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Journées de l’Asthme de l’enfant - 1er jour : 5 Juin 2003
vendredi 6 juin 2003, par
"Peut-on modifier l’histoire naturelle de l’allergie et de l’asthme chez l’enfant ?", voici le thème de cette nouvelle réunion organisée sous l’égide du Pr Alain Grimfeld (Hôpital Armand Trousseau, Paris). Vous trouverez ici le compte-rendu de la première journée de communications.
Cette réunion, première réunissant les pédiatres traitant de l’allergie et de l’asthme, a posé les bases de l’allergologie pédiatrique. Le thème choisi, tout à fait d’actualité, a été traité en profondeur.
Facteurs prédictifs de l’asthme de l’enfant
– Influence des facteurs environnementaux sur les allergies respiratoires par Erika Von Mutius (Munich)
* Le tabac, une fois de plus, a été mis à mal. L’auteur a rappelé les études montrant son effet favorisant l’apparition de l’allergie. Même durant la grossesse, le tabagisme maternel semble être un facteur de risque à la fois pour l’asthme et la sensibilisation du nouveau-né.
* Le rôle des infections précoces, en particulier herpès, rougeole, infections ORL contractées dans les crèches… a été rappelé. Nos lecteurs connaissent déjà tout de la théorie "hygiéniste" qui accorde aux contacts infectieux de la prime enfance un effet protecteur de l’apparition de l’allergie.
– Étude ISAAC par Philippe Godard, Claire Mourad, Jean-Pierre Daurès (Montpellier)
* L’étude ISAAC est une grande enquête épidémiologique européenne qui s’est déroulée dans les années 90. A l’aide d’un questionnaire poussé, elle avait pour but d’évaluer l’asthme de l’enfant. La première des trois phases a été achevée.
* La prévalence de l’asthme dans les pays anglophones est supérieure aux autres pays. Pour l’instant, il est difficile d’en comprendre la cause.
* Le principal facteur de risque de développer un asthme, une rhinite ou un eczéma est bien l’allergie. Un antécédent familial d’asthme est aussi un important facteur de risque.
* Le problème des animaux domestiques et de leur effet sur l’allergie suscite encore des controverses. Certaines études leur attribue un effet protecteur, d’autres non. Une seule chose est certaine : vivre à la ferme protège bien de l’allergie.
* Actuellement l’étude ISAAC est dans la phase III. Elle avait pour objectif d’évaluer l’augmentation de la prévalence de l’asthme, de la rhinite et de l’eczéma au cours du temps. Malheureusement, cette enquête européenne confirme ce que l’on craignait : les maladies allergiques sont en pleine expansion.
– Étude ECRHS-I à ECRHS-II par Françoise Neukirch et Bénédicte Leynaert (INSERM, Paris)
* ECRHS I a été réalisée en 1991 chez des échantillons d’adultes jeunes. Il s’agissait d’une étude multicentrique internationale (16 pays, 18000 sujets).
* A cette époque, les investigateurs ont recueilli des données sur l’asthme et la rhinite. Les sujets bénéficiaient aussi d’une spirométrie, d’un test à la métacholine et d’un dosage d’IgE.
* Actuellement, ECRHS-II est en cours, ce qui va permettre de comparer les données obtenues dix ans plus tôt à celles recueillies actuellement.
* A partir des données de 91, les orateurs ont d’ores et déjà pu montrer que les sujets qui ont une rhinite ont six fois plus de risque de développer un asthme. Ceci est vrai quelle que soit les régions de l’étude.
* Fait encore plus intéressant : la rhinite est un facteur de risque par elle-même. La relation rhinite/asthme est en effet indépendante du niveau d’IgE totales, des antécédents familiaux d’asthme et de la sensibilisation allergènique. D’autre part, le risque d’asthme est proportionnel à la durée et à l’intensité de la rhinite.
– Relation rhinite et asthme : données épidémiologiques et physiopathologiques par Antoine Magnan (Marseille)
* S’appuyant sur les études précédentes, on peut noter que entre 19 et 38% des patients porteurs de rhinite sont asthmatiques.
* A l’inverse, selon les études, 28 à 90% des asthmatiques souffrent de rhinite.
* Dans une base de données de 888 asthmatiques, l’orateur a retrouvé une rhinite chez 63% des atopiques et 45 % des non atopiques.
* De même, l’hyper-réactivité bronchique non spécifique est plus fréquente chez le patient souffrant de rhinite mais de manière indépendante de l’atopie.
* La rhinite précéde le plus souvent l’asthme, qu’elle soit allergique ou non.
* On a tout de même identifié des facteurs de risque d’apparition de l’asthme en cas de rhinite :
** l’atopie
** l’asthme chez la mère
** la sensibilisation aux allergènes domestiques qui multiplie par 18 le risque d’avoir de l’asthme,
** l’hyper-éosinophilie sanguine
** le taux d’IgE totales.
* En fait, le fait que la rhinite soit perannuelle constitue un facteur de risque plus important que la présence d’une atopie.
– Traiter la rhinite pour mieux prévenir l’asthme par Jacques Brouard (Caen)
* Il était admis que les différentes études exposées montraient que la prise en charge de la rhinite prévenait l’apparition de l’asthme.
* Le traitement local de la rhinite par des corticoïdes permet une amélioration symptomatique de l’asthme avec augmentation du débit expiratoire de pointe et une diminution de l’hyper-réactivité bronchique.
* En fait, l’orateur a développé l’intérêt de la prise en charge de l’allergie par un bilan initial parfaitement réalisé permettant d’individualiser les allergènes, une éviction la meilleure possible et la désensibilisation spécifique.
* L’immunothérapie spécifique a montré dans de nombreuses études son efficacité, surtout pour l’instant en injectable mais déjà apparaissent des publications intéressantes sur la voie sublinguale.
* L’ITS présente l’avantage énorme de prévenir les sensibilisations ultérieures.
– Marqueurs de l’inflammation par Christophe Delacourt (Créteil)
* Alors que la maladie asthmatique est connue comme étant une maladie inflammatoire, les outils pour évaluer l’inflammation en routine restent absents.
* Les outils actuellement à notre disposition sont invasifs : endoscopie bronchique, expectoration induite. L’orateur s’est particulièrement attaché à une nouvelle technique non invasive : la mesure du monoxyde d’azote (NO) dans l’air expiré.
* La mesure du NO expiré chez l’enfant est simple et standardisée.
* Elle donne des résultats interprétables immédiatement comparé à la mesure du NO dans le condensat de l’air expiré qui, lui, nécessite un examen de laboratoire complémentaire.
* Globalement, l’utilisation de la mesure du NO expiré pour le diagnostic d’asthme a une sensibilité de 65% et une spécificité de 70%. Résultats intéressants mais tout de même encore faibles.
* Le NO s’abaisse très rapidement en cas de corticothérapie inhalée. A l’inverse, son taux remonte en seulement quelques jours en cas d’arrêt de ce type de thérapeutique.
* L’équipe de Créteil travaille actuellement sur une technique permettant de différencier le NO d’origine bronchique de celui d’origine plus distale. Ceci permettrait d’évaluer précisément l’intensité de l’inflammation distale.
* Pour conclure, il faut savoir que cet examen est encore en cours d’évaluation et que son utilisation en routine ne pourra se faire qu’après d’autres études et l’évolution du matériel.
A demain ...
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