Y-t-il une vie après les dermocorticoïdes ?

mardi 13 janvier 2009 par Dr David Fahri2469 visites

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Y-t-il une vie après les dermocorticoïdes ?

Y-t-il une vie après les dermocorticoïdes ?

mardi 13 janvier 2009, par Dr David Fahri

Le traitement de première intention de la dermatite atopique légère à modérée repose sur les dermocorticoïdes. A long terme, les dermocorticoïdes peuvent entraîner des effets indésirables dose-dépendants, en particulier sur les zones de peau fine, comme le visage et le cou.

Traitement de la dermatite atopique du visage chez les enfants présentant une intolérance ou une dépendance au traitement par dermocorticoïdes : un essai contrôlé randomisé. : Hoeger PH, Lee KH, Jautova J, Wohlrab J, Guettner A, Mizutani G, Hultsch T.

Department of Paediatric Dermatology, Catholic Children’s Hospital, Wilhelmstift, Liliencronstr. 130, 22149 Hamburg, Germany.

dans Br J Dermatol. 2008 Nov 25.

 Rationnel

  • La dermatite atopique prédomine dans les zones anatomiques où la barrière cutanée est altérée ou réduite, telles que le visage et le cou.
  • Le traitement par dermocorticoïdes peut être limité par la survenue d’effets secondaires dose-dépendants.
  • Des traitements de seconde intention sont donc parfois nécessaires chez les patients présentant une intolérance ou une dépendance aux dermocorticoïdes.

 Objectifs

  • L’objectif principal de l’étude était d’évaluer l’efficacité du pimécrolimus 1% (score Investigators’ Global Assessment de blanchi ou quasi-blanchi) chez les enfants présentant une dermatite atopique légère à modérée du visage, associée une intolérance ou une dépendance aux dermocorticoïdes.
  • Les objectifs secondaires étaient d’évaluer l’effet du pimécrolimus sur le score global Eczema Area and Severity Index (EASI), le score head/neck EASI, l’intensité du prurit et le temps de blanchiment de la dermatite atopique du visage.

 Patients et méthodes

  • Il s’agissait d’une étude multicentrique, avec une phase en double aveugle d’au maximum 6 semaines, suivie d’une phase en ouvert de 6 semaines.
  • Deux cents patients âgés de 2 à 11 ans étaient randomisés avec un ratio 1:1 pour recevoir soit le pimécrolimus 1% (n=99), soit le placebo (n=101), 2 fois par jour, jusqu’à blanchiment de la dermatite atopique du visage ou pendant une durée maximale de 6 semaines (phase en double aveugle).
  • Seize patients, initialement sous placebo, recevaient le pimécrolimus en ouvert à partir de J22.

 Résultats

  • Le taux de blanchiment complet ou quasi-complet était :
    • de 57,1% sous pimécrolimus versus 36,0% sous placebo à J22 (P=0,004) ;
    • et de 74,5% sous pimécrolimus versus 51,0% sous placebo à J43 (P<0,001).
  • Le délai médian avant blanchiment était de 22 jours sous pimécrolimus versus 43 jours sous placebo.
  • Le score global Eczema Area and Severity Index (EASI), le score head/neck EASI et le score de prurit du visage étaient significativement plus améliorés sous pimécrolimus que sous placebo.
  • Les effets indésirables étaient généralement légers à modérés et survenaient avec la fréquence sous pimécrolimus et sous placebo.

 Conclusion

  • Le pimécrolimus 1% crème est efficace et bien toléré dans la dermatite atopique du visage de l’enfant présentant une intolérance ou une dépendance aux dermocorticoïdes.

La dermatite atopique est une dermatose inflammatoire chronique débutant le plus souvent avant l’âge de 5 ans. Sa prévalence est de 10 à 20% chez les enfants et de 1 à 3% chez les adultes.

La dermatite atopique est caractérisée par des lésions eczématiformes prurigineuses, affectant le plus souvent chez les enfants en bas âge le visage, le cuir chevelu et les plis de flexions.

Le pimécrolimus est un macrolide anti-calcineurine ayant une activité anti-inflammatoire et immunosuppressive. Son mécanisme d’action repose sur l’inhibition de la synthèse et de la sécrétion de cytokines par les lymphocytes T activés et les mastocytes. Son caractère lipophile en limite l’absorption transcutanée et le passage dans le sang. Il présente l’avantage sur les dermocorticoïdes de ne pas induire d’atrophie cutanée, de rosacée, de télangiectasie et de dépigmentation, notamment pour des localisations de peau fine telles que la tête et le cou.

Le pimécrolimus a obtenu l’AMM dans plusieurs pays d’Europe (mais pas en France) et aux Etats-Unis pour le traitement de la dermatite atopique légère à modérée chez l’immunocompétent âgé d’au moins 2 ans présentant un échec ou une contre-indication aux autres traitements topiques.

Des études préalables ont démontré l’efficacité du pimécrolimus 1% crème dans la dermatite atopique du visage. Cependant, aucune étude n’avait préalablement spécifiquement étudiée son efficacité dans la dermatite atopique du visage et du cou chez l’enfant présentant une intolérance ou une dépendance aux dermocorticoïdes.

Cette étude montre une supériorité concordante de tous les paramètres d’efficacité dans le groupe pimécrolimus par rapport au groupe placebo. Elle confirme l’efficacité du pimécrolimus dans cette catégorie de patients.

Durant la phase en double aveugle, seulement 4,0% des patients sous pimécrolimus et 5,0% des patients sous placebo présentaient des effets indésirables suspectés par l’investigateur d’être en rapport avec la molécule à l’étude. Il n’y avait pas de différence significative de tolérance entre les deux traitements. En particulier, il est intéressant de noter que le pimécrolimus était bien toléré dans le traitement des paupières, zone de peau très fine pouvant présenter des problèmes d’intolérance (atrophie cutanée, glaucome) aux dermocorticoïdes.

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