Requiem pour les tests cutanés aux anesthésiques locaux.

vendredi 7 novembre 2003 par Dr Stéphane Guez3857 visites

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Requiem pour les tests cutanés aux anesthésiques locaux.

Requiem pour les tests cutanés aux anesthésiques locaux.

vendredi 7 novembre 2003, par Dr Stéphane Guez

Les allergologues sont très sollicités par les patients et les dentistes pour réaliser une exploration allergologique pour suspicion d’allergie aux anesthésiques locaux. Cependant, cette allergie est très rare et pour de nombreux auteurs n’existeraient pas. Alors faut-il continuer à faire des explorations allergologiques ?

Evaluation des effets indésirables aux anesthésiques locaux : étude de 236 patients. : Berkun Y, Ben-Zvi A, Levy Y, Galili D, Shalit M.

Department of Pediatrics, Bikur Cholim Hospital, Jerusalem, Israel. berkun@md.huji.ac.il

dans Ann Allergy Asthma Immunol. 2003 Oct ;91(4):342-5.

Les réactions indésirables aux anesthésiques locaux (AL) sont souvent rapportées par les patients. Bien que la plupart de ces réactions ne relèvent pas d’un mécanisme immunologique, beaucoup de patients consultent un allergologue et subissent une exploration extensive.

 Objectif : déterminer la prévalence réelle de l’allergie aux AL parmi les patients qui consultent pour une suspicion d’allergie, et évaluer l’utilité d’une exploration allergologique.

 Méthodes :
* Un total de 236 patients ont consulté un centre d’allergologie et ont été inclus.
* Le protocole d’exploration comprenait : des tests cutanés sous forme de pricks et d’IDR, suivis par un test de provocation sous cutanée avec un AL différent contenant des conservateurs.

 Résultats :
* Les pricks et les IDR sont négatifs chez tous les patients.
* Aucune réaction indésirable n’a été observée lors du test de provocation sauf chez un patient qui a développé un érythème local au site d’injection et qui a reçu un autre AL qui n’a pas entraîné de réaction.

 Conclusions :
* Les réactions allergiques ne sont pas reproduites durant l’exploration allergologique et lors des tests de réintroduction avec les AL contenant des conservateurs ou sans conservateurs avec de l’adrénaline dans l’ensemble de ce groupe de patients suspects d’allergie aux AL.
* En raison de la négativité de l’exploration cutanée chez tous les patients, les auteurs proposent de modifier le protocole d’exploration allergologique habituel en éliminant la réalisation des tests cutanés et en raccourcissant le test de provocation.
* Les auteurs suggèrent également que toute la procédure d’exploration soit réalisée avec un AL contenant des conservateurs, ce qui correspond plus volontiers aux produits utilisés en pratique quotidienne.


Dans ce travail portant sur 236 patients qui consultent pour une suspicion d’allergie aux AL, aucun patient n’a un test cutané positif aussi bien en prick qu’en IDR.

Le test de provocation n’entraîne une réaction locale que chez un patient.

Les auteurs proposent l’abandon des tests cutanés et une simplification du test de provocation.

Cette étude est très importante pour notre pratique quotidienne, car il y a une forte demande concernant des explorations pour des réactions aux AL.

Il est excessivement rare d’observer un test positif, et l’abandon des tests cutanés est donc logique d’autant que dans ce travail, les tests n’ont pu repérer le patient qui a présenté une réaction locale lors du test de provocation (il ne s’agit donc pas d’une réaction immédiate médiée par des IgE).

Le problème est la difficulté de réaliser ce test de provocation en pratique de ville, et l’obligation de rassurer réellement le patient et le dentiste qui l’adresse. Il est vrai qu’on peut penser qu’il n’existe pas de réactions aux AL et que l’on pourrait également se passer certainement du test de provocation. Mais la réalisation des tests cutanés permet d’affirmer qu’il n’y a pas d’allergie et de régler le problème.

Peut-être une autre façon de faire serait de réaliser directement une IDR sans dilution préalable pour gagner du temps ? Ou peut-on faire sans danger un test de provocation dans le cadre d’une consultation classique ?

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