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Un diagnostic à la noix !
jeudi 9 février 2006, par
L’allergie aux fruits à coque, dont fait partie la noix du Brésil, est un chapitre important de l’allergie alimentaire. Parfois sévère, ce type d’allergie a plutôt tendance à persister avec le temps. Si l’allergie à l’arachide est bien documentée, cela n’est pas le cas pour l’allergie à la noix du Brésil à laquelle est consacrée cette étude.
Diagnostic de l’allergie à la noix du Brésil par l’histoire clinique, les tests cutanés, les IgE spécifiques sériques et les tests de provocations. : S. Ridout, S. Matthews, C. Gant, R. Twiselton, T. Dean and S. H. Arshad
The David Hide Asthma and Allergy Research Centre, St Mary’s Hospital, Newport, Isle of Wight, UK
dans Clinical & Experimental Allergy 36 (2), 226-232
– Contexte :
- L’allergie à la noix du Brésil est une des allergies aux noix assez fréquente et peut-être fatale.
- Cependant, on manque d’éléments quant à la meilleure approche de son diagnostic.
– Objectif :
- Nous avons cherché à déterminer les apports relatifs de l’histoire, des tests cutanés, du taux d’IgE sériques spécifiques et des tests de provocation dans le diagnostic de l’allergie à la noix du Brésil.
– Méthodes :
- 56 enfants et adultes avec une histoire de réaction allergique à la noix du Brésil ou des preuves de sensibilisation ont été explorés par questionnaires (n= 56), tests cutanés (SPT) (n= 53), mesure du taux d’IgE spécifiques sériques à la noix du Brésil (n=54), tests labial en double aveugle contre placebo et, si nécessaire, test de provocation orale (n=19).
– Résultats :
- L’allergie à la noix du Brésil s’observe chez des sujets très atopiques de tout âge aux antécédents atopiques familiaux marqués.
- Pour 24 sujets sur 56 (43 %), l’histoire d’une réaction immédiate était suffisante pour établir le diagnostic avec confiance et un challenge oral a été considéré comme peu sûr.
- Sur les 19 sujets ayant bénéficié du test de provocation à l’aliment en double aveugle contre placebo, « Gold standard », les six sujets ayant présenté des SPT d’au moins 6 millimètres ont eu un challenge positif et les trois sujets ayant présenté des réponses cutanées négatives (0 mm) ont eu un challenge négatif.
- Sur les dix sujets restant (53 %), pour lesquels les réponses aux tests cutanés étaient comprises entre 1 et 5 mm et les IgE spécifiques sériques étaient inférieures à 3.5 KU/l, un challenge oral a été réalisé avec 3 résultats positifs et 7 négatifs.
– Conclusion :
- La combinaison d’une histoire, de tests cutanés et d’IgE spécifiques sériques a été adéquate pour déterminer le diagnostic dans la majorité (77 %) des patients avec une suspicion d’allergie à la noix du Brésil.
- Cependant, une histoire douteuse avec des tests cutanés compris entre 1 et 5 mm, ou des IgE spécifiques sériques inférieurs à 3.5kU/l peut nécessiter un challenge oral pour aider à déterminer le risque d’une réaction allergique à la noix du Brésil.
Le diagnostic de l’allergie à la noix du Brésil est classique, reposant sur la combinaison d’une histoire clinique, des tests cutanés et des taux d’IgE spécifiques sériques.
En cas de doute, le « gold standard » reste le test de provocation par voie orale.
Des conclusions finalement très classiques pour ce type d’allergie, à l’issue d’un travail qui faisait défaut, au moins pour deux raisons : d’une part, l’allergie aux fruits à coque est dominée par l’arachide au sujet de laquelle les publications s’amoncellent et d’autre part, les noix du Brésil ne sont apparues que très récemment dans notre alimentation.
La noix du Brésil, Bertholletia excelsa Thiel J., 1980, de la famille des Lecythidaceae A.Rich. (1825), qui appartient à l’ordre des Ericales Dumort. (1829) fait partie des fruits à coque.
En Amazonie, c’est un arbre d’une grande longévité (plus de 800 ans).Sa biologie complexe est très particulière : ses fleurs ne sont pollinisées que par des abeilles d’orchidées et il produit une coque de la taille d’une noix de coco, qui contient une vingtaine de graines très appréciées des hommes et des animaux.
Aujourd’hui, pour préserver cette espèce, une campagne internationale encourage la consommation de ces noix du Brésil peu connues, sans réellement mesurer les conséquences qu’une telle promotion sur le plan allergologique.
Au sujet de l’étiquetage des produits alimentaires, il n’est sans doute pas inutile de rappeler qu’un décret n°2005-944 et un arrêté du 2 août 2005 viennent d’être publiés. Ils transposent la directive 2003/89 du 10 novembre 2003 relative à l’indication des ingrédients.
Conséquence : à partir du 25 novembre 2005, les fabricants devront détailler la liste des ingrédients composant leur produits.
Le décret contient en annexe la liste des ingrédients allergènes qui devront, dans tous les cas, être signalés :
- Céréales contenant du gluten (à savoir blé, seigle, orge, avoine, épeautre, kamut ou leurs souches hybridées) et produits à base de ces céréales.
- Crustacés et produits à base de crustacés.
- Œufs et produits à base d’oeufs.
- Poissons et produits à base de poissons.
- Arachides et produits à base d’arachides.
- Soja et produits à base de soja.
- Lait et produits à base de lait (y compris le lactose).
- Fruits à coque, à savoir amandes (Amygdalus communis L.), noisettes (Corylus avellana), noix (Juglans regia), noix de cajou (Anacardium occidentale), noix de pécan (Carya illinoiesis [Wangenh.] K. Koch), noix du Brésil (Bertholletia excelsa), pistaches (Pistacia vera), noix de Macadamia et noix du Queensland (Macadamia ternifolia) et produits à base de ces fruits.
- Céleri et produits à base de céleri.
- Moutarde et produits à base de moutarde.
- Graines de sésame et produits à base de graines de sésame.
- Anhydride sulfureux et sulfites en concentrations supérieures à 10 mg/kg ou 10 mg/litre exprimées en SO2.
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