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Même in-utéro, on n’est à l’abri de rien...
mardi 30 décembre 2003, par
Les facteurs environnementaux du début de la vie ont déjà fait l’objet de publications nombreuses. Ici, les auteurs vont plus loin et prennent en compte ces mêmes facteurs mais durant la grossesse. Ces facteurs auraient-ils un rôle dans le devenir asthmatique ou non de la progéniture ?
Infections prénatales et complications utérines gravidiques et développement de l’asthme infantile allergique ou non. : M. Calvani1, C. Alessandri1, S. Miceli Sopo2, V. Panetta3, S. Tripodi3, A. Torre4, G. Pingitore5, T. Frediani6, A. Volterrani7 and the Lazio Association of Pediatric Allergology (APAL) Study Group
1Department of Pediatrics, San Camillo de Lellis Hospital, Rome ; 2Department of Pediatrics, Policlinico Agostino Gemelli, Rome ; 3Pediatric Allergology Service, Sandro Pertini Hospital, Rome ; 4Institute of Neurobiology and Molecular Medicine, Consiglio Nazionale delle Ricerche, Rome ; 5Department of Pediatrics, G. B. Grassi Hospital, Rome ; 6Department of Pediatrics, Policlinico Umberto 1o, Rome ; 7Department of Pediatrics, Nuovo Regina Margherita Hospital, Rome, Italy
dans Allergy 59 (1), 99-106.
– CONTEXTE.
* Il a été suggéré que les facteurs environnementaux du début de la vie, particulièrement ceux concernant l’hygiène et les infections, semblent être impliqués dans l’augmentation de l’asthme et des manifestations allergiques observées récemment dans les pays développés.
* Les effets possibles de ces facteurs in utéro n’ont pas encore été totalement clarifiés.
– OBJECTIF.
Le but de cette étude était de rechercher l’association entre les infections prénatales et les complications utérines gravidiques, aussi bien que les facteurs médicamenteux, et l’asthme infantile allergique ou non.
– METHODES.
* Il s’agissait d’une étude cas-contrôle enrôlant 338 enfants asthmatiques et 467 cas de contrôle qui n’avaient jamais souffert de sifflements thoraciques ou d’asthme.
* Les épisodes fébriles, les épisodes viraux, les menaces d’accouchement prématuré et les facteurs en relation avec les médicaments étaient rétrospectivement évalués par un rapport parental via un questionnaire standardisé.
* L’atopie était déterminée par des prick-tests concernant les aéroallergènes courants au moment de l’enquête.
– RESULTATS.
* Les épisodes viraux durant la grossesse étaient significativement associés au développement de l’asthme chez les enfants [rapport de cotes ajusté (aOR) 1,91 ; intervalle de confiance de 95% (95% CI) 1,1 à 3,2], principalement à l’asthme non allergique.
* Les épisodes fébriles montraient des résultats similaires (aOR 2,16 ; 95% CI 1,2 à 3,9), mais étaient associés à la fois à l’asthme allergique et non allergique.
* Les effets paraissaient surtout dus aux épisodes viraux et aux épisodes fébriles contractés dans le troisième trimestre.
* L’exposition à l’Isoxsuprine était significativement associée à l’asthme (aOR 1,54 ; 95% CI 1,08 à 2,19) alors que les menaces d’accouchement prématuré l’étaient plus fréquemment dans le groupe d’asthmatiques que dans le groupe de contrôles, ainsi la différence était statistiquement significative seulement si ces évènements survenaient dans le second trimestre (aOR 2,06 ; 95% CI 1,07 à 3,94).
* La menace d’accouchement prématuré et l’exposition à l’Isoxsuprine ensemble étaient associées uniquement à l’asthme non allergique.
– CONCLUSIONS.
* Cette étude confirme que les complications infectieuses prénatales peuvent contribuer au développement de l’asthme infantile et montrer un rôle possible pour un nouveau facteur de risque de l’asthme qu’est l’exposition à l’Isoxsuprine.
* Toutefois, des études prospectives plus importantes, capables de séparer l’asthme allergique de l’asthme non allergique, serviraient à confirmer ces résultats et à expliquer le mécanisme possible qui permet à ces facteurs d’agir.
Les lecteurs assidus de notre site ont lu de nombreuses études à propos des facteurs environnementaux du début de la vie et leurs possibles retentissements sur l’apparition des maladies allergiques IgE médiées.
Toutefois, pour la plupart, il s’agit d’études rétrospectives dont les résultats ne sont pas confirmés par les quelques études prospectives qui commencent à être publiées à ce sujet.
Ces auteurs italiens ont donc pratiqué une étude rétrospective cas-témoin prenant en compte les facteurs environnementaux durant la grossesse.
Les facteurs retenus étaient les épisodes infectieux d’origine virale ou non, les menaces d’avortement et le rôle des médicaments pris.
Premier résultat qui est cohérent avec ce que l’on observe chez les nourrissons, les épisodes viraux sont reliés à l’asthme non allergique.
Autre résultat qui semble pertinent, les épisodes infectieux toute catégorie sont liés à l’asthme allergique ou non.
Le lien entre exposition à l’isoxsuprine et asthme mérite que l’on s’y arrête.
L’Isoxsuprine, connu en France sous le nom de DUVALIDAN, est un médicament associant Phenethylamine et Propanol qui n’est plus commercialisé en France.
Il est toujours disponible dans les pays suivants : Royaume-Uni, Belgique, Suisse, Pays-bas, Allemagne, Italie, Israël et Etats-Unis.
Il s’agit d’un vasodilatateur musculotrope sympathicomimétique Bêta.
Ses indications en obstétrique sont la menace d’accouchement prématuré, l’hyperkinésie utérine et comme adjuvant de la chirurgie sur utérus gravidique.
Dire que l’exposition à ce médicament est reliée à l’asthme chez le nourrisson paraît un peu présomptueux, il s’agit sans doute plutôt d’un lien avec la menace d’accouchement prématuré ou l’hyperkinésie utérine qui peuvent correspondre d’ailleurs à un trouble de la motricité utérine.
Il ne faut donc pas tirer de conclusion hâtive et attendre les études prospectives de grandes envergures.
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