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Deuxième symposium du CICBAA : suite
dimanche 28 septembre 2003, par
Voici donc le compte-rendu du deuxième jour des rencontres à Nancy. Vous y trouverez une mise au point importante sur la dermatite atopique et l’annonce de la mise en place d’un réseau d’allergo-sécurité des aliments. Il viendra compléter l’excellent réseau d’allergo-vigilance de Mme le Pr Moneret-Vautrin qui fonctionne très bien depuis 2001.
Dr Hervé Masson
– Rôle physiopathologique de l’allergie alimentaire dans la dermatite atopique Novak N et Bieber T
L’orateur a débuté son exposé par la présentation du consensus de Vancouver lors du Congrès de la WAO.
En effet, les dermatologues se sont réunis pour essayer de mettre au point une terminologie qui permette maintenant de savoir précisément de quelle maladie on parle entre eczéma, eczéma ou dermatite atopique ou eczéma intrinsèque.
Le patrimoine génétique conditionne le type de la maladie. Les dernières études révèlent des similitudes surprenantes entre le génotype de l’eczéma et celui du psoriasis. Après avoir affirmé durant des années que ces deux maladies n’avaient aucun rapport, l’étude génétique des malades pourrait nous faire changer de discours dans les années à venir.
Dans les premiers mois/années de vie, l’eczéma est non IgE médié. Il s’agit d’une forme intrinsèque.
- 20% de ces formes resteront intrinsèques. On ne découvrira jamais d’allergie IgE médiée chez ces patients qui, pour un certain nombre, pourront garder leur maladie jusqu’à l’âge adulte.
- 80% de ces eczémas vont évoluer vers l’eczéma/dermatite atopique. Une sensibilisation à IgE est diagnostiquée dans l’enfance (ou devrait l’être).
- 67 % de ces dermatites atopiques donneront des adultes allergiques.
- le reste verra sa sensibilisation disparaître même s’il peut se voir des cas où l’eczéma persistera malgré la disparition de la sensibilisation.
Il est donc fondamental d’explorer les dermatites atopiques à la recherche d’une sensibilisation alimentaire ou aux aéro-allergènes dès le plus jeune âge.
La communication s’est poursuivie sur la connaissance actuelle que nous avons de la physiopathologie de l’eczéma atopique. Vous pourrez lire son intégralité dans l’excellente revue Alim’Inter publiée par le CICBAA.
– Mise en place d’un réseau d’allergo-sécurité des aliments coordonné par l’AFSSA : La Vieille S, Vilain A.C, Martin A.
Dans l’esprit de ce qui existe outre-Atlantique avec le "Food Allergy and Anaphylaxis Network", l’agence française de sécurité sanitaire alimentaire à envisagé dès 2002 la mise en place d’un réseau sentinelle sur l’allergie alimentaire.
Les aliments mis sur le marché deviennent de plus en plus complexes et la population mange de plus en plus d’aliments industriels. Les consommateurs attendent de plus en plus d’informations sur ce qu’ils mangent, en particulier ceux qui souffrent d’allergies alimentaires.
Le principal objectif du "réseau d’allergo-sécurité des aliments" est de recueillir et de diffuser le maximum d’informations pertinentes sur la composition des aliments dans le but de diminuer le nombre d’accidents et de pathologies en rapport avec un produit industriel. Ceci se fera en collaboration étroite entre les allergologues, les consommateurs et les fabricants.
Ces informations concerneront les ingrédients potentiellement allergisants suivants :
- céréales contenant du gluten et produits dérivés
- crustacés et produits en contenant,
- œufs et produits à base d’œufs,
- poissons et produits à base de poissons,
- arachides et produits à base d’arachide,
- soja et produits à base de soja,
- lait et produits laitiers (y compris lactose),
- fruits à coque et produits dérivés,
- graines de sésame et produits à base de graines de sésame,
- sulfites en concentration d’au moins 10mg/kg,
- céleri,
- moutarde,
- lupin.
Cette liste d’ingrédients (mis à part le lupin) correspond à la liste des ingrédients retenus par la commission européenne en janvier 2003, devant être prochainement obligatoirement étiquetés (probablement 2005 en France).
La mise en place du réseau est prévue pour la fin de l’année 2003. Coordonné par l’AFSSA, le système proposé devrait être organisé à partir de 3 types d’informations circulant entre les différents partenaires.
- une banque de données sur la composition des produits alimentaires industriels, consultable sur internet par les allergologues et les patients présentant une allergie alimentaire.
- composition en allergènes majeurs sous la forme :
- Présence avérée
- Traces
- Absence
- raisons de la présence de l’allergène à l’état de traces :
- présence de l’allergène sur la ligne de fabrication,
- présence de l’allergène dans l’atelier de fabrication,
- risque de contamination d’une matière première.
- la liste exhaustive des ingrédients de certains produits répondant aux critères décrits précédemment.
- composition en allergènes majeurs sous la forme :
- un système d’allergo-information permettra de diffuser des informations sur les changements susceptibles de modifier la composition d’un produit :
- changement de recettes,
- incorporation d’un ingrédient inhabituel dans un produit de recette connue,
- délocalisation de la production avec nouveaux risques de contaminations croisées.
- les nouveaux produits alimentaires mis sur le marché et leur composition en allergènes majeurs seront répertoriés et transmis par l’intermédiaire d’une lettre d’information mensuelle.
- un système d’allergo-alertes diffusera rapidement des alertes concernant certains lots de produits alimentaires pour lesquels un allergène majeur n’est pas étiqueté alors qu’il est présent dans le produit suite à une erreur d’étiquetage, une erreur de recette, un accident de contamination.
Voilà une fois de plus démontré l’intérêt du travail en commun. Les institutions, les allergologues, les industriels et les patients vont mettre en commun leur savoir-faire pour éviter que les accidents allergiques ne surviennent.
– Le réseau d’anaphylaxie alimentaire en France Moneret-Vautrin DA, Kanny G., Morisset M, Parisot L.
Depuis 2001, l’équipe de Mme le Pr Moneret-Vautrin a créé un réseau d’allergo-vigilance dont le but est de collecter les informations dans 3 directions :
- recueillir les cas d’anaphylaxie létale ou pré-létale,
- organiser des enquêtes épidémiologiques prospectives de courte durée,
- étudier la survenue de nouvelles allergies avec des produits nouvellement commercialisés.
Les échanges se font exclusivement par courriel.
Les cas déclarés répondent à 2 conditions :
- information précise de l’accident ayant entraîné la consultation chez l’allergologue avec une description clinique détaillée,
- les détails cliniques de la réaction allergique et son traitement, permettant de juger la sévérité du diagnostic.
Quatre formes cliniques sont considérées comme sévères :
- Le choc anaphylactique
- Angio-œdème laryngé
- Asthme aigu grave
- Réaction systémique sévère.
Pour être inclus, le cas doit avoir nécessité une injection d’adrénaline (epinephrine) ou le recours à une unité de réanimation ou une hospitalisation.
Chaque cas fera l’objet d’une validation par les coordinateurs du réseau qui, par échange avec l’allergologue déclarant par courriel ou par téléphone, chercheront à cerner le plus précisément possible l’origine de l’accident et tous les éléments utiles au diagnostic.
Tous les cas sont diffusés à l’ensemble du réseau par courriel dans un délai de 7 jours et dans la revue "Alim’Inter" tous les deux mois.
Ce réseau est ouvert à tous les allergologues français ou étrangers sur simple vérification de leur identité et qualification.
Si vous souhaitez faire partie de ce réseau, envoyez un courriel indiquant votre souhait de rejoindre le Réseau d’allergo-vigilance en précisant :
- Vos Nom et prénom
- Qualité : Allergologue, pneumo-allergologue, dermatologue, ORL, autres...
- Votre adresse professionnelle
- Votre numéro de téléphone professionnel
à s.barrat@chu-nancy.fr
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