L’eczéma attend parfois le nombre des années pour s’exprimer !

dimanche 11 mai 2003 par Dr Alain Thillay5661 visites

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L’eczéma attend parfois le nombre des années pour s’exprimer !

L’eczéma attend parfois le nombre des années pour s’exprimer !

dimanche 11 mai 2003, par Dr Alain Thillay

Il existe de nombreuses études concernant l’âge d’apparition de la dermatite atopique chez l’enfant mais peu de chose dans les cas d’apparition plus tardive à l’âge adulte. Ici, les auteurs ont récupéré et analysé les données provenant d’adulte venant consulter pour bilan d’un eczéma récent.

Dermatite atopique débutant à l’âge l’adulte dans une population subissant des tests épicutanés. : Vito Ingordoa,d, Giuliano D’Andriab, Corrado D’Andriac aDepartment of Dermatology, Italian Navy Main Hospital ’M.O. Giulio Venticinque’,
bBlood Transfusional Service, ’SS Annunziata’ Hospital,
c’Centro Studi Fondazione Maugeri’ Medical Centre, Ginosa Marina, Taranto, and
dTeaching of Dermatology for University Nursing Diploma of Italian Navy Petty Officers School, University of Bari, Italy
dans Dermatology Vol. 206, No. 3, 2003

 CONTEXTE. Nombre d’études épidémiologiques concernant la dermatite atopique (DA) font référence presque exclusivement à l’enfant avec quelques éléments seulement sur l’apparition de cette maladie chez l’adulte. En pratique clinique, cependant, on peut voir des patients atteints de DA qui ont vu leur maladie apparaître à l’âge adulte.

 OBJECTIF. Sachant que les sujets atteints d’eczéma chronique et résistant subissent fréquemment des tests épicutanés, le but de cette étude était d’évaluer :
* la prévalence de la DA apparue à l’âge adulte dans une population testée par tests épicutanés,
* les différences entre les sujets souffrant de DA d’apparition précoce et ceux de DA d’apparition plus tardive, à l’âge adulte.

 METHODES.
* Cette analyse rétrospective a été menée sur 502 adultes (458 de sexe masculin et 44 de sexe féminin) atteints d’eczéma, consécutivement examinés dans le service de Dermatologie de l’hôpital de la Marine italienne à Taranto (Italie).
* Tous les sujets eczémateux subissaient habituellement les tests suivant :
** batteries standard (GIRDA ou SIDAPA qui intègrent les haptènes),
** tests cutanés de l’allergie immédiate concernant les aéroallergènes et les trophallergènes courants,
** et les IgE totales sériques.
* *Si nécessaire, des batteries complémentaires étaient aussi appliquées.
** Nombre de patients subissaient des tests épicutanés de l’atopie (TEA) avec un extrait corps total d’acariens domestiques à la concentration de 20%.
* Chez les patients atteints de DA, le diagnostic était établi en fonction des critères de Hanifin et Rajka, l’âge du début était subdivisé en différentes catégories :
** petite enfance (0 à 3 ans),
** enfance (4 à 11 ans)
** et adolescence (supérieur ou égal à 12 ans).
* Nous avons déterminé arbitrairement l’âge de 18 ans en tant que limite de l’âge à partir duquel le début de la maladie était considéré à l’âge adulte alors que l’âge déterminant un début précoce devait être inférieur ou égal à 17 ans.

 RESULTATS.
* 8,8% de l’ensemble des cas d’eczéma correspondaient à un début de DA à l’âge adulte.
* 28 de ceux-ci (5,6% de l’ensemble des eczémas) étaient exclusivement des DA, alors que 22 cas (3,2% de l’ensemble des eczémas) étaient des DA apparues à l’âge adulte pour lesquels une sensibilisation de contact était détectée.
* La moyenne du SCORAD, en accord avec l’âge de début de chaque groupe, diminuait lorsque l’âge d’apparition augmentait.
* Nous n’avons pas détecté de différence statistique entre les deux groupes (apparition tardive, apparition précoce) eu égard aux sensibilisations de contact vraies, aux sensibilisations de contact pertinente cliniquement, à la prévalence de DA « pure » et de DA mixte et les résultats des TEA.
* Les mains étaient la topographie la plus souvent affectée dans les cas d’eczéma d’apparition tardive.

 CONCLUSION.
* Un nombre peu important mais significatif de patients atteints d’eczéma et ayant des tests épicutanés négatifs peuvent être considérés comme des DA de l’adulte et, dans ce cas, les deux autres tests allergologiques (tests cutanés de l’allergie immédiate et IgE totales sériques) et une évaluation précise des critères de l’état cutané doivent être pratiqués.
* Cependant, d’autres études sur de grandes séries de patients sont requises pour confirmer notre observation.


Les résultats de cette étude n’expriment rien d’autre que le fait que, sur la masse d’adultes consultant pour bilan d’un eczéma, près de 9% sont des dermatites atopiques. Les auteurs conseillent donc de pratiquer de façon systématique un bilan de l’allergie IgE médiée.

Je pense que les conclusions de cette étude ne font que traduire le souci permanent du clinicien Allergologue de rechercher l’étiologie précise d’un eczéma apparaissant chez un adulte.

Bien sûr, l’interrogatoire déterminera les antécédents de manifestations d’atopie tant du point de vue personnel que familial, les circonstances aggravantes de l’eczéma, tout particulièrement s’il existe un rythme calqué sur les périodes de travail, etc…

Et bien évidemment, les tests cutanés de détection d’une allergie IgE médiée doivent être fait systématiquement, avant à l’aide des aéroallergènes classiques, et, au moindre doute, complétés par les trophallergènes les plus courants chez l’adulte.

Les IgE totales sériques sont beaucoup plus discutables, car peu sensibles et peu spécifiques.

Dans la foulée, une recherche d’un eczéma de contact sera effectuée en adaptant la panoplie des tests en fonction de l’environnement du patient.

Par contre, les tests épicutanés de l’atopie à l’aide des aéroallergènes, particulièrement, les acariens restent très discutés du fait d’une mauvaise spécificité (trop de faux positifs).

Au total, le bilan d’un eczéma d’apparition tardive, à l’âge adulte, ne doit pas négliger l’étiologie IgE médiée.

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