L’Allergologie clinicienne : un vrai métier !

mercredi 29 octobre 2003 par Dr Alain Thillay1999 visites

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L’Allergologie clinicienne : un vrai métier !

L’Allergologie clinicienne : un vrai métier !

mercredi 29 octobre 2003, par Dr Alain Thillay

Prédire l’avenir allergique d’un enfant dès sa naissance est important pour mettre en place les mesures préventives. Il serait si simple de pouvoir le faire à l’aide d’une simple prise de sang en mesurant le comportement lymphocytaire Helper. C’est à cette problématique que les auteurs de cette étude tentent de répondre.

Valeur prédictive des réponses immunitaires périnatales des pathologies allergiques à l’âge de 6 ans. : S. L. Prescott1, B. King1, T. L. Strong1, P. G. Holt2

1Department of Paediatrics, University of Western Australia ; 2TVW Telethon Institute for Child Health Research, Centre for Child Health Research, University of Western Australia, Perth, WA, Australia

dans Allergy 58 (11), 1187-1194

 CONTEXTE.
* La caractérisation des anomalies précoces du développement immunitaire chez les individus allergiques produit une base importante pour définir la pathogénie de cette maladie et les stratégies préventives futures.
* Cette étude compare les modèles de réponse immunitaire dans une cohorte basée sur la symptomatologie allergique et sur les réactions aux prick tests cutanés à l’âge de 6 ans.

 METHODES.
* La cohorte de naissance (n=60) composée de 44 enfants à haut risque (HR), antécédent familial d’allergie et de 16 enfants à faible risque (FR), pas d’antécédent d’allergie familiale, a été étudiée à l’âge de 6 ans.
* Nous avons obtenu les informations cliniques concernant les manifestations d’allergie (n=53) et les sujets d’un sous-groupe (n=31) ont accepté de subir des PT pour les trophallergènes et aéroallergènes classiques.
* Les données des évaluations immunologiques antérieures pratiquées à la naissance, à l’âge d’un an et à l’âge de deux ans ont été analysées en fonction des données cliniques à l’âge de 6 ans. Elles comprenaient :
** la lymphoprolifération,
** le dosage des IL-4, IL-5, IL-6, IL-10, IL-13 et de l’INF-gamma, en réponse à l’ovalbumine, les acariens domestiques, Fel d 1, la phytohémagglutine et la toxine tétanique.

 RESULTATS.
* Vingt-huit enfants HR et trois FR avaient des antécédents de manifestations d’allergie à l’âge de 6 ans comprenant asthme (n=17) et/ou eczéma (n=24).
* La plupart des enfants (78%) atopiques à 6 ans avaient un PT positif aux allergènes testés, et 70% avaient eu des symptômes durant la dernière année.
* Les enfants à risque génétique d’allergie (antécédent familial) avaient de plus faibles réponses INF gamma polyclonales T Helper 1 (TH1) dans la période néonatale comparés aux enfants à FR (P=0,017).
* Alors que les enfants souffrant de manifestation d’allergie à 6 ans tendaient aussi à avoir une réponse INF gamma plus faible en période néonatale comparés à ceux n’ayant pas de symptômes, mais ce n’était pas suffisamment significatif (P=0,05).
* Un PT positif aux acariens domestiques à 6 ans était associé à une plus forte réponse IL-13 aux acariens domestiques à un an (P=0,02), tandis que les manifestations d’atopie à 6 ans étaient associées à des réponses plus élevée mRNA IL-5 à l’encontre de ces acariens à un an (P=0,01).
* Malgré ces associations, l’analyse par régression démontrait que les seuls éléments prédictifs significatifs d’une sensibilisation allergique à l’âge de 6 ans étaient les antécédents familiaux de maladie allergique et des symptômes d’atopie à l’âge de 2 ans.
* De manière importante, aucun des paramètres précoces immunologiques mesurés était prédictif significativement de manifestation allergique ou de sensibilisation allergique chez ces enfants âgés de 6 ans.

 CONCLUSIONS.
* Bien que nos observations suggèrent que les altérations différentielles subtiles de la réponse des cytokines lors du développement immunitaire précoce sont associées à différents aspects consécutifs de l’atopie, il n’y a toujours pas de biomarqueurs prédictifs de cette pathologie.
* Des antécédents familiaux d’atopie restent le facteur prédictif dominant.


Les résultats de cette étude sont d’une éclatante démonstration. Il n’y a pas à l’évidence de biomarqueur prédictif du devenir allergique d’un enfant.

Particulièrement, rien ne ressort nettement pour ce qui concerne le couple IL-4 et INF-gamma. Il faut retenir que l’enfant atopique a au moins un test cutané positif à un a des aéroallergènes et/ou trophallergènes classiques et a été symptomatique durant les douze derniers mois.

Pour finir, la suspicion de devenir atopique d’un enfant dès sa naissance se fera sur l’existence d’antécédent familial de manifestation d’atopie. Plus tard, le diagnostic sera confirmé par l’existence d’une symptomatologie évoquant l’atopie (dermatite atopique, urticaire, rhinite, asthme) et au moins un test cutané positif.

Cela signifie que tout bon Allergologue clinicien est plus performant que des tests biologiques sophistiqués et coûteux.

Les Allergologues doivent rester avant tout des cliniciens. La biologie n’est performante que pour confirmer un diagnostic d’allergie.

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