C’est laid d’être allergique au lait, mais ça ne l’est pas longtemps, allez...

vendredi 21 octobre 2005 par Dr Stéphane Guez1893 visites

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C’est laid d’être allergique au lait, mais ça ne l’est pas longtemps, allez...

C’est laid d’être allergique au lait, mais ça ne l’est pas longtemps, allez...

vendredi 21 octobre 2005, par Dr Stéphane Guez

L’allergie au lait est relativement fréquente chez le jeune enfant mais paradoxalement il y a peu de grandes études de suivi permettant de bien déterminer les facteurs de bon pronostic, c’est-à-dire qui permettent de prédire la disparition ultérieure de cette allergie. D’où l’intérêt de cet article....

L’évolution clinique et le pronostic de l’allergie au lait de vache (ALV) sont dépendants du taux des IgE spécifiques au lait : Kristiina M. Saarinen, MD, PhDa, Anna S. Pelkonen, MD, PhDb, Mika J. Mäkelä, MD, PhDb, Erkki Savilahti, MD, PhDa

a From Hospital for Children and Adolescents, University of Helsinki
b Department of Allergology, Skin and Allergy Hospital, Helsinki University Central Hospital

dans JACI Volume 116, Issue 4, Pages 869-875 (October 2005)

 Introduction :

  • Il n’y a pas de grandes études de population portant sur l’évolution clinique, le développement d’une tolérance et le risque de faire d’autres manifestations atopiques des enfants ayant une ALV.

 Objectif de l’étude :

  • Les auteurs ont étudié le développement, la tolérance et le risque de développer un asthme, une rhino-conjonctivite, une dermatite atopique et une sensibilisation d’enfants ayant une ALV et suivis jusqu’à leur scolarité

 Méthodologie :

  • Les auteurs ont suivi 118 enfants ayant une ALV jusqu’à guérison en répétant l’étude de leur sensibilisation au lait de vache.
  • A l’age de 8,6 ans, 94 enfants allergiques et 80 sujets contrôles provenant de la même cohorte ont été étudiés en ce qui concerne les maladies atopiques, et les sensibilisations.
  • De plus, les parents de 12 sujets allergiques et de 26 enfants témoins ont rempli un questionnaire sur l’atopie.

 Résultats :

  • Une ALV IgE médiée a été détectée chez 86 enfants (73%), et à l’age de 8.6 ans, 13 enfants (soit 15%) ont une ALV persistante.
  • Tous les enfants IgE négatifs au lait sont tolérants à partir de l’age de 5 ans (p<0.0001).
  • Les facteurs de risque d’une ALV persistante à l’age de 2 ans sont :
    • Une sensibilisation au lait de vache à l’age de 1.6 ans (odd ratio, 6.3 ; 95% CI, 2.6-15.2)
    • Une urticaire lors du test de provocation (odd ratio, 3.3 ; 95% CI, 1.4-7.8),
    • Une exposition au lait de vache à la maternité de l’hôpital (odd ratio, 3.2 ; 95% CI, 1.4-7.8)
    • Une sensibilisation précoce à l’œuf (odd ratio, 2.8 ; 95% CI, 1.2-6.6)
  • A l’age de 8.6 ans, les enfants ayant des IgE positives au lait de vache ont plus souvent par rapport aux témoins :
    • Un asthme (31% vs 13%, P ≤ .01)
    • Une rhino conjonctivite (66% vs 21%, P ≤ .001)
    • Un eczéma atopique (81% vs 26%, P ≤ .001)
    • Une sensibilisation à d’autres allergènes (88% vs 39%, P ≤ .001)
  • L’ALV et des antécédents familiaux d’atopie sont des facteurs de risque indépendants de développement d’affections atopiques et l’ALV est également un facteur de risque d’une sensibilisation à des pneumallergènes.

 Conclusions :

  • L’ALV IgE médiée persiste souvent à l’age scolaire et est un facteur de risque d’atopie ; inversement, l’ALV sans IgE est une affection bénigne de l’enfance.

Dans ce travail, les auteurs démontrent que l’existence d’IgE dirigées contre le lait est un facteur pronostic de persistance de l’allergie au lait de vache à 8 ans, alors que l’absence d’IgE permet de pronostiquer la guérison avant 5 ans. Par ailleurs ils mettent en évidence des critères cliniques de mauvais pronostics.

Ce travail est très intéressant car il permet de pouvoir prédire avec assurance le devenir de jeunes enfants ayant une allergie au lait.

Comme on s’en doutait la présence d’IgE est un facteur de mauvais pronostic.

Mais il est intéressant de connaître les critères cliniques de persistance à l’age de 8 ans de cette allergie au lait de vache :
 une exposition précoce à la maternité,
 une urticaire lors d’un test de provocation,
 une allergie associée à l’œuf : autant de signes qui témoignent beaucoup plus d’une allergie vraie que d’une simple intolérance digestive transitoire.

L’évolution confirme l’existence de 2 phénotypes différents : celui de l’allergique qui va développer en plus d’autres affections atopiques au cours de sa vie, alors que les enfants ayant une simple intolérance vont guérir sans être plus à risque de développer une maladie atopique.

Il est donc implicite de considérer que seul le bilan allergologique peut permettre de séparer intolérance et allergie, et dans ce dernier cas de proposer des mesures préventives pour éviter le développement ultérieur d’autres allergies en plus de l’allergie au lait de vache.

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