Moins de bébés chez les mamans atopiques ??!

mercredi 14 janvier 2004 par Dr Alain Thillay2048 visites

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Moins de bébés chez les mamans atopiques ??!

Moins de bébés chez les mamans atopiques ??!

mercredi 14 janvier 2004, par Dr Alain Thillay

A partir des données provenant d’enquêtes européennes concernant l’infertilité et l’hypofécondabilité, ces auteurs ont cherché à vérifier s’il existait un lien entre l’atopie maternelle et le nombre d’enfants. Si ce lien existe, quelle en est la nature ? Les femmes atopiques font-elles plus ou moins d’enfants que les non atopiques ?

Atopie maternelle et nombre d’enfants : existe-t-il une association ? : Wilfried Karmaus1 and Ihuoma Eneli1,2

1Department of Epidemiology, Michigan State University, East Lansing, MI, USA, 2Department of Pediatrics/Human Development, Michigan State University, East Lansing, MI, USA

dans Immunology 14 (6), 470-474.

 OBJECTIF.
Nous avons cherché à mettre en évidence l’association entre l’atopie maternelle et le nombre d’enfants.

 METHODES.

  • Dans une population récupérée à partir d’enquêtes concernant la fertilité (partie des « European Studies on Infertility and Subfecundity »), nous avons obtenu les informations concernant le nombre d’enfants, les évènements indésirables durant la grossesse, l’âge au moment de la grossesse et le temps écoulé avant la survenue de la grossesse.
  • La partie allemande de ces enquêtes incluait aussi les informations sur le diagnostic d’asthme, d’eczéma atopique et de rhume des foins.

 RESULTATS.

  • L’odd ratio (OR) ajusté en fonction de l’âge montrait que le nombre d’enfants était réduit parmi les femmes atopiques (OR = 0,75, IC = 95% : 0,57-0,98 dans l’échantillon basé sur la grossesse ; OR = 0,79, IC = 95% : 0,63-0,99 dans l’échantillon de population).
  • Nous n’avons pas identifié d’autres signes susceptibles de réduire la fertilité chez les femmes atopiques.

 CONCLUSIONS.
Les résultats permettent d’évoquer deux hypothèses :

  • Soit, le faible nombre d’enfants constaté chez les mères atopiques associé à un haut risque d’atopie chez la progéniture de ces mères pourraient expliquer l’effet protecteur contre l’atopie d’un nombre élevé d’enfants dans la fratrie, ou,
  • les grossesses successives peuvent faire décroître la réponse atopique de la mère et ainsi le risque de développement de l’atopie chez la progéniture à venir.

Les résultats de cette étude paraissent clairs.

En effet, que les calculs soient faits sur la population générale de toutes les femmes enceintes ou sur la population des femmes enceintes atopiques, il semble que les mères atopiques aient moins d’enfants que les mères non atopiques.

Toutefois, ces résultats méritent d’être interprétés avec de grandes précautions, il s’agit d’une étude rétrospective reprenant les données d’une grande étude européenne concernant l’infertilité ou seul l’échantillon allemand a été renseigné sur l’atopie des mères.

En outre, nous ne connaissons pas les critères qui ont permis d’arbitrer le terrain atopique ou non atopique.

Une étude prospective de grande envergure s’impose donc, car le sujet est vraiment intéressant.

La première hypothèse émise par les auteurs pour expliquer cet éventuel phénomène serait qu’en fait, l’atopie de la mère aurait un effet protecteur pour éviter un grand nombre d’enfants atopiques.

Pour ce qui concerne la deuxième hypothèse, l’allégation que les grossesses successives chez les mères atopiques sont susceptibles de diminuer la réponse atopiques de ces mères restent encore à démontrer.

Cette étude a le mérite de nous interpeller, nous attendrons avec intérêt d’autres études sur le même sujet qui ne manqueront pas d’être publiées.

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