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Allergie à l ’œuf de poule : qui de l’Isac ou du TPO est le premier ?
jeudi 12 janvier 2012, par
Les IgE spécifiques pour l’ovomucoïde (Gal d 1) détectés par microarray prédisent la tolérance à l’œuf de poule cuit ainsi qu’un risque augmenté d’évoluer vers des sensibilisations multiples aux allergènes environnementaux. : Alessandri, C., Zennaro, D., Scala, E., Ferrara, R., Bernardi, M. L., Santoro, M., Palazzo, P. and Mari, A. (2011),
Ovomucoid (Gal d 1) specific IgE detected by microarray system predict tolerability to boiled hen’s egg and an increased risk to progress to multiple environmental allergen sensitisation.
dans Clinical & Experimental Allergy. doi : 10.1111/j.1365-2222.2011.03915.x
– Contexte :
- L’allergie à l’œuf est un diagnostic très fréquent dans la petite enfance.
- La détection de l’allergie patente à l’œuf de poule, et la réintroduction d’aliments contenant de l’œuf font partie des rôles de l’allergologue.
– Objectif :
- Nous avons cherché à évaluer les performances du test de réintroduction oral à l’œuf cuit, comparées aux IgE pour les molécules allergènes de l’œuf, détectées par système microarray.
– Méthodes :
- Soixante-six enfants adressés à notre centre par les pédiatres de famille pour une suspicion d’allergie à l’œuf ont été inclus.
- Les patients subissaient un test de réintroduction orale en double aveugle contre placébo avec l’œuf cuit et cru.
- Les résultats des réintroductions étaient comparés aux résultats des tests cutanés réalisés avec les extraits commerciaux de blanc et de jaune d’œuf, ainsi que par prick-prick tests avec du jaune et du blanc d’œuf cru et cuit, les IgE totales, les IgE spécifiques pour le blanc d’œuf détectés en ImmunoCAP et les IgE pour les allergènes de l’œuf disponibles sur la puce multiallergénique en phase solide ISAC.
– Résultats :
- Dix-neuf sujets (28%) ont réagi à la fois pour l’œuf cru et cuit, 14 (20.5%) pour l’œuf cru uniquement et 35 (51.4%) ont toléré l’œuf cru et cuit.
- Une analyse de l’efficacité était menée par des tests de réintroduction à l’œuf cru et cuit comme test de référence.
- Quarante-quatre des 47 patients négatifs pour Gal d 1 ont toléré l’œuf cuit (94%).
- A l’inverse, 20 des 21 sujets positifs pour Gal d 1 ont réagi à l’œuf cru.
- Aucun autre test n’était capable de prédire la réponse des patients au test de réintroduction.
- De plus, la positivité pour Gal d 1 semble être prédictive d’une ultérieure sensibilisation aux allergènes de l’environnement.
– Conclusion et pertinence clinique :
- La réactivité pour Gal d 1 apparait comme un très bon prédicteur de l’allergie clinique à l’œuf de poule.
- Les enfants positifs pour Gal d ont une fréquence élevée d’allergie à l’œuf, alors que les enfants négatifs pour Gal d 1 ont une fréquence élevée de tolérance à l’œuf cuit.
- La détection multiple d’IgE spécifiques par le moyen du système ISAC améliore l’approche diagnostique dans l’allergie à l’œuf de l’enfant, révélant d’autres sensibilisations à des allergènes alimentaires ou respiratoires, nécessitant toutefois une évaluation clinique très complète.
Des tests cutanés positifs pour l’œuf sont très fréquents chez l’enfant, sans être toujours pertinents cliniquement. De même les réactivités pour l’œuf cru et cuit sont souvent différentes. La biologie peut elle faire aussi bien, voire mieux, que les tests de réintroduction, pour guider l’allergologue ?
Les auteurs ont en particulier évalué dans ce domaine les performances du test ISAC, puce multiallergéniques permettant un dosage semi-quantitatif de 103 allergènes.
Ils ont comparé les résultats de l’ISAC avec les résultats de dosages d’IgE unitaires et ceux de tests cutanés pour l’œuf cuit et cru. Le « gold standard » était le TPO (œuf cuit et cru) réalisé chez les 66 enfants de l’étude.
Au final, le seul élément prédictif d’un TPO positif pour l’œuf était la présence d’IgE spécifiques pour l’ovomucoïde (Gal d 1), en ImmunoCAP ou sur la puce ISAC.
L’absence d’IgE pour Gal d 1 a ainsi une bonne valeur prédictive négative de l’allergie à l’œuf cuit.
L’ovomucoïde est en effet une protéine résistante à la chaleur, et sa positivité en IgE est de mauvais pronostic quant à la guérison de l’allergie. Cet article tend aussi à montrer, grâce à la puce Isac, qu’elle serait associée à d’autres sensibilisations vis à vis d’allergènes environnementaux.
L’intérêt de la puce Isac dans la prise en charge de l’allergie à l’œuf reste toutefois à démontrer. De l’aveu même des auteurs, ses résultats doivent être interprétés avec esprit critique, en fonction de la clinique, car eux non plus ne sont pas toujours pertinents cliniquement.
Le plus simple (et le plus économique) semble ainsi être le dosage unitaire de l’ovomucoïde, et le suivi de près de ces enfants, qui sont à risque en effet de développer des allergies respiratoires.
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