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Dis moi ce que tu manges, je te dirai si ça démange !
dimanche 6 juin 2004, par
Dans la situation générale d’augmentation de prévalence des allergies, le cas de l’allergie alimentaire est particulier. C’est dans ce domaine que les évolutions, voire les changements les plus spectaculaires ont été observés, et ce, malgré un relatif déficit de données que vient heureusement combler (pour partie seulement...) cette étude.
Auto signalement d’hypersensibilité alimentaire en Suède, Danemark, Estonie, Lituanie, et Russie. : Eriksson NE, Moller C, Werner S, Magnusson J, Bengtsson U, Zolubas M.
Lung & Allergy Clinic, County Hospital, Halmstad, Sweden. nils.e@telia.com
dans J Investig Allergol Clin Immunol. 2004 ;14(1):70-9
– Objectif :
- le but principal de cette étude était de décrire les différences entre quelques pays nordiques sur les aliments qui, selon les patients, étaient responsables de symptômes d’hypersensibilité.
– Méthodes :
- dans les cliniques participant à l’étude, on a demandé à des patients ayant une histoire d’hypersensibilité alimentaire (n=1139) de remplir un questionnaire sur lequel étaient listés 86 denrées différentes.
- Des prick-tests ont été réalisés (SPT=skin prick tests) pour les allergènes inhalés communs.
– Résultats :
- les aliments rapportés comme déclencheurs de symptômes différaient selon les pays.
- En Russie, Estonie et Lituanie : agrumes, chocolat, miel, pomme, châtaignes, fraises, poissons, tomates, œufs, et lait étaient le plus fréquemment reconnus comme cause d’hyperréactivité.
- En Suède et au Danemark, le groupe d’aliments liés au pollen de bouleau, comme les noisettes, pommes, poires, kiwis, les fruits à noyaux, et les carottes étaient le plus souvent en cause.
- Dans tous les pays, les enfants, plus souvent que les adultes, avaient des symptômes de réaction allergique pour les agrumes, la tomate, les fraises, le lait, les œufs et le poisson.
- La plupart des patients (95%) ont rapporté une hypersensibilité à plusieurs aliments (en moyenne 8 aliments).
- Les symptômes les plus fréquents étaient un syndrome oral et une urticaire.
- Les symptômes étaient plus volontiers sévères avec le poisson, les coquillages, les noisettes et le lait.
- Les symptômes légers étaient plus fréquemment retrouvés avec le riz, la coriandre, les graines de pavot, les airelles rouges, le maïs, le cumin, les groseilles et les figues.
- Des corrélations déjà bien connues, comme celles entre la sensibilisation au pollen de bouleau et quelques fruits et légumes et celles entre l’armoise et quelques épices ont été corroborées.
- Des corrélations positives ont été retrouvées entre les crustacées et SPT positifs pour le cheval.
- Une corrélation négative a été observée entre l’hypersensibilité aux crustacées et les SPT positifs pour le pollen de bouleau.
– Conclusions :
- La nourriture en cause dans les hypersensibilités alimentaires diffère selon les pays, avec la Suède et le Danemark d’un côté et les états Baltes et la Russie de l’autre.
- Le groupe des aliments liés au pollen de bouleau domine en Scandinavie, tandis que quelques aliments reliés à l’armoise sont plus importants en Russie et dans les états Baltes.
Un des premiers résultats de cette étude nordique est de rappeler que les aliments à l’origine de manifestations d’allergie diffèrent selon les pays.
Pour chaque participant à l’étude, on retrouve en moyenne 8 aliments à l’origine des symptômes.
A l’instar des aliments du « groupe latex », bien connu, nous avons également confirmation de la notion de « groupe bouleau » ou de « groupe armoise » avec la notion que ceux-ci prédominent en Scandinavie, tandis que ceux-là sont plus fréquemment en cause dans les états Baltes et la Russie.
En détaillant ces résultats, on peut noter la grande variété d’aliments incriminés.
Il s’agit d’aliments déclencheurs de réactions, allergiques ou non, et donc incluant vraisemblablement les « fausses allergies »alimentaires (aliments riches en histamine, histamino-libérateurs,...)
Rappelons en effet que, comme le rappelait encore récemment Hugh Sampson au cours du symposium Pharmacia de Mai 2004 en Suède, si 25% de la population pense avoir une allergie alimentaire, les chiffres actuellement admis de la prévalence de l’allergie alimentaire sont plutôt de l’ordre de 4 à 8% à l’âge de 8 ans...
La sélection des réactions sévères nous ramène à des allergènes plus classiques (poissons, coquillages, noisette et lait).
La situation diffère donc selon les pays, et cela peut être dû à une alimentation différente, à une sensibilisation pollinique préalable comme le suggère l’importance des aliments des groupes bouleau et armoise, ou à tout autre facteur explicatif : l’opinion des auteurs à ce sujet aurait été tout à fait intéressante à connaître.
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