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Clonage d’un allergène de la noisette responsable de réactions allergiques graves.
mardi 8 octobre 2002, par
Les réactions allergiques systémiques à la noisette sont dues à un allergène ne croisant pas avec les pollens d’arbres. Le Cor a 9 est le premier allergène de la noisette indépendant des pollens d’arbres à être cloné. Cela implique de nouvelles perspectives thérapeutiques et diagnostiques.
Identification d’une globuline 11S allergène majeur alimentaire de la noisette dans les réactions systémiques induites par la noisette. : Kirsten Beyer, Galina Grishina, Ludmilla Bardina, Alexander Grishin, Hugh A. Sampson dans J Allergy Clin Immunol 2002 ;110:517-23
– CONTEXTE. Les noisettes sont une cause fréquente d’allergie alimentaire. Les réactions allergiques vont du syndrome oral allergique, dans le cadre d’une réaction croisée pollens d’arbres et protéines de noisette, aux réactions anaphylactiques sévères. Peu d’informations sont disponibles concernant l’identification d’allergènes indépendants des pollens chez des patients souffrant de réactions allergiques systémiques dues à la noisette.
– OBJECTIF. Le but de cette étude était d’identifier ces allergènes indépendants des pollens responsables de réactions systémiques allergiques à la noisette.
– METHODES.
*Les protéines extraites de la noisette étaient séparées à l’aide d’un procédé PAGE bidimensionnel, et un immunoblot était pratiqué avec les sera de 14 patients présentant des réactions allergiques systémiques induites par la noisette.
*Un séquençage d’Edman a été mis en œuvre sur une protéine de 40 kd identifiée comme allergène.
*En parallèle, le RNA isolé à partir de la noisette a été utilisé pour construire une bibliothèque de cDNA. A l’aide des données de séquençage de ce peptide, des oligonucléotides étaient synthétisés et utilisés pour trier la bibliothèque.
*Les cDNA clonés étaient isolés, séquencés, exprimés et triés à l’aide des sera des patients.
– RESULTATS.
*Une fraction protéique de 40 kd était reconnue par les IgE sériques de 86% (12/14) des patients souffrant de réactions allergiques systémiques à la noisette.
*Nous avons déterminé deux séquences d’acides aminés à l’aide du séquençage d’Edman.
*Le tri de la bibliothèque de cDNA de noisette à l’aide d’oligonucléotides basés sur ces séquences de peptides permit d’isoler une nouvelle protéine cDNA. Cette nouvelle protéine, nommée Cor a 9, est une globuline 11S appartenant à la famille des protéines de stockage. Cette famille comprend des allergènes alimentaires connus de la cacahuète (Ara h 3) et du soja (glycine max). L’homologie entre ces 3 protéines est de 45 à 50%. De façon intéressante, l’épitope de l’IgE spécifique d’Ara h 3 possède 67% d’homologie des acides aminés avec Cor a 9.
– CONCLUSION.
*Cor a 9 est le premier allergène de la noisette, qui ne soit pas en relation avec un pollen d’arbre, isolé, séquencé et cloné. L’identification des allergènes alimentaires est la première étape pour produire des allergènes recombinants utiles dans une nouvelle approche d’immunothérapie.
*De plus, la détection des épitopes des IgE concernées par les allergènes alimentaires courants, comme les protéines de stockage, peut constituer un outil intéressant afin de prédire les réactivités croisées de certains aliments.
Pas de doute cette étude est vraiment intéressante.
Elle ouvre un peu plus la voie de l’immunothérapie spécifique à l’aide d’allergènes recombinants. On peut imaginer aisément l’intérêt pour le clinicien d’avoir à sa disposition un test diagnostique au Cor a 9 (pour pratiquer des tests cutanés) qui lui permettra de diagnostiquer au cabinet le sujet susceptible de faire une réaction allergique grave en mangeant des noisettes.
Et bien sûr, on peut imaginer de fabriquer un test biologique sérique qui confirmera les tests cutanés.
Au plan des recherches, l’Allergologue vit une époque formidable !
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