Adultes atteints de dermatite atopique, il est peut-être de temps de vous faire piquer !

mardi 7 février 2006 par Dr Alain Thillay5644 visites

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Adultes atteints de dermatite atopique, il est peut-être de temps de vous faire piquer !

Adultes atteints de dermatite atopique, il est peut-être de temps de vous faire piquer !

mardi 7 février 2006, par Dr Alain Thillay

L’immunothérapie spécifique (ITS) a fait largement la preuve de son efficacité dans les maladies allergiques respiratoires et l’allergie aux venins d’hyménoptères. Mais quel est l’effet de cette ITS chez des adultes atteints de dermatite atopique chronique, en phase évolutive et sensibilisés aux acariens domestiques ? C’est tout le grand intérêt de cette étude allemande, un sujet fondamental de l’allergologie praticienne.

Intérêt de l’immunothérapie spécifique chez des patients atteints de dermatite atopique et ayant une sensibilisation aux acariens domestiques : étude randomisée, multicentrique, dose-réponse. : T. Werfel1, K. Breuer1, F. Ruéff2, B. Przybilla2, M. Worm3, M. Grewe4, T. Ruzicka4, R. Brehler5, H. Wolf6, J. Schnitker7, A. Kapp1

1Department of Dermatology and Allergology, Hannover Medical School, Hannover, Germany ; 2Clinic and Polyclinic for Dermatology and Allergology, Ludwig Maximilians University, München, Germany ; 3Department of Dermatology and Allergology, Humboldt University, Berlin, Germany ; 4Department of Dermatology, Heinrich Heine University, Moorenstr, Düsseldorf, Germany ; 5Department of Dermatology, University Hospital, Münster, Germany ; 6Clinical Research, ALK-SCHERAX Arzneimittel GmbH, Hamburg, Germany ; 7Institut für angewandte Statistik GmbH, Bielefeld, Germany

dans Allergy 61 (2), 202-205

 Généralités

  • L’effet de l’immunothérapie spécifique (ITS) sur la dermatite atopique (DA) n’est pas connu.
  • De fait, nous avons pratiqué une étude randomisée, multicentrique, dose-réponse, en double aveugle pour évaluer l’efficacité d’un extrait retard d’acariens domestiques.

 Méthodes

  • Quatre vingt-neuf adultes souffrant d’une dermatite atopique chronique en cours avec un SCORAD supérieur ou égal à 40 et ayant une sensibilisation aux acariens domestiques (CAP-FEIA supérieur ou égal à 3) ont été inclus, parmi eux, 51 ont terminé l’étude.
  • L’ITS sous-cutanée aux acariens domestiques (Dermatophagoides pteronyssinus/D. farinae) a été pratiquée avec des doses d’entretien de 20, 2000 OU 20000 SQ-U, chaque semaine durant un an.
  • Les principaux résultats pris en compte étaient l’évolution du SCORAD, valeurs moyennes à 9 mois et à 12 mois d’ITS comparativement aux valeurs de base.

 Résultats

  • Le SCORAD diminuait dans les trois groupes de façon dose dépendante et était significativement plus bas dans les deux groupes à doses élevées (2000, 20000 SQ-U) comparé au groupe dose basse de 20 SQ-U (p=0,0379) après un an d’ITS.
  • L’utilisation de dermocorticoïdes était significativement réduite pour les doses supérieures d’ITS (p=0,0007).

 Conclusions

  • L’ITS allergénique aux acariens domestiques, sur un an, est capable d’améliorer l’état cutané de patients atteints de dermatite atopique sensibilisés aux allergènes des acariens domestiques et réduit les besoins en dermocorticoïdes.
  • L’ITS peut être intéressante dans le traitement de cette pathologie cutanée chronique.

Cette étude a été pratiquée en Allemagne par différentes équipes de services de dermatologie et d’allergologie. Les auteurs ont eu recours à des extraits d’acariens domestiques d’ALK titrés en SQ-U, c’est-à-dire en « standardized quality units ». Pour être concret, 10000 SQ-U d’extrait de DP contient 0,7 µg de Der P1.

Les patients des deux groupes recevant respectivement 2000 et 20000 SQ-U une fois par semaine durant un an, ont vu de façon significative s’améliorer leur SCORAD tout en diminuant la consommation des dermocorticoïdes.

Bien sûr, cette étude, réunissant en fait 51 patients, nécessitera confirmation par des études de plus grande ampleur.

Toutefois, elle aborde un sujet pour le moins « sensible » pour l’allergologue.

Nous le savons bien l’immunothérapie spécifique est indiquée dans les maladies allergiques respiratoires et l’allergie aux venins d’hyménoptères.

Théoriquement, il n’est donc pas indiqué de désensibiliser un sujet atteint d’une DA et avec une sensibilisation aux acariens domestiques, c’est-à-dire non symptomatique sur le plan respiratoire ; ce qui semble bien être le cas ici. Et pourtant, nous, allergologues, le faisons souvent dans ce cas avec, il faut le dire, une efficacité nette.

C’est un peu comme s’il fallait traiter le dérèglement du système immunitaire par la seule voie d’accès qui nous est donnée, la sensibilisation aux acariens domestiques.

Ainsi, on peut imaginer l’hypothèse que la désensibilisation a un effet spécifique sur la sensibilisation et aussi un effet plus général de rééquilibrage de la balance TH1/TH2 via les Treg, ce qui apporte une amélioration de l’eczéma atopique.

Les allergologues sont donc confortés dans une pratique intuitive qui prouve ici son efficacité et laisseront gloser les fâcheux qui n’ont que le mot dermocorticoïde au bout de la plume dans le traitement de la dermatite atopique.

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