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Les allergiques sont moins souvent cancéreux. Idée reçue ?
lundi 15 novembre 2004, par
Notion bien souvent admise : les maladies allergiques diminueraient le risque de maladie cancéreuse. Ces auteurs suédois, dans une étude de cohorte ne comptant pas moins de 16 539 de paires de jumeaux suivies pendant 30 ans, ont cherché à évaluer le risque liant état allergique et certaines atteintes malignes hématologiques.
États allergiques et risque d’atteintes malignes hématologiques chez l’adulte : une étude de cohorte. : Soderberg KC, Hagmar L, Schwartzbaum J, Feychting M.
dans BMC Public Health. 2004 Nov 4 ;4(1):51
– CONTEXTE
- Deux hypothèses contradictoires ont été proposées pour expliquer la relation entre malignité et états allergiques, l’hypothèse de la surveillance immune et l’hypothèse de la stimulation antigénique.
- Les anciens partisans défendant l’idée que l’état allergique est supposé être protecteur à l’encontre du développement des cancers, alors que les derniers évoquent plutôt une augmentation du risque.
- Cette relation a été étudiée dans plusieurs études cas-contrôle, mais seulement dans peu d’études de cohorte.
– METHODES
- L’association entre état allergique et risque de développer une leucémie, une maladie de Hodgkin, un lymphome non hodgkinien et un myélome a été recherchée sur une cohorte de 16 539 paires jumeaux suédois nés entre 1886 et 1925.
- Collectées de façon prospective, les informations étaient rapportées par auto-questionnaires à partir de 1967, elles concernaient les états allergiques comme l’asthme, le rhume des foins ou l’eczéma.
- La cohorte a été suivie de 1969 à 1999 et l’incidence des cancers était obtenue à partir du « Swedish Cancer Registry ».
– RESULTATS
- L’urticaire et l’asthme tendaient à augmenter le risque de leucémie (RR=2,1 ; IC=95% ; 1,0-4,5 et RR=1,6 ; IC=95% ; 0,8-3,5 ; respectivement).
- Il existait aussi une indication d’une augmentation du risque de lymphome non hodgkinien lié à l’eczéma durant l’enfance (RR=2,3 ; IC=95% ; 1,0-5,3).
– CONCLUSIONS
- A l’inverse de la plupart des études précédentes, nos résultats ne montrent pas un effet protecteur de l’état allergique vis à vis du risque de développer une atteinte hématologique maligne.
- Cela suggère plutôt que l’état allergique pourrait augmenter le risque de quelques maladies hématologiques malignes.
Cette étude suédoise va à l’encontre d’une notion communément admise suggérant que le fait d’avoir un terrain allergique protège des maladies cancéreuses.
Il s’agit d’une étude de cohorte concernant 16 539 paires de jumeaux suivies durant 30 ans. Etude épidémiologique de grande ampleur.
L’urticaire et l’asthme seraient liés à une augmentation d’un plus grand risque de leucose. Et l’eczéma aurait tendance à augmenter le risque de lymphome non hodgkinien.
De nombreuses études ont suggéré que les états allergiques n’entraînent pas de déficit immunitaire. Ainsi, les enfants allergiques feraient plus d’infections ORL et/ou respiratoires que les enfants non allergiques, non pas en raison d’un déficit immunitaire mais plutôt du fait du syndrome inflammatoire respiratoires.
Ainsi donc, les états allergiques seraient liés à certains cancers soit du fait d’un terrain génétique commun facilitant les deux types de pathologies, soit du fait d’un état inflammatoire chronique. Il y a sans doute d’autres explications.
Tous cela reste à confirmer bien sûr. Il serait intéressant de connaître le devenir des allergiques en fonction des traitements reçus, traitement médicamenteux seul ou complété d’une immunothérapie spécifique par exemple...
Cette étude nous incline à surveiller plus étroitement nos allergiques sur le plan hématologique.
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