La sévérité de l’allergie à l’arachide chez l’enfant aurait-elle une influence sur le résultat de la biologie ?

mardi 25 novembre 2003 par Dr Fabienne Rancé3256 visites

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La sévérité de l’allergie à l’arachide chez l’enfant aurait-elle une influence sur le résultat de la biologie ?

La sévérité de l’allergie à l’arachide chez l’enfant aurait-elle une influence sur le résultat de la biologie ?

mardi 25 novembre 2003, par Dr Fabienne Rancé

Il est essentiel de porter avec certitude le diagnostic d’allergie à l’arachide chez l’enfant. La sévérité des signes cliniques contre-indique dans la moitié des cas la pratique d’un test de provocation par voie orale. Le dosage des IgE sériques spécifiques pour différentes protéines de l’arachide apparaît prometteur.

Les caractéristiques sérologiques des enfants allergiques à l’arachide : H. Bernard1, E. Paty2, L. Mondoulet1, A. W. Burks3, G. A. Bannon4, J. M. Wal1, P. Scheinmann2

1INRA-Laboratoire d’Immuno-Allergie Alimentaire, CEA-Saclay, Gif sur Yvette, France ; 2Service de Pneumologie et d’Allergologie Pédiatriques, Groupe Hospitalier Necker, Paris, France ; 3Department of Pediatrics, Arkansas Children’s Hospital Research Institute, Little Rock, AR, USA ; 4Product Characterization Center, Monsanto, St Louis, MO, USA

dans Allergy 58 (12), 1285-1292

Le test de provocation est considéré comme le gold standard pour le diagnostic de l’allergie alimentaire. Néanmoins, en cas d’allergie à l’arachide, le test de provocation n’est pas toujours réalisable du fait de la sévérité des signes cliniques.

La quantification de la valeur des IgE spécifiques prend alors toute sa place pour améliorer le diagnostic. Les IgE spécifiques pour les protéines totales de l’arachide, Arah1 et Arah2 ont été dosées et corrélées aux symptômes de l’allergie à l’arachide.

 Méthodes :
* Il s’agit d’une analyse rétrospective réalisée chez 96 enfants classés en plusieurs groupes.
** Le premier groupe A (n=58) correspond aux enfants ayant une histoire clinique très suggestive d’allergie à l’arachide associée à une positivité des prick tests à l’arachide. Ce groupe a été sous divisé en fonction des signes cliniques, léger modéré ou sévère.
** Le groupe B (n=38) comprend les enfants qui ont une histoire d’allergie pour de multiples aliments dont éventuellement l’arachide. Le groupe B est aussi sous divisé en 18 enfants très suspects d’une allergie à l’arachide et 20 autres enfants n’ayant pas une forte présomption d’allergie.
** Le groupe témoin est constitué de 50 enfants : 8 non allergiques aux aliments mais allergiques aux acariens et asthmatiques et 42 autres enfants non atopiques. Tous les enfants du groupe témoin ont des prick tests à l’arachide négatifs.
* Les tests cutanés ont été réalisés avec un extrait commercial d’arachide.
* Les IgE spécifiques ont été dosées (test ELISA) pour un extrait de protéines totales d’arachide et des extraits purifiés d’Ara h1 et d’Ara h2.
* Un test de provocation par voie orale en ouvert a été réalisé chez la majorité des enfants.

 Résultats :
* La dose qui déclenche les symptômes au cours du test de provocation par voie orale est significativement plus faible chez les enfants ayant des signes sévères (médiane 400 mg versus 800 mg à 1600 mg).
* La réponse IgE pour l’extrait de protéines totales d’arachide est significativement plus élevée en comparaison avec les extraits purifiés.
* Il existe une corrélation entre la valeur des IgE spécifiques et la sévérité de l’allergie à l’arachide.
* La réponse IgE est plus élevée chez les enfants ayant des signes sévères d’allergie à l’arachide.

 Conclusion :
* Le dosage quantitatif des IgE spécifiques dirigées contre l’arachide chez les enfants suspects d’une allergie alimentaire permet de réduire la nécessité du test de provocation par voir orale.
* En comparant les différents extraits, le dosage des IgE spécifiques dirigées contre les protéines totales de l’arachide est plus performant que celui des protéines isolées, Arah1 ou Ara h2.


Les auteurs ont développé une nouvelle technique de dosage des IgE spécifiques dirigées contre l’arachide.

L’extrait de protéines totales d’arachide obtient les résultats les plus performants.

La valeur est plus élevée chez les enfants ayant des signes sévères.

Il est clair que l’objectif actuel dans le diagnostic d’une allergie alimentaire est de réduire la pratique du test de provocation par voie orale. Ce test est dangereux, il nécessite une grande expérience et une structure permettant la prise en charge d’une réaction anaphylactique.

L’allergie à l’arachide est connue pour une plus grande sévérité des signes en comparaison avec les autres allergies alimentaires.

Le test de provocation n’est déjà pas éthique pour la moitié des enfants suspects d’une allergie à l’arachide.

Les auteurs démontrent la supériorité diagnostique des IgE dirigées contre les protéines totales et non dirigées contre un des allergènes majeurs, ce qui est logique. La valeur seuil de 15 kU/L proposée par Hugh Sampson est toujours retenue.

Pourtant, le diagnostic d’allergie à l’arachide doit être porté avec certitude. Il ne faut pas hésiter à réaliser un test de provocation par voie orale dans les cas douteux.

Récemment, la quantification des épitopes informatifs a été développée avec l’objectif de différencier les enfants vraiment allergiques, sensibilisés qui tolèrent l’arachide ou qui guérissent. Ces dosages, réservés à des centres très spécialisés, sont extrêmement prometteurs, probablement plus que le dosage quantitatif des IgE.

L’étude mériterait d’être prolongée par un suivi des IgE spécifiques dans le temps.

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