Les allergologues sont joueurs : mise au point d’un consensus pour faire gonfler les patients.

jeudi 3 juin 2004 par Dr Stéphane Guez1738 visites

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Les allergologues sont joueurs : mise au point d’un consensus pour faire gonfler les patients.

Les allergologues sont joueurs : mise au point d’un consensus pour faire gonfler les patients.

jeudi 3 juin 2004, par Dr Stéphane Guez

La dose seuil qui déclenche une réaction est variable selon les aliments permettant un régime d’éviction plus ou moins strict. Ces tests de provocation pour déterminer ces seuils sont appliqués avec des protocoles très variables. Peut-on mettre au point un protocole commun permettant d’exploiter les résultats sur un plan statistique ?

Consensus autour d’un protocole pour la détermination des doses seuils dans l’allergie alimentaire : à partir de quelle dose c’est trop ? : Taylor SL, Hefle SL, Bindslev-Jensen C, Atkins FM, Andre C, Bruijnzeel-Koomen C, Burks AW, Bush RK, Ebisawa M, Eigenmann PA, Host A, Hourihane JO, Isolauri E, Hill DJ, Knulst A, Lack G, Sampson HA, Moneret-Vautrin DA, Rance F, Vadas PA, Yunginger JW, Zeiger RS, Salminen JW, Madsen C, Abbott P.

University of Nebraska, Food Allergy Research and Resource Program, Lincoln, NE 68583, USA. staylor2@unl.edu

dans Clin Exp Allergy. 2004 May ;34(5):689-95

 Introduction :

  • Alors que l’ingestion d’une petite dose d’aliment interdit peut entraîner des réactions indésirables chez des patients ayant une allergie alimentaire IgE médiée, il y a peu de données sur les doses seuils qui déclenchent des réactions allergiques aux aliments.
  • Alors que des tests de provocation avec de faibles doses ont été réalisés chez un grand nombre de patients allergiques, de nombreux protocoles différents ont été utilisés rendant l’utilisation de ces doses seuils très difficiles.

 Objectif de l’étude  :

  • Une conférence a été convenue pour développer un consensus clinique sur un protocole de test de provocation alimentaire pour déterminer la dose seuil des réactions allergiques alimentaires.

 Méthodologie  :

  • En mai 2002, 20 allergologues cliniciens et d’autres spécialistes concernés ont été invités à participer à une table ronde pour mettre au point un consensus sur les éléments clés d’un protocole clinique de test de provocation pour déterminer les doses seuils allergiques.

 Résultats : Un consensus a pu se faire dont voici les points principaux.

  • Les patients ayant des antécédents convaincants d’allergie alimentaire avec des preuves diagnostiques incluant un test de provocation oral ou des taux élevés d’IgE spécifiques par CAP-RAST peuvent être inclus dans ces protocoles de test de provocation à faibles doses.
  • Il faut particulièrement faire attention chez les jeunes enfants pour s’assurer qu’ils n’ont pas aggravé leur allergie alimentaire.
  • Un protocole a été développé sur la nécessité ou non d’une prémédication chez les patients qui entrent dans ce protocole.
  • Le matériel de test doit être standardisé, par exemple, sur la nature de l’allergène utilisé.
  • Le matériel de tests doit également être approprié à la méthode du double aveugle avec une évaluation sensorielle pour s’assurer qu’il s’agit bien d’un test à l’aveugle.
  • Les faibles doses devraient débuter à 10 microgrammes de l’aliment allergénique avec ensuite des doses de 100 microgrammes puis de 1 mg, jusqu’à 100 mg ou plus selon le jugement du médecin.
  • Mais des doses plus fortes pourraient être données pour s’assurer que le patient est réellement allergique à l’aliment testé.
  • Un intervalle de 30 minutes doit être respecté entre les doses, et les doses déclenchantes doivent être exprimés à la fois en terme de dose déclenchante, mais aussi en terme de dose cumulée.
  • Le but de chaque test doit être de développer seulement des manifestations symptomatiques : les essais ne doivent pas être interrompus seulement sur des signes subjectifs.
  • Statistiquement il faudrait inclure 29 patients pour des tests de détection de seuil pour chaque aliment allergénique, car il a été calculé que 0 patients sur 29 qui réagissent à une dose donnée permet de dire avec 95% de certitude que 90% des patients allergiques ne réagiront pas à cette dose.

 Conclusion  :

  • Un protocole de consensus a été développé.
  • A l’aide de ce protocole, il sera possible d’estimer les doses seuils déclenchantes pour les allergènes alimentaires, c’est-à-dire la plus faible dose qui entraîne une réaction modérée symptomatique objective chez les patients les plus allergiques.

Ce travail rapporte les conclusions d’une réunion de consensus sur l’intérêt et surtout la méthode à appliquer pour déterminer, par un test de provocation oral, les doses seuils déclenchant une réaction allergique chez des patients ayant une allergie alimentaire. Une étude multicentrique sera alors possible.

Actuellement, le problème de l’allergie alimentaire est la difficulté à porter un diagnostic précis dans de nombreuses situations cliniques, sans l’aide d’un test de provocation alimentaire.

Ce test est long à réaliser, ne peut se faire qu’en milieu hospitalier et coûte cher.

De grands espoirs sont donc fondés sur les courbes de corrélation établies entre le taux réels des IgE spécifiques (et non pas le taux exprimés en classes) et le risque d’avoir un test de provocation alimentaire positif.

Ainsi, il est actuellement possible de ne pas réaliser un test de provocation alimentaire lorsque les IgE spécifiques sont au dessus d’un certain seuil.

Dans le même ordre d’idée, il serait important de pouvoir déterminer à partir de quelle dose un aliment devient dangereux pour un patient allergique. C’est-à-dire, jusqu’où faut-il pousser l’éviction ? Qu’appelle-t-on des traces d’aliments allergéniques ?

Pour déterminer la dose seuil déclenchante il faut également faire un test de provocation par voie orale. Ces tests sont faits par de nombreuses équipes mais les résultats ne peuvent être analysés de façon globale car chaque équipe à un protocole différent.

A l’aide de ce protocole consensuel qui devra donc être adopté par toutes les équipes, il sera possible de conduire des tests dans de nombreux centres d’allergologie, puis de colliger les résultats afin d’obtenir des courbes de corrélation permettant pour chaque aliment de déterminer les doses seuils déclenchantes.

Le seul problème, mais qui est de taille, c’est que le mécanisme de l’allergie alimentaire est encore mal connu avec une très grande variabilité individuelle, du moins lorsqu’on compare les patients en fonction des tests cutanés et des IgE spécifiques. Des études récentes semblent monter qu’il n’y a pas forcément une bonne corrélation entre allergie alimentaire et IgE, le mécanisme déterminant étant le taux de production d’IL10 au niveau des plaques de Peyer du système lymphoïdes associé du tube digestif.

Il y a donc encore des études fondamentales à faire pour découvrir des marqueurs plus fiables de l’allergie alimentaire.

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