Il semblerait que l’étude de Nouvelle-Zélande ne soit pas très fiable comme semblent le montrer les articles suivants :

– L’UNICEF proteste contre l’étude du Lancet sur allergies et allaitement 23/09/2002 - Bureau de l’UNICEF du Royaume Uni
L’étude de Sears et al publiée dans le Lancet du 20/09/2002 concluait que l’allaitement n’avait aucun effet protecteur vis-à-vis de l’asthme et autres pathologies allergiques.

Cela est en contradiction avec les résultats retrouvés par d’autres études, entre autres ceux de Oddy et al (Oddy WH et al (2002). Maternal asthma, infant feeding, and the risk of asthma in childhood. J Allergy Clin Immunol 110 : 65-7) publiée en juillet.

Cette contradiction est probablement en rapport avec les définitions utilisées pour l’allaitement.
L’équipe de Sears a comparé des enfants qui étaient allaités pendant plus de 4 semaines avec des enfants qui n’étaient pas allaités ou l’étaient pendant moins de 4 semaines.
Seulement 15% des enfants étaient considérés comme « exclusivement allaités », et ce alors que la plupart d’entre eux avaient reçu des compléments de lait industriel la nuit pendant le séjour en maternité.
Cela n’est pas conforme à la définition officielle de l’allaitement exclusif, qui est que l’enfant ne reçoit aucun autre aliment solide ou liquide autre que le lait maternel.
De plus, le fait de mettre les enfants ayant été allaités pendant moins de 4 semaines dans le groupe des enfants non allaités a pour conséquence pratique la constitution de 2 groupes comportant tous les deux des enfants allaités partiellement pendant tout au moins un certain temps.

Oddy et coll ont, de leur côté, constaté que les enfants qui avaient été exclusivement allaités pendant les 4 premiers mois avaient un risque plus bas d’asthme à l’âge de 6 ans.
Il est tout à fait possible que le fait de recevoir des biberons de lait industriel pendant les premiers jours puisse être à l’origine de réactions allergiques.
Les résultats de l’étude de Sears et al sont dont à prendre avec la plus grande précaution.

– Australian Breastfeeding Association : Experts reject scaremongering
Texte publié par l’Association Australienne de l’Allaitement

Les spécialistes australiens de l’allaitement émettent les plus grandes réserves au sujet des résultats de l’étude néo-zélandaise publiée dans le Lancet du 20/09/2002 par Sears et al, qui ont été largement répandus dans les médias.

Anne Crocker, présidente de l’Association Australienne pour l’Allaitement a déclaré que les experts de l’association étaient convaincus que cette étude ne remet pas en question les résultats d’autres études qui ont, pour la plupart, constaté l’impact protecteur de l’allaitement vis-à-vis des pathologies allergiques.
Cette étude ne mérite pas la diffusion qu’elle a connue dans les médias, qui peut être particulièrement préjudiciable pour les mères allaitantes.

Le Dr Patricia McVeagh estime que cette étude montre à quel point il est difficile de faire des études de bonne qualité sur l’impact à long terme de l’allaitement.
Dans cette étude, la répartition des enfants était biaisée par le fait que les enfants allaités avaient en fait pour la plupart reçu du lait industriel, et que le groupe d’enfant nourris au lait industriel contenait aussi les enfants qui avaient été allaités pendant moins de 4 semaines.
Un facteur très important qui n’a pas été pris en compte était le tabagisme chez ces enfants à l’adolescence et à l’âge adulte. _Le groupe allaité incluait davantage d’enfants atopiques, et on sait que les personnes ayant un terrain atopique ont un risque plus important d’asthme.
Actuellement, les études sur le sujet permettent de penser qu’un allaitement exclusif pendant les 6 premiers mois reste la meilleure option, avec par la suite introduction progressive d’autres aliments parallèlement à la poursuite de l’allaitement.

Le Dr Carmen Ast affirme que c’est pour cela qu’elle continuera à conseiller aux mères de sa clientèle d’allaiter, tout particulièrement en cas d’antécédents familiaux d’allergie, car tant la majorité des études actuelles que son expérience professionnelle lui ont permis de constater que les enfants pour lesquels ces recommandations sont suivies se portent beaucoup mieux à de nombreux points de vue.
Et en cas de problèmes allergiques, l’allaitement retarde souvent l’apparition de l’asthme, de l’eczéma et des rhinites allergiques.
De plus, il ne faut surtout pas oublier que la majorité des études montrent que l’allaitement exclusif pendant au moins 4 mois abaisse le risque de développer des allergies.

Pour ne citer que quelques exemples d’études :
*1/ Maternal asthma, infant feeding, and the risk of asthma in childhood. WH Oddy, JK Peat, NH De Klerk. J Allergy Clin Immunol 2002 ; 110(1) : 65-67. Mots-clés : asthme infantile, asthme maternel, allaitement.
*2/The effects of respiratory infections, atopy, and breastfeeding on childhood asthma. WH Oddy, NH de Klerk, PD Sly, P G Holt. Eur Respir J 2002 ; 19(5) : 899-905. Mots-clés : asthme infantile, allaitement, atopie, infections respiratoires.
*3/Breastfeeding and asthma in young children - Findings from a population-based study. S Dell, T To. Arch Pediatr Adoles Med 2001 ; 155 : 1261-65. Mots-clés : asthme, durée de l’allaitement.