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Le chat est-il plus fort que Madame Soleil pour prédire l’allergie ?
mercredi 24 octobre 2007, par
La mise en évidence d’une sensibilisation chez un enfant est le témoin d’un éventuel terrain atopique. Cette étude a analysé les liens entre le type de sensibilisations et la survenue future d’un asthme ou d’une rhinite. Les résultats sont à regarder avec réserve…
La sensibilisation allergique au chat dans l’enfance serait un facteur prédictif majeur d’allergie respiratoire future des jeunes adultes. : T. Schäfer, G. Wölke, J. Ring, H.-E. Wichmann, J. Heinrich
Institute of Social Medicine, Medical University Lübeck, Lübeck ; GSF - National Research Center for Environment and Health, Institute of Epidemiology, Neuherberg ; Department of Dermatology and Allergy, am Biederstein, Technical University Munich (TUM), Munich ; Division of Environmental Dermatology and Allergology GSF/TUM, Munich ; Institute of Medical Data Processing, Biometrics, and Epidemiology, Ludwig-Maximilians-University Munich, Munich, Germany
dans Allergy
Volume 62 Issue 11 Page 1282-1287, November 2007
– Contexte :
- On sait peu de choses sur la valeur prédictive d’une sensibilisation à des pneumallergènes chez l’enfant sur la survenue future d’un asthme ou d’une rhinite allergique chez le jeune adulte
- Les auteurs de cette étude ont suivi l’incidence de l’asthme et de la rhinite allergique chez des enfants (âge moyen 11 ans) pendant 9 ans, et analysé la valeur prédictive d’une sensibilisation à 5 pneumallergènes courants.
– Méthodes :
- 3 enquêtes consécutives étaient réalisées chez des écoliers d’Allemagne de l’Est.
- On mesurait les taux d’IgE spécifiques pour les pollens de bouleau et de graminées (phléole), les acariens, le chat, et cladosporium.
- Chez 1207 des 2453 enfants, l’incidence sur 9 ans d’asthme et de rhinite allergique était évaluée sur la base des rapports diagnostiques établis par un médecin.
- Les paramètres de diagnostic d’une sensibilisation étaient fixés, et l’ensemble des données était soumis à une analyse en régression logistique.
– Résultats :
- Un total de 176 / 78 événements de rhinite allergique / asthme était noté, équivalent à une incidence cumulée de 1,93 / 0,86 cas pour 100 par an.
- L’incidence d’asthme était associée à l’existence d’une sensibilisation au chat (Ratio de Risque (RR) de 3,49 ; 1,57 – 7,74) et aux graminées (RR 1,79 ; 1,01 – 3,19), tandis que l’incidence de rhinite allergique était associée à chaque pneumallergène évalué avec les associations les plus fortes pour le chat (RR 5,36 ; 2,87 – 9,99) et le pollen de graminées (RR 6 ; 4,04 – 8,9).
- Après ajustement sur tous les allergènes, la sensibilisation au chat restait significativement associée à l’asthme et au rhume des foins.
- Le rhume des foins restait aussi associé à la sensibilisation aux graminées.
- La plus haute valeur prédictive positive pour l’asthme et la rhinite était retrouvée en cas de sensibilisation au chat (10 / 49 soit 20,4% des enfants et 23 / 49 soit 46,9% des enfants)
– Conclusion :
- Une sensibilisation au chat et au pollen de graminées dans l’enfance prédit l’incidence de l’asthme et du rhume des foins chez les jeunes adultes.
- La capacité prédictive varie selon les allergènes et le type de manifestations atopiques.
Les auteurs de cette étude épidémiologique estiment que celle-ci montre qu’il existe un lien entre l’existence d’une sensibilisation et la survenue future d’une allergie respiratoire.
C’est la sensibilisation au chat qui aurait la valeur prédictive la plus forte : 20,4% des enfants sensibilisés au chat développeront un asthme, et 46,9% une rhinite allergique.
Il est bien entendu impossible d’en conclure qu’il existe un lien de cause à effet, car on sait qu’un terrain atopique « en général » favorise la survenue d’une maladie allergique.
Mais il manque dans cette étude les données cliniques : quels types d’asthme et de rhinite allergique surviennent plus souvent chez ces enfants sensibilisés ? Est-ce que ce sont des allergies au chat ou à d’autres pneumallergènes ?
Par ailleurs, le diagnostic positif d’asthme et/ou de rhinite ne repose que sur la notion dans le questionnaire d’un diagnostic « médicalement » posé d’asthme et/ou de rhinite allergique, aucun contrôle n’est fait pour vérifier ce diagnostic.
Enfin, les analyses statistiques sont au final réalisées sur un petit nombre de patients (4,9 % des enfants sensibilisés au chat, soit 49 enfants…)
Tout cela amène bien des biais.
A mon sens la seule conclusion de cette étude est : il existe un lien statistique entre l’existence d’une sensibilisation au chat et la notion d’un asthme ou d’une rhinite allergique rapportée par le patient parmi une population de 49 sujets sensibilisés au chat.
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