Une histoire de patatine au pays de la patate et du latex.

mardi 31 décembre 2002 par Dr Alain Thillay4033 visites

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Une histoire de patatine au pays de la patate et du latex.

Une histoire de patatine au pays de la patate et du latex.

mardi 31 décembre 2002, par Dr Alain Thillay

Les réactions croisées latex et fruits/légumes sont bien connues. Les auteurs ont cherché ici à déterminer les bases moléculaires de la réaction croisée latex/pomme de terre. Mais, est-elle impliquée de la même manière chez des adultes travaillant dans le domaine de la santé que chez des enfants atteints de dermatite atopique ?

Évaluation de la patatine en tant qu’allergène majeur de la réaction croisée de l’allergie à la pomme de terre induite par le latex. : Schmidt MH, Raulf-Heimsoth M, Posch A. Research Institute for Occupational Medicine of the Berufsgenossenschaften, Ruhr University, Department of Allergology/Immunology, Bochum, Germany. nsmis@neuro.hfh.edu dans Ann Allergy Asthma Immunol 2002 Dec ;89(6):613-8

 INTRODUCTION : Les réactions croisées potentielles entre le latex naturel et les fruits et légumes, dues à des IgE spécifiques, ont été rapporté depuis plusieurs années. Cette étude a été conçue pour évaluer les bases moléculaires des sensibilisations alimentaires en se concentrant sur la patatine, protéine de stockage et la protéine de latex, patatin-like, Hev b7.

 OBJECTIF : Nous avons déterminé, la quantité d’IgE spécifiques sériques de la pomme de terre chez des sujets allergiques au latex travaillant dans le domaine de la santé et chez des enfants souffrants de dermatite atopique, afin d’évaluer la réactivité croisée entre Hev b 7 et patatine. De plus, nous avons vérifié la stabilité de la patatine de pomme de terre à la digestion.

 METHODES :
* les sera ont été testés à propos de leur réactivité au latex et aux protéines de pomme de terre à l’aide d’un immunoblot IgE après électrophorèses en une dimension (1-D) et 2-D.
* Les IgE spécifiques du latex et de la pomme de terre étaient mesurées par méthode immuno-enzymatique (CAP, Pharmacia, Suède). De plus, la patatine de pomme de terre a été isolée par chromatographie afin de pratiquer des tests d’auto-inhibition. La stabilité de la patatine à la dégradation a été déterminée par digestion in-vitro.

 RESULTATS :
* La patatine est identifiée comme allergène majeur de la réaction croisée de la pomme de terre par séquençage N-terminal.
* Vingt-cinq pour cent des sujets sensibilisés à la pomme de terre réagissent à la patatine en 1-D immunoblot, et 25% de ces réactions positives à Hev b 7 pouvaient être bloquées par pré-incubation des sera de ces patients avec la patatine purifiée de pomme de terre.
* L’examen des enfants atteints de dermatite atopique montre que la plupart des sera contiennent des IgE spécifiques de la patatine, alors que l’on ne retrouve pas d’IgE spécifiques d’Hev b 7.
* Enfin, la patatine est retrouvée partiellement stable à la digestion in-vitro.

 CONCLUSIONS :
* La patatine est identifiée en tant que protéine majeure de la réactivité croisée dans les cas d’allergie associée pomme de terre et latex et semble être pertinente dans la dermatite atopique.
* De plus, la patatine peut être éventuellement un marqueur afin de déterminer la sensibilisation à la pomme de terre et peut aussi constituer un important allergène alimentaire.
* La réaction croisée entre Hev b 7 et patatine est limitée principalement aux adultes sensibilisés au latex suggérant un mécanisme différent de sensibilisation chez les enfants atteints de dermatite atopique.


Cette étude montre que 25% des sujets allergiques à la pomme de terre sont sensibilisés à la patatine, que 25% des sujets sensibilisés à Hev b 7 peuvent avoir leur réaction inhibée par pré-incubation des sera dans une solution de patatine purifiée (il s’agit bien d’une réaction croisée patatine/Hev b 7).

Par contre, chez les enfants atteints de dermatite atopique, on trouve des IgE spécifiques de la patatine et non pas d’Hev b 7. Ainsi, chez ces enfants, la réaction croisée, s’il y a, ne passe pas la réaction croisée patatine/Hev b 7.

L’intérêt de cette étude, à mon avis, réside là. En effet, la sensibilisation aux allergènes obéit à des mécanismes moléculaires différents chez l’enfant atopique et chez l’adulte allergique. Ne dit-on pas que, dans le domaine alimentaire tout au moins, les enfants se sensibilisent du fait d’une immaturité du système immunitaire alors que l’adulte du fait d’un déséquilibre immunitaire ? Ceci expliquant cela !

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