant.

Dans ce travail portant sur des enfants atopiques exposés, les auteurs démontrent qu’il existe un lien entre la durée de l’exposition aux hydrocarbures aromatiques polycycliques présents dans l’air ambiant et des modifications du système immunitaire, en particulier l’expression de FOXP3 et une altération des T reg.

Cette étude apporte une nouvelle hypothèse pouvant expliquer l’augmentation de fréquence et la sévérité des maladies atopiques.

Les auteurs se sont penchés sur le rôle des hydrocarbures aromatiques polycycliques qui proviennent, entre autres, de la fumée de cigarettes, des différents moteurs automobiles ainsi que de la combustion de nombreux déchets.

Ce travail démontre que l’exposition à ces polluants, bien connus sur le plan cancérigène, entraine des modifications de lecture du génome par le biais d’une méthylation de l’ADN, avec modifications de l’expression de nombreuses protéines impliquées dans le développement de l’allergie.

La durée de l’exposition est plus importante qu’une exposition ponctuelle.

Bien entendu il faut des études complémentaires sur le plan épidémiologique, car il y beaucoup d’hydrocarbures aromatiques polycycliques, qui sont différents selon la source de production avec des niveaux de toxicité différents. Il y a également des interactions avec le rayonnement UV, les autres polluants dans l’air, ce qui va entrainer des modifications moléculaires qui sont à prendre en compte dans l’étude du retentissement sur la santé.

Mais il s’agit d’une nouvelle piste intéressante qui a le mérite de faire le lien avec les modifications épigénétiques de façon très claire, en lien avec le contrôle de la réponse immunitaire.

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