Serez-vous allergique le jour d’après ? Oui si vous vivez avec un allergique !!

vendredi 18 juin 2004 par Dr Stéphane Guez1733 visites

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Serez-vous allergique le jour d’après ? Oui si vous vivez avec un allergique !!

Serez-vous allergique le jour d’après ? Oui si vous vivez avec un allergique !!

vendredi 18 juin 2004, par Dr Stéphane Guez

Comment peut-on expliquer l’augmentation sans cesse croissante des maladies allergiques dans nos pays ? Sans devenir paranoïaque, on pourrait presque penser parfois qu’il s’agit d’une épidémie. Et si effectivement le fait de vivre avec un allergique provoquait de l’allergie ?

Est-ce que mon partenaire me donne de l’allergie ? : T. Schäfer1, J. Merkl2, E. Klemm2, H.-E. Wichmann3, J. Ring2, KORA Study Group

1Department of Social Medicine, Medical University Schleswig-Holstein, Lübeck ; 2Department of Dermatology and Allergy, and Division of Environmental Dermatology and Allergology, GSF, Technical University Munich, Munich ; 3GSF National Research Center for Environment and Health, Institute of Epidemiology, Neuherberg, and Institute of Medical Data Processing, Biometrics, and Epidemiology, Ludwig-Maximilian-University, Munich, Germany

dans Allergy 59 (7), 781-785.

 Introduction :

  • L’étude des partenaires peut aider à comprendre l’impact de l’influence de l’environnement sur le développement des allergies.
  • Les auteurs ont cherché à tester l’hypothèse suivante : est-ce que les patients qui ont un partenaire souffrant de pollinose ont un risque augmenté d’avoir la même pathologie, et est-ce que le risque augmente avec le temps chez les sujets qui vivent ensemble avec un partenaire malade ?

 Méthodologie :

  • Il s’agit d’une étude cas contrôle non appariée qui a été réalisée sur un échantillonnage au hasard de 4261 personne âgés de 25 à 74 ans habitant la ville de Augsburg en Allemagne, et 2 villes adjacentes.
  • A l’aide d’un questionnaire informatisé, les auteurs ont déterminé le risque d’avoir un rhume des foins médicalement constaté chez des patients qui vivent avec un partenaire ayant la même affection, en opposition avec des patients ayant la même affection mais vivant avec des partenaires non malades.
  • De plus, le risque de rhume des foins chez des patients ayant vécu avec un partenaire souffrant de rhume des foins a été calculé.

 Résultats :

  • Après ajustement sur le sexe, l’age, les prédisposition familiales et le statut social, le risque de rhume des foins est de plus du double chez les patients qui vivent avec un partenaire ayant la même affection (odd ratio : 2.41, IC95% : 1.48-3.92).
  • Si les patients ont vécu avec un partenaire ayant une pollinose, le risque de développer cette maladie augmente avec la durée de vie commune avec ce partenaire (1-11 ans, OR : 1, 12-233 ans, OR : 1.8, 24 - 35 ans : OR : 7.4, 36-54 ans : OR : 13.7).

 Conclusion :

  • Le risque de développer un rhume des foins est significativement élevé chez les patients qui vivent avec un partenaire ayant la même affection.
  • Le risque augmente avec la durée de la vie commune.
  • Cela permet de mettre en évidence le rôle certainement crucial des facteurs d’environnement ou du mode de vie, et évoque également la possibilité d’un facteur transmissible.

Dans ce travail statistique, les auteurs démontrent que le fait de vivre avec une personne qui a un rhume des foins augmente le risque de développer soi même un rhume des foins.

Ce risque est proportionnel à la durée de vie commune, évoquant soit des facteurs communs d’environnement, soit un facteur allergique transmissible.

Ces résultats sont pour le moins surprenants. Mais il a déjà été démontré que des personnes qui vivent ensemble développent souvent les mêmes pathologies, en particulier pour les affections cardiovasculaires ou le diabète.

Il faudrait donc toujours examiner le conjoint, qui a toutes les chances d’avoir la même pathologie car il partage le même environnement à risque.

Dans cette logique, il est normal de penser qu’on puisse retrouver une telle association en ce qui concerne les allergies.

Les auteurs démontrent donc que vivre longtemps avec une personne ayant une pollinose augmente le risque de développer à son tour une pollinose. Cela permet donc de penser que des facteurs d’environnement déclenchent cette allergie.

Cependant, des biais sont possibles dans ce travail. Il n’y a pas eu de tests cutanées ni de dosage de IgE spécifiques. Est-ce que le conjoint par mimétisme pense que ses éternuements sont aussi de l’allergie alors qu’il n’en est peut-être rien ?

D’ autre part il y a peut-être un biais dans le fait qu’une personne allergique épouse peut-être inconsciemment une personne également allergique car ils partagent des soucis identiques ?

Dans notre consultation, si on peut appliquer le résultat de ce travail aux enfants, il n’est pas fréquent de constater que des couples présentent la même pathologie.

Nous sommes donc dubitatifs sur la validité de ces résultats.

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