Tournoi des allergiques : le Russe bat le Norvégien 3 « Phadiatop » à 2 !!

mardi 6 mai 2003 par Dr Stéphane Guez3124 visites

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Tournoi des allergiques : le Russe bat le Norvégien 3 « Phadiatop » à 2 !!

Tournoi des allergiques : le Russe bat le Norvégien 3 « Phadiatop » à 2 !!

mardi 6 mai 2003, par Dr Stéphane Guez

Les pays de l’Est ont-ils réellement moins d’atopiques, et habiter à l’Ouest est-il un facteur de risque de développer une maladie allergique ?

Atopie chez des adultes Norvégiens et Russes : étude de population vivant dans des aires géographiques mitoyennes. : Smith-Sivertsen T, Tchachtchine V, Lund E. Institute of Community Medicine, University of Tromso ; Department of Public Health and Primary Health Care, University of Bergen, Norway ; Kola Research Laboratory for Occupational Health, Kirovsk, Russia dans Allergy 2003 Apr ;58(4):357-62

Plusieurs études ont conclu que l’atopie est plus fréquente dans les régions de l’Ouest que de l’Est de l’Europe.

 Objectif de l’étude : Rechercher s’il existe une différence similaire entre des adultes Norvégiens et Russes qui vivent dans des aires géographiques adjacentes.

 Méthodes :
* Il s’agit d’une étude transversale de populations portant sur les municipalités de Sor-Varanger (Norvège) et les villes de Nikel et Zazpolyarny (Russie).
* Les villes russes sont fortement polluées par du dioxyde de soufre et par l’industrie locale du nickel.
* En plus d’un questionnaire, les résultats de l’étude de la sensibilisation par le dosage des IgE spécifiques ont été obtenus pour 3134 Norvégiens et 709 russes participants à l’étude (S-Phadiatop, Pharmacia et Upjohn, Uppsala).

 Résultats :
* Un phadiatop positif a été noté chez 20.7% des norvégiens (hommes : 21,9% et femmes : 19,7%) et chez 27,5% des russes (hommes : 35,7%, femmes : 23%).
* Le risque relatif d’avoir un test positif après ajustement sur l’age et le sexe est de 1.49 en Russie (IC95% : 1.23-1.81).
* Les participants norvégiens ont plus de dermatite atopique et de rhume des foins, bien que la différence ne soit significative que pour la dermatite atopique chez les femmes.

 Conclusions :
* La sensibilisation à IgE est plus fréquente en Russie qu’en Norvège, à la différence des autres études comparant des populations de l’Ouest et de l’Est. Cependant les russes ne rapportent pas plus d’affections atopiques.
* Cette dissociation pourrait refléter une différence dans la prise en considération des maladies allergiques entre les 2 pays, et démontre la nécessité de disposer de marqueurs objectifs de l’atopie lorsqu’on compare la prévalence de l’atopie entre différentes populations.


Dans ce travail les auteurs démontrent que bien qu’étant de l’Est les russes sont plus atopiques que les Norvégiens qui vivent à l’Ouest. Il faut donc se méfier de cette division un peu artificielle entre pays de l’Est et de l’Ouest en ce qui concerne les maladies atopiques, et les résultats seraient peut-être différents selon le marqueur d’atopie utilisé.

Ce travail est intéressant à un double titre.

D’abord il remet en question cette notion qui veut que l’allergie soit une maladie des pays de l’Ouest et que les pays de l’Est en soient protégés. Cela pourrait permettre de lancer de nouvelles idées sur l’étiologie des maladies allergiques en particulier sur l’influence de certains facteurs d’environnement.

Le deuxième point intéressant est la notion soulevée de la difficulté de comparer les études alors même que les moyens d’établir l’atopie sont différents. Il faudrait effectivement un marqueur universel de l’atopie qui puisse permettre de faire des comparaisons entre les différents pays.

Si la réalisation de tests cutanés est difficile car chaque pays à ses produits et sa technique de réalisation et de lecture, la réalisation d’un dosage accepté de façon universelle à l’aide d’un test biologique est très séduisante.

L’idée d’utiliser le Phadiatop est une bonne idée qui permettrait de minimiser les risques de biais avec une lecture simple et une absence de différence de réalisation entre les pays.

Enfin la conclusion de l’article doit interpeller les médecins : de nombreuses affections allergiques sont encore méconnues et sous estimées donc non traitées chez de nombreux patients.

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