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Moisissures et sifflements : une affaire de dose ?
jeudi 3 mai 2007, par
Moisissures et pathologie respiratoire ne font habituellement pas bon ménage. Un travail américain a étudié la question en évaluant le risque de sifflements dans la première année de vie, chez des enfants à risque d’atopie, en fonction de la concentration de (1-3)-β-d-glucane dans la poussière de maison…
(1-3)-β-d-glucane de la poussière de maison et sifflements chez l’enfant : Y. Y. Iossifova, T. Reponen, D. I. Bernstein, L. Levin, H. Kalra, P. Campo, M. Villareal, J. Lockey, G. K. K. Hershey, G. LeMasters (2007)
1Department of Environmental Health, University of Cincinnati ; 2Division of Allergy-Immunology, Department of Internal Medicine, University of Cincinnati ; 3Division of Allergy and Immunology, Cincinnati Children’s Hospital Medical Center, Cincinnati, OH, USA
dans Allergy
Volume 62 Issue 5 Page 504 - May 2007
– Contexte :
- Le (1-3)-β-d-glucane est un composant de la paroi cellulaire fungique soupçonné d’être à l’origine de symptômes respiratoires chez l’adulte.
- On a cependant peu d’informations sur les possibles effets du (1-3)-β-d-glucane pendant l’enfance.
- Nous avons étudié l’association entre l’exposition au (1-3)-β-d-glucane et la prévalence de la sensibilisation allergénique et des sifflements pendant la première année de vie dans une cohorte de naissance de 574 nourrissons nés de parents atopiques.
- L’exposition aux endotoxines a été considérée comme un facteur confondant possible.
– Méthodes :
- L’exposition au β-(1-3)-d-glucane et aux endotoxines a été mesurée dans la poussière déposée dans les pièces où vivaient les nourrissons.
- A l’âge d’environ 1 an, les parents ont signalé l’existence de sifflements récurrents et la sensibilisation allergénique a été évaluée par des prick-tests cutanés à un panel de 15 aéroallergènes ainsi qu’au lait et au blanc d’œuf.
– Résultats :
- L’exposition à une concentration élevée de β-(1-3)-d-glucane (à l’intérieur du quatrième quartile) était associée à une réduction du risque à la fois de sifflements récurrents [OR ajusté (aOR) = 0.39, IC 95% = 0.16–0.93] et de sifflements récurrents associés à une sensibilisation allergénique (aOR = 0.13, IC 95% = 0.03–0.61).
- Des tendance similaires ont été trouvées entre les concentrations de β-(1-3)-d-glucane et la sensibilisation allergénique (aOR = 0.57, IC 95% = 0.30–1.10).
- A l’opposé, les sifflements récurrents, avec ou sans sensibilisation allergénique, étaient positivement associés avec une faible exposition au β-(1-3)-d-glucane à l’intérieur du premier quartile (aOR = 3.04, IC 95% = 1.25–7.38 ; aOR = 4.89, IC 95% = 1.02–23.57).
- Aucune association n’a été mise en évidence entre l’exposition aux endotoxines et les paramètres de santé étudiés.
– Conclusions :
- C’est la première étude qui rapporte une association entre l’exposition intérieure à des niveaux élevés de β-(1-3)-d-glucane (avec une concentration > 60 μ/g) et une diminution du risque de sifflements récurrents chez les nourrissons nés de parents atopiques.
- Cet effet était plus prononcé dans le sous-groupe des nourrissons ayant une sensibilisation allergénique.
Le β-(1-3)-d-glucane est un composant majeur de la paroi cellulaire des champignons.
La présence de β-(1-3)-d-glucane dans la poussière de maison est donc un marqueur de la croissance fungique.
On trouve actuellement du β-(1-3)-d-glucane en vente dans des compléments alimentaires, voire dans l’alimentation des animaux, en raison de propriétés immunostimulantes supposées… Chez le rongeur, des études ont montré des réactions inflammatoires pulmonaires après exposition à des aérosols de β-(1-3)-d-glucane.
Jusqu’ici, habitat humide et présence de moisissures étaient associées à une augmentation du risque asthmatique. Cependant, la relation dose-effet a peu été étudiée.
C’est l’objectif que s’est fixé une équipe de Cincinnati à l’aide d’une cohorte de naissance de 574 nourrissons, nés de parents atopiques, suivis pendant 1 an.
Les enfants exposés à de forts taux de β-(1-3)-d-glucane dans la poussière de maison (> 60 μ/g) avaient moins de risque de sifflements récidivants et de sifflements associés à une sensibilisation allergénique alors que les enfants exposés à de faibles taux voyaient leur risque augmenter (l’exposition aux endotoxines n’est pas intervenue).
Question de dose ? Des résultats à confirmer certainement…
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